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You are here Harbor Area - début septembre 2017 - Mikael & Lisbeth |
Mieux valait ne pas penser aux évènements survenus à la fin août. De retour de Stockholm, Lisbeth n’avait pas encore mis les pieds dehors de son spacieux appartement d’Harbor Area. Elle avait tout ce qu’il fallait pour tenir quelques jours. Avant qu’elle ne soit obligée de quitter ses murs protecteurs, son chez-elle qu’elle avait rebaptisé prison. On aurait pu croire que les stores étaient baissés, les fenêtres fermées, une odeur de renfermé noyant toute l’habitation. C’était loin d’être le cas. La baie vitrée ouverte de son salon offrait une vue imprenable sur l’océan Atlantique alors que le soleil de l’après-midi inondait son séjour et sa cuisine américaine. Les rideaux blancs dansaient au rythme de la brise océanique et se remettaient délicatement en place, avec grace. Une fine silhouette arpentait ces lieux, pieds nus, vêtue simplement d’un short et d’une brassière noire. Depuis qu’elle était revenue de Suède, la chaleur lui était à nouveau insoutenable. Ses joues, colorées, s’étaient creusées au fil des semaines passées loin de Boston. Confrontée à son passé, Lisbeth n’avait guère eu le temps de penser à bien s’alimenter. Toujours sous l’emprise du décalage horaire, elle s’endormait à toute heure du jour et de la nuit, complètement déréglée. D’ailleurs, cela faisait à peine une heure qu’elle était réveillée, qu’elle s’était douchée et qu’elle tournait en rond, assaillie par ses souvenirs. Son retour aux sources n’avait pas été de tout repos, bien au contraire. Mais au moins, tout était fini, à présent. Disparue, la folle furieuse qui, durant des mois, n’avait eu qu’une seule chose en tête : la descendre. Cette femme n’avait été autre que la sœur jumelle de Lisbeth. Elle avait ignoré son existence jusqu’à son arrivée dans la capitale suédoise, là où Clay l’avait rejoint pour lui fournir l’information alors que cette dernière dormait dans un dossier qu’elle avait récupéré un peu plus tôt. Elle avait cherché, traqué sa jumelle et avait compris que les rôles étaient en réalité inversés. La suite… Elle préférait ne pas penser à la fin tragique de Camilla Larsson. Malgré le soulagement qu’elle ressentait de ne plus être épiée et traquée, la jeune femme se sentait mal, encore sous le choc de tous ces évènements. Une partie du voile avait été levé sur son passé et elle ne savait pas dire si elle était soulagée ou non. S’ajoutait à cela son manque de force pour quitter son appartement. Sur ses bras, son ventre et ses cuisses, de fines estafilades, toutes généreusement offertes par Camilla. Les blessures n’étaient que superficielles mais lui rappelaient douloureusement ces superbes vacances nordiques. Mais elle ne les cachait pas, plus maintenant. Il était tant de commencer à guérir.
Puisque le passé appelle le passé, Lisbeth essayait depuis quelques jours de pirater l’ordinateur et le téléphone d’un homme l’ayant beaucoup aidée quelques années plus tôt. Mais sans résultat. Aurait-il appris des choses en la fréquentant ? Elle ne put s’empêcher d’être fière et ne chercha pas à forcer le destin. Elle avait décidé de se nourrir quand soudain, la sonnette retentit. Elle sursauta et faillit lâcher l’assiette qu’elle tenait du bout de sa main, encore juchée sur la pointe des pieds. Le cœur battant la chamade, elle posa l’objet fragile sur le comptoir de la cuisine avant de se diriger dans le couloir menant à la porte d’entrée. Sa main légèrement tremblante se posa sur la poignée de la porte avant de l’actionner.
Quand le passé avait décidé de vous poursuivre, il le faisait pour un long moment. Lisbeth se tenait face à un fantôme de ce passé, précisément, et ses yeux s’écarquillèrent alors qu’une mèche rebelle s’échappait de son chignon complètement décoiffé. Quand elle put enfin réagir, après d’interminables secondes, ce fut pour plaquer sa main contre sa bouche alors que ses yeux se remplissaient, malgré eux, de larmes. Elle tenta en vain de se raisonner, de ne pas montrer toutes ces nouvelles parties d’elle-même que le fantôme ne connaissait pas encore. Sans succès. Alors qu’une larme échappait à son contrôle, elle ne put émettre qu’un Mickael à peine audible.
©S a n i e
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