karma (marin)

La rentrée se passait au mieux pour la blonde. Elle faisait en sorte d'éviter les personnes qu'elle devait éviter et voilà. Elle n'avait plus qu'à se concentrer sur ses cours et pour le reste, c'était comme sur des roulettes. Son nouveau colocataire était sympathique, mais elle devait avouer qu'elle avait un pincement au cœur quand elle pensait à Marin, avec qui elle avait partagé son ancien appartement pendant plusieurs mois. Ça lui apprenait à partir sur des coups de tête sans rien annoncer et sans donner de nouvelles ensuite. C'est ainsi qu'était la nouvelle mather et malheureusement, elle n'allait plus changer à son âge. Mais là, la préoccupation était toute autre puisque Anastasia avait très envie d'aller aux toilettes. Une envie tellement pressante qu'elle en courrait presque dans les couloirs et qu'elle serait capable de pousser quiconque voudrait lui barrer son chemin. Bien sûr, elle arrivait à temps et elle ressortait du cabinet de toilette avec un sourire de championne. Celui-ci s'effaça tout aussi vite quand elle croisa son propre regard dans le miroir et qu'elle vit son œil au beurre noir qui semblait changer de couleur à nouveau. Depuis qu'elle était de retour à Boston, c'était son jeu pour passer le temps : raconter à chaque personne une histoire différente très loin de la réalité. Elle s'amusait comme elle pouvait Reynolds et elle préférait largement cela à ce qui venait de lui arriver alors qu'elle ouvrait le robinet d'eau. Un cri de surprise sortit de sa bouche alors que de l'eau se mit à gicler dans tous les sens.

@Marin N. Perol

La rentrée. Un changement brutal. Depuis la mort de mon oncle, et du verdict de son testament, j'étais donc passé Eliot, et tout comme eux, j'arpentais une gueule de déterré. J'avais bien du mal à faire face à cette perte, et si avec la pseudo mort de Ashleigh j'avais complètement craqué, cette fois-ci, je me contrôlais d'avantage. Perdant toute rage en m'imposant un entraînement drastique comprenant beaucoup de course à pied, et surtout de la natation. J'essayais par tous les moyens de perdre en force, et de me changer les idées. Les cours étaient aussi un bon moyen de réfléchir sur des théories, me pencher sur des sujets, me déviant de toutes autres formes de pensé. Sortant d'un cours de clinique particulièrement pesant, j'enchaînais les pas, je n'avais qu'une seule envie à cet instant, celle de dormir. Rejoindre mon lit et m'évanouir dans les bras de Morphée. Mais c'était sans compter sur un cri émanant des toilettes des femmes. Sans vraiment réfléchir, je m'y engouffre, ouvrant la porte à la volée. « Une demoiselle en détresse ? » demandais-je à voix haute alors que mes yeux me dirigeaient vers une blonde aspergée d'eau à cause d'un robinet rebelle. Je tire bêtement la jeune femme en dehors de ce bordel afin de m'éviter tout contact avec le fluide. Je n'en sors pas sans quelques traces, néanmoins, nous sortons de cet endroit sans trop de difficulté. « Toujours à la rescous.. » je m'arrête subitement en rencontrant le visage de la jeune femme. Ana ? Je fronce les sourcils. Sa disparition avait été un mystère et sa réapparition aussi, tout comme la trace évidente sous son oeil. Je plisse finalement les yeux, cherchant à dire, raconter, exprimer une émotion, mais une multitude d'information visuelle me sautait aux yeux. « Mais.. Qu'est-ce que tu branles encore toi ? » demandais-je, la tête emplit de question.

Sérieusement, avoir le robinet qui lâche au moment où je me lave les mains, ce n'était clairement pas conseillé. Entre le temps de réaction et le temps pour me bouger, j'avais déjà mes vêtements de trempés. La poisse ou le karma, appelez ça comme vous voulez. Et dire que j'avais réussi à venir aux toilettes à temps, j'allais tout de même devoir ressortir des lieux comme s'il y avait eu un accident de toilettes. Bon, c'est ce qu'il y avait eu en fait, et c'était mieux d'avoir de l'eau plutôt que de l'urine. De quoi pouvais-je me plaindre alors ? « Une demoiselle en détresse ? » Je ne réagis pas, je sens simplement que l'on me tire le bras pour me sortir de ma galère. Je ne vous fais pas de dessin, mais ma position est comique quand j'essaie de décoller mon jean de mes cuisses. « Toujours à la rescous.. » Je relève la tête et aperçois Marin. Mon Marin. Mon ancien colocataire. Je devais avouer que j'avais envie de me blottir dans ses bras tellement il m'avait manqué, mais il ne semblait pas d'accord alors je ne faisais rien. « Mais.. Qu'est-ce que tu branles encore toi ? » Mes lèvres se pincent, mais se relâchent aussitôt à cause de la douleur. Mon visage est tuméfié et douloureux, et m'appliquer à l'oublier n'est pas facile parfois. « Je me lavais juste les mains et le robinet est devenu fou... » Rien de plus. Je n'étais coupable de rien et pourtant, j'avais beaucoup de mal à le regarder en face.

J'étais toujours le premier à sauver toutes jeunes femmes en détresse qui se présentaient à moi et encore plus quand celle-ci était incroyablement mignonne. La plupart du temps j'avais de la chance et tombait sur des petites perles dont je me réjouissais d'en faire mon quatre heure comme récompense. Cette fois-ci, ça allait être un peu plus compliqué puisque je connaissais très bien la jeune femme, oui puisque la jolie blonde était mon ancienne colocataire. Elle s'était envolée mystérieusement, sans crier garde, me laissant à la rentrée seule, tout comme un orphelin. Heureusement, j'avais remonté la pente et malgré son absence, j'arrivais à vivre sans elle. Sans son odeur de vernis ou bien de cheveux brûlés. « Tu l'as trafiqué pour éliminé une concurrente c'est ça ? » demandais-je en esquissant malgré moi un petit sourire qui en disait long sur ce que je pensais de ce genre de délire, à mourir de rire. Je n'avais pas changé, et ce malgré ma récente entré chez les eliots. Oui, j'étais toujours le même gamin à rire d'une pet tout comme d'un inconnu se cassant la gueule devant moi. Toujours. « Qu'est-ce que t'as fais ? » La curiosité m'avait piqué au vif, j'avais ce besoin de savoir pourquoi. Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Je pointais du bout du doigts l'espace de son visage d'une couleur anormale.

Qu'est-ce qui n'allait pas bien chez moi ? J'avais du mal à gérer tout ce qui m'arrivait. J'avais aussi beaucoup de mal à avancer sans coups, ni bleus. La preuve : mon visage était tuméfié. Pourquoi ? Parce que j'avais dérapé à Tokyo et que j'étais beaucoup trop naïve pour penser que j'étais invincible. Quelle belle connerie ! Je passais de la fille rangée à la fille à problèmes sans n'avoir rien demandé à personne. Même dans les cas les plus simples, comme aller aux toilettes par exemple, il m'arrivait des broutilles dérangeantes. Alors que je m'apprêtais à me laver les mains, le robinet explosa littéralement, me mouillant de la tête aux pieds. Par chance, quelqu'un passait par là au même moment et en profita pour me sortir de ma galère. Bien sûr, il fallait que ce soir Marin, mon colocataire que j'avais abandonné en quitter tout le monde comme un fantôme. « Tu l'as trafiqué pour éliminer une concurrente, c'est ça ? » - « Je me suis éliminée toute seule... » lui confiais-je en riant un peu. Il avait l'air détendu non ? Arf. Est-ce que Marin serait capable de m'en vouloir après tout ? « Qu'est-ce que t'as fait ? » Ne le regardant plus, je pensais simplement qu'il parlait du robinet. Mais quand mon regard se releva, je vis alors qu'il était en train de pointer du doigt mon visage tuméfié. « Oh... Je... Je suis tombée chez mes parents » affirmais-je tant bien que mal. Je ne pouvais pas vraiment dire la vérité sur cette histoire.

La trouver la, à moitié trempé me rendait légèrement mal à l'aise, avait-elle froid ? Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Je ne comprenais pas grande chose depuis la rentrée, tout changeait, à croire que Cambridge avait dû être secoué lui aussi par les ouragans. Devant Anastasia que je n'avais pas vu depuis un moment, et tel un fantôme, j'avais l'impression de la voir en flou. Je n'y croyais plus à son retour, à croire que cette nana restait tout de même pleines de surprises. Après ma vanne que j'avais sortis malgré moi, elle me répondait, esquissant à nouveau un sourire sur mon visage. Se saboter elle-même ? Je fronçais les sourcils, je ne comprenais pas vraiment. Mais en ce qui concernait la question sur ses bleus, celle-ci avait un code particulier surtout en m'avouant que c'était dû à une supposé chute. « Ton Jules il te bat ? » demandais-je en haussant un sourcil, absolument pas subtil, il m'arrivait même de me demander ce que je pouvais bien foutre en psychologique avec un franc parlé pareil. « Je vais le défoncer que tu me dises oui ou non, t'es bien au courant de cette information ? » demandais-je surtout si on était dans un tel cas, je pouvais pardonner pas mal de chose, mais certainement pas celle-ci. « Bon, on va se prendre un verre ? Ou un truc chaud, que tu tombes pas malade ? » Même en n'étant plus son colocataire, je me sentais d'un devoir de la prendre sous mon aile. « Mais, maintenant, tu m'en dois une. » répliquais-je, j'adorai quand les gens devaient me rendre l'appareil, ça me permettait d'avoir un pied un peu partout, ne savait-on jamais.

Je n'avais pas envie d'entrer dans les détails de comment ce bleu était arrivé sur mon visage pâle. Une chute. Un mensonge répandu pour ce genre de circonstance et j'espérais que ça allait fonctionner, en vain. « Ton Jules il te bat ? » La surprise ne manqua pas de s’installer sur mon visage. Je m'attendais à tout, sauf à ça. « Non, bien sûr que non... » que je lui confiais aussitôt pour ne pas qu'il en imagine plus. « Je vais le défoncer que tu me dises oui ou non, t'es bien au courant de cette information ? » Je ne pouvais m'empêcher de sourire. Savoir Jules se faire casser la gueule par Marin ne m'était pas déplaisant à vrai dire. « Il m'a trompé » que je lâchais finalement, honteuse et amère. « C'est pour ça que je ne suis pas restée plus longtemps au summer camp... Je n'avais plus envie de le voir ou même d'entendre parler de lui. Mais... Je suis là maintenant. » Un soupir et je le regardais à nouveau. Je n'avais toujours pas envie d'en parler. « Bon, on va se prendre un verre ? Ou un truc chaud, que tu tombes pas malade ? » Et la seule chose que je trouvais à faire, c'était venir me réfugier dans ses bras. « Tu m'as manqué, tu sais » Pour de vrai. « Mais, maintenant, tu m'en dois une. » Je riais en le lâchant. « Allons boire un truc chaud, plutôt que de t'entendre dire des bêtises... » Ouais. Je lui en devais une et je ne voyais pas comment je pourrais effacer ma dette.

J'avais déjà vu plusieurs émissions à cause d'Ashleigh parlant de féminisme, de femmes battues ou bien encore d'harcèlement de rue. Des réalités qui ne me parlaient absolument pas et pourtant qui avait eu le don de déclencher en moi quelque chose d'inexplicable. Une certaine haine envers ce genre de personne et de savoir que Ana pouvait en être, de ses menteuses qui protègent un salaud pareil, ça m'agaçait clairement. Elle niait, plutôt surprise de mes propos, j'étais prêt à lui demander si elle était bien sûr avant qu'elle ne m'avoue que le fameux Jules en question l'avait trompé. Interdit tout d'abord, je reste sur le cul ne m'attendant pas à une telle confidence. « Il a fais quoi ? » que je demande à nouveau éberlué. « Quel enfoiré, donne moi son adresse que je lui envoies un petit cadeau empoisonné. » et j'étais l'un des plus doués en la matière en ce qui concernait ce genre de chose. Et je me rends compte comme un idiot que je ne peux pas lui en vouloir bien longtemps, même sans son excuse, j'aime beaucoup trop cette nana pour lui faire la misère. Elle fonce dans mes bras et je me contente de lui caresser le sommet de son crâne avec tendresse. « ouais, ouais. bon, tu me paies mon café ? » demandais-je en nous dirigeant vers la sortie du bâtiment où nous nous trouvions. Je passe le premier, et avant même qu'elle ne puisse me suivre, je bloque la porte, l'enfermant de l'autre côté. « Tu croyais m'avoir si facilement ? » dis-je en posant tout mon poids tout contre la porte. « Viens me chercher mini crotte. » Le sourire bien présent sur le visage, j'allais lui rendre la monnaie de sa piège par le biais d'un jeu, autant s'amuser, on était à présent réunis, on avait tout le temps de boire un chocolat chaud.