Je veux juste te prendre dans mes bras {Cassie}

L'été avait pourtant bien commencé. D'agréables moments avec la team, avec Bambi, les choses qui allaient mieux pour Hadès, sorti d'hospitalisation et parti en croisière, j'avais abordé ce voyage pour le Laos sereinement, avec plein de projets de sorties et de découverte, l'envie de profiter en unique objectif. Et puis surtout, surtout, il y avait eu ce baiser. Le baiser de Nate. Baiser partagé. Rendu plus que généreusement même et suivi d'une baignade complice. Peut être que j'avais mis trop de sens là dessus. Comme avec Hadès autrefois. Comme avec Aaron au bal. Peut être que quand un garçon embrasse une fille, en fait, ça ne veut rien dire. Voilà ce que j'avais pensé en découvrant bien plus tard, accaparée entre temps par la grossesse puis ma fausse couche de mon aînée, des clichés sur instagram de Nate avec une nana, s'affichant clairement en tant que couple. Impossible de ne pas rager, de ne pas attraper mon téléphone, crisant, ma jalousie s'exprimant un peu trop clairement. On allait reprendre les cours, j'étais toujours inquiéte pour Cece et pourtant me voilà à écrire à Nate, à guetter ses réponses. Je finis même pas céder et lui dire de venir... Trop tard. Le texto était parti et le winthrop annonçait qu'il arrivait.  Nerveusement, je filais devant un miroir pour observer mon reflet : mine fatiguée, soucieuse, je tachais de me pincer les joues pour me donner meilleure mine... j'aurais eu aussi vite fait de repenser à notre baiser estival pour que mes joues s'enflamment et retrouvent des couleurs. J'essayais d'arranger mes boucles blondes, plissais les pans de ma petite robe et je sursautais presque en entendant les coups frapper à ma chambre. Attrapant la poignée, ouvrant, je découvris le garçon sur le pas de ma porte. "T'es venu..." Essayant de jouer la distante, essayant de jouer la froide, essayant de me montrer contrariée mais contenant difficilement le petit sourire qui était apparu au coin de mes lèvres.

Il était là, sur le pas de ma porte, et cette constatation suffisait à faire s’emballer un peu trop mon cœur. C’était dans ce genre de moment que les cours d’art dramatique étaient très utiles. Se concentrer, essayer de garder un visage fermé, un ton un peu sec, un regard un peu dur, ne pas trop se laisser adoucir, même si malgré moi un petit sourire commençait à pointer au coin de mes lèvres. Nate s’amusa de mon étonnement et c’est dans une riposte un peu défensive, m’accrochant à paraître toujours sévère et contrariée que je répliquai : « Disons que tu m’as davantage habituée aux déceptions jusqu’à présent. » Petit rappel amer du lapin de notre premier rencard raté, ou de la deuxième fois où il m’avait invitée à cette soirée vente de calendrier au cours de laquelle j’avais appris pour lui et Sophia, ou même dernièrement, lorsque j’avais tout bonnement découvert qu’il était en couple en surfant sur son compte instagram… Oui, abonnée aux déceptions et pourtant, j’avais envie de sourire de le voir là, devant moi, troublé par son regard, son sourire, trouble qui s’accentua quand je sentis ses mains sur moi, m’attirer à lui pour une étreinte qu’il était au dessus de refuser. Mes bras s’enroulèrent naturellement autour de sa taille alors que je me serrais un peu plus contre lui, sourire aux lèvres… Parce que c’était exactement ce dont j’avais besoin : arrêter de penser à ce qui clochait, me sentir enlacée, soutenue… Après cet été catastrophe, c’était tout ce que je voulais en fait. Alors je n’eus pas le courage de le réprimander de son audace, surtout lorsqu’il prit les devants pour se défendre en rigolant. Je me détachai quelque peu de lui, juste un peu, pour me hisser sur la pointe des pieds et venir embrasser doucement sa joue. « Merci… » Et à mon tour de me justifier : « Moi, j’avais envie de te faire un bisou. » Et peut être pas qu’un bisou en fait… « Toi aussi tu m’as manqué. » avouai-je, baissant un peu les armes.

Redoublant d’effort pour garder mon petit air sévère malgré son sourire, son mime de sa main se perdant sur son torse, pour feindre que je venais de le toucher en plein cœur avec ma petite réplique assassine, je ne devais pas me laisser attendrir… Non je ne devais pas. Pourtant, lorsque ses mains m’agrippèrent et qu’il m’attira contre lui, mes défenses tombèrent bien vite et mes résolutions de rester fâchée s’évaporèrent. Ce type avait bien trop d’emprise sur moi… Il aurait fallu que je me reprenne, peut être, que je m’écarte, que je retente le discours des reproches, mais au lieu de ça, c’était un sourire franc qui était apparu sur mes lèvres. J’avais juste envie de profiter de sa présence. Il me savait fâchée, il était venu quand même. Est-ce que j’allais tout gâcher en faisant la tête ? Choisissant l’autre option, celle de baisser les armes, je venais déposer un bisous sur sa joue et avouai en écho à son propre aveu, que lui aussi, il m’avait manqué. Comme si ses retrouvailles n’étaient pas assez troublantes, le regard de Nate se figea sur moi, me scrutant, et je sentis mon pouls s’accélérer en remarquant que son visage s’approcher très lentement du mien alors que nos regards étaient intensément connectés… J’en avais envie. J’en avais terriblement envie. De ses lèvres contre les miennes. Sauf que… « Nate, attends… » Ma main se tendit vers son visage, mes doigts se perdirent sur ses lèvres pour le stopper un instant. « Attends, il faut que je te dise quelque chose… » Grande inspiration. Allez quitte à baisser les armes, autant se dévoiler. « Cet été, ce baiser que tu m’as donné… Je me rappelle de tout. De l’endroit exact où tes mains se sont posées, de chaque frémissement de ma peau à ce moment là, du moindre frisson qui m’a parcouru. Je me souviens du contact de ta bouche contre la mienne, de nos souffles qui s’emmêlaient, du goût de ce baiser. Je me rappelle de tout, chaque détail. Ca m’a hantée tout l’été. Même quand j’ai découvert tes photos sur instagram, même quand j’ai vu ça et que j’ai compris que notre baiser ne voulait rien dire pour toi, rien ne s’est effacé, je n’ai rien oublié. » Et pourtant, ça aurait été plus simple. Un bouton reset et tout souvenir s’efface. « Alors, si ça ne signifie rien pour toi, je préfère que tu t’éloignes, je préfère que tu arrêtes… » Parce que je ne voulais pas être hantée par un baiser sans sens durant des semaines ou des mois encore… Et je retirais lentement mes doigts de ses lèvres, mes yeux plongés dans les siens, guettant sa réaction.

Ce baiser je le voulais en fait… Je le voulais mais je ne pouvais pas le laisser m’embrasser si c’était pour que l’on retombe ensuite dans un silence radio, ou pour apprendre ensuite qu’il était en couple avec une autre. J’avais eu trop de déceptions avec les garçons ces derniers temps alors je le stoppai, de mes doigts contre ses lèvres et je m’expliquais. Je voulais un baiser avec du sens. Un petit silence pesant s’installa alors que Nate s’écartait un peu. Il reprit la parole, confirmant que j’avais raison, que s’embrasser ne servait à rien si ça ne voulait rien dire. Lueur blessée dans les yeux que je baissais quelques instants, pendant les quelques secondes qu’il laissa avant de reprendre la parole, quelques secondes qui me suffirent pour presque regretter de l’avoir stoppé, pour me répéter qu’il n’allait pas m’embrasser, qu’il n’avait pas envie de mettre de sens là dessus… Sauf que ses paroles suivantes me firent aussitôt relever la tête et planter mon regard dans le sien. Est-ce que j’avais bien entendu ? Est-ce que j’avais bien compris ? Mon cœur s’emballa complètement en réalisant ce que le winthrop était en train de me demander. Il argumentait ensuite, évoquant sa petite amie londonienne, expliquant ensuite qu’il n’était pas un coureur, qu’il était resté célibataire pendant un an, qu’il s’était mis en couple cet été parce que c’était facile… Et finalement, il m’avoua que je le rendais fou et un petit sourire pointa sur mes lèvres. «  Nate… » Toutes sortes de pensées se bousculaient dans ma tête. Y’avait la raison, qui essayait de m’imposer le souvenir de l’église, du confessionnal, du lapin ensuite, de son troc de cavalière au bal, de sa coucherie avec Sofia, de son couple avec cette anglaise. Et puis y’avait mon cœur, qui battait la chamade dans ma poitrine, mes prunelles qui scrutaient les siennes, mon envie de boire ses mots et de les croire. Et si je prenais le risque ? Et si je lui laissais sa chance ? J’étais complètement inexpérimentée en la matière. Si Nate sortait d’un célibat d’un an, moi je n’avais à mon actif qu’une seule histoire, celle avec Hadès… C’était peut être ce qui me fit hésiter un peu, ce qui rendit ces secondes à réfléchir et à le détailler si longues… Puis finalement, je lâchai : « Embrasse moi… » Un accord implicite. L’autorisation pour qu’il pose ses lèvres sur les miennes et surtout mon accord pour qu’on se lance.

Si les différents événements qui s’était passé entre Cassie et Nate l’année dernière le faisant passer pour un mec volage qui ne savait pas ce qu’il voulait, le McLaren était loin d’être ainsi. Comme il l’avait avoué à Absolem cet été alors qu’elle souffrait de sa rupture avec le cousin de Nate, il marchait au coup de cœur. Il préférait passer des années célibataires à attendre la bonne, celle qui ferait battre son cœur, que sortir avec la première venue. Une vérité qu’il aurait pût sans mal expliquer aussi à Cassie, mais compte tenu du lapin qu’il lui avait posé et le fait qu’il ait couché avec Sofia, c’était une vérité qu’elle n’aurait pas cru. S’il y avait une fille pour qui le cœur de Nate s’était battre l’année dernière, c’était Cassie. A l’instant même où il avait entendu sa voix en fait. Il ne savait même pas encore à quoi elle ressemblait que déjà il s’était mit à l’appréciait. Elle était la première depuis Millicent qui lui donner envie d’avoir un rencard. La première. Cet été il avait décidé de ne pas rester sur des regrets. A choisir il préférait les remord… Alors il avait pris son courage à deux mains et il l’avait embrassé… Cette journée c’était sans nul doute la plus belle de son été. Celle là et celle de sa rencontre avec Jasmine. Okays. N’empêche que malgré Jasmine Nate continuait à perdre les pédales quand il s’agissait de Cassie, alors oui, il voulait qu’ils s’appartiennent l’un l’autre. Il voulait sortir avec elle. Son cœur battait la chamade alors qu’il attendait de voir sa réaction, les secondes lui donnait l’impression d’être des minutes. L’attente était interminable… Quand soudain Cassie demanda à Nate de l’embrasser, acceptant ainsi ce que ça voulait dire. Un grand sourire naquit sur les lèvres de Nate. Il passa sa main dans la nuque de Cassie et se pencha sur elle. Il l’observa quelque seconde car il voulait se souvenir de ce moment, celui où leur relation devenait tout à fait autre chose. « Avec plaisir » dit-il avant de l’embrasser avec fougue.

Je voulais un baiser qui ait du sens. Je ne voulais plus d'embrassades ne menant à rien. Y'avait eu assez de baisers perdus. Au bal avec Aaron. A l'hôpital avec Hadès. Cet été encore avec Nate et son baiser renversant qui m'avait hanté pour le reste de mes vacances. Non. Je ne voulais plus de cela. A quoi cela servait il d'embrasser un garçon, de l'autoriser à oser ses lèvres sur les miennes, si c'était pour me retrouver relayée au dernier rang ensuite ? Vibrer trente secondes, se sentir vivante un instant pour mieux souffrir d'être inexistante pour lui ensuite ? Alors oui je l'avais stoppé, pour objecter, pour réclamer une signification à tout cela. Et le sens qu'il me proposait était... inattendu. Pas juste la promesse d'autres baisers, pas juste la promesse d'éclipser les autres filles de sa vie, Nate voulait carrément que je devienne sa petite amie. Muette quelques secondes, figée, songeuse, mes appréhensions quant à mon inexpérience, ma virginité, mon échec de couple avec Hadès,  tout cela me revenant en tête, je finis malgré tout par me laisser porter par mon envie, lui réclamant un baiser, acceptant donc sa demande. Un frisson au contact de ses doigts contre la peau de mon cou, hypnotisée par son sourire, je le regardais s'approcher de moi, ses yeux plongés dans les miens alors qu'il me répondait, un sourire etirait désormais mes lèvres également. Toute trace de colère avait disparu. Et quand bien même il en aurait encore été question, ses lèvres qui s'emparaient des miennes auraient probablement tour effacer. Paupières closes, transportée par ce baiser,  ma bouche répondit avec la même passion à la pression de la sienne. Mes mains allèrent se perdre dans ses cheveux, comme pour mieux le retenir, comme pour mieux prolonger l'instant que je n'aurais pas voulu voir prendre fin. Et pourtant, nos lèvres durent bien finir par s'écarter pour reprendre nos souffles.  "N'embrasse personne d'autre comme ça..." Soufflai-je alors contre ses lèvres mes yeux se rouvrant peu à peu. "Non en fait, je rectifie : n'embrasse personne d'autre tout court." Ajoutai-je avec un petit sourire. Pas la peine de préciser que j'allais être une petite amie très possessive. Mes crises de colère alors que nous n'étions qu'amis à l'époque parlaient pour moi...