T'es à croquer. (reese)

A peine les vacances terminés que les problèmes pointaient leurs bouts du nez. Déjà, Anastasia avait eu la bonne idée de disparaître sans rien me dire. Me laissant comme un imbécile avec l'appartement, forcément, je n'avais pas bien mis longtemps avant de poster une demande de colocation. Parce que j'avais ce besoin d'avoir une tête à me foutre le matin, d'être parfois même servis comme un prince, et de connaître des rebondissements à peine les yeux ouverts. Une annonce rapidement inutile puisque finalement j'étais tombée sur une jeune femme que j'avais déjà rencontré lors du Summer Camps. Avec laquelle, j'avais été perdu en plein milieu du lac, avec un stupide jet-ski qui s'était décidé à bien casser les couilles. A croire que notre rencontre se devait être marqué d'une pierre blanche, puisque j'allais me la coltiner finalement encore bien longtemps. Et si je pensais la trouver rapidement à mon retour, rien de tout ça n'avait réellement été, non juste ses foutues bagages qui avaient fini par m'agacer. Du moins pas pour longtemps, j'avais fini par éparpiller le contenue et porter le reste jusqu'à ce qu'elle se décide enfin à se pointer. Je m'attendais à ce que mon caractère enfantin lui prenne la tête et pourtant la surprise, ne l'avait vraiment dérangé. Mise à part, peut être ses sous-vêtements que j'avais décidément bien caché. « La légende veut que la nouvelle fasse la cuisine, donc j'attends mon plat. » dis-je en posant mes coudes sur l'îlot centrale de la cuisine, le torse recouvert d'un pull crop-top rose pâle laissant à demi entrevoir la beauté de mon corps sculpté. « Et je le veux maintenant. » Exigeais-je en appuyant mes propos d'un doigt posé sur le marbre.


@Reese Lindley

Tu avais passé de bonnes vacances, c'est clair, prétendre le contraire serait mentir. Certes, il t'était arrivé pas mal de merdes sur la fin, alors que tu avais eu l'excellente idée de prolonger ton séjour de quelques jours en compagnie de ton meilleur ami mais toi, tu ne gardais que les bons souvenirs, ceux dont tu te souviendrais encore dans dix ans. Ton portable avait été volé, et alors ? Pas grave, tu en avais racheté un nouveau. Votre avion du retour avait été retardé ? Pas grave, vous en aviez pris un autre le lendemain. Oui, tu avais raté la fameuse rentrée, celle dont tout le monde ne faisait que parler pendant des semaines mais là encore, ce n'était pas grave. Y avait pire comme problèmes : la famine, la pauvreté, le terrorisme, le réchauffement climatique... Bref, ce n'était pas ton genre de te morfondre sur ton propre sort, bien trop contente d'être enfin de retour à Boston et de découvrir ton nouvel appartement. Appartement déjà habité par un certain Marin que tu avais rencontré lors du Summer Camp justement et que tu avais prévenu de ton retard imprévu. Tes bagages, eux, étaient déjà sur place à attendre sagement ton arrivée. Pour faire court, il ne manquait plus que toi. Raison pour laquelle tu te dépêchas de monter les marches  de l'immeuble quatre à quatre une fois sur place. L'accueil que ton nouveau coloc t'avait réservé ne t'étonna pas le moins du monde et te fit même plutôt sourire. Tu savais que vous ne risqueriez pas de vous ennuyer, tous les deux, vu comment les choses avaient démarré entre vous. Et oui, peut-être que tu étais en retard et qu'il avait bien le droit de s'en servir contre toi mais ce qu'il ignorait, c'est que tu étais pleine de ressources, toi aussi. Et ça, il n'allait pas tarder à le découvrir. "Et tu sais ce que dit aussi la légende ?" Posant à ton tour tes coudes sur le plan de travail de la cuisine, tu lui faisais face, un large sourire aux lèvres. "Que la nouvelle ne peut pas cuisiner sans son joli pull rose !" Tu ajoutas en haussant un sourcil, le défiant du regard, toujours en souriant. Ouais, ce con t'avait piqué ton pull - et sûrement un tas d'autres fringues en plus de tes sous-vêtements - alors hors de question de lui faire le moindre sandwich avant qu'il ne te le rende. "Oui, celui-là même que tu portes maintenant." Confirmas-tu en le pointant du doigt d'un air amusé. C'est pas qu'il n'était pas beau dedans mais... savait-il au moins qu'il perdait toute crédibilité ? Sûrement que oui. À moins que ce ne soit réellement son délire de porter des fringues de fille mais tu préférais lui laisser le bénéfice du toute pendant encore un moment. On ne sait jamais.