» Je t'aime. Je sais, tu m'as suivis. | Chou²

Je me sentais bien, enfin.
Cela faisait des semaines que ça n'allait pas, que j'étais angoissée, que j'étais stressée, que je tombais peu à peu dans la dépression, sans oser vouloir dire ce mot à voix haute, de peur qu'il ne s'agisse que d'un ravin dans lequel je tomberai sans jamais pouvoir me relever.
Je me sentais rassurée, apaisée, calmé. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti toutes ces sensations... Je sentais quelque chose battre sur ma tempe, comme un battement de coeur. Lent, calme, rassurant. En fait, c'est ça qui me calmait. Je sentais une chaleur, une main sur la mienne, un corps près du miens. J'avais mal au dos et lorsque je réalisais tout ça, mes yeux finirent par s'ouvrir lentement. Je reconnu très rapidement l'endroit, nous étions dans l'avion qui nous faisait quitter Miami, pour le Massachusetts. Cet avion qui symbolisait méthodiquement l'éponge qui venait effacer plusieurs taches sur une nappe. Nous avions vécu de belles choses là-bas, certes, mais aussi bien trop d'évènements qui ne pouvaient que nous nuire. Parfois, tu sais. Tu sais que c'est le moment où tu dois prendre du recul, que tu dois t'éloigner, pour peut-être un jour mieux revenir? Je ne savais pas si je retournerai à Miami... Mis à part pour mes frères, je ne vois aucune autre raison. Et encore, Josh' était à New-York et quant à Jude, il ne lui restait que quelques années à la Fac, ensuite, il pourrait nous rejoindre. Pour ce qui était des autres, de Trevor notamment et bien... qu'ils aillent se faire foutre. N'ayant même pas le courage d'être là pour moi lorsque j'en avais le plus besoin, je n'allais sûrement pas rester auprès d'eux, mais auprès de la personne qui ne m'avait jamais trahis, jamais déçue et pour qui j'avais les sentiments les plus beaux du monde. Chou. Il était là, sous ma tête, la sienne appuyée contre moi aussi. On devait ressembler au Yin et au Yang. Oui, c'était complètement ça en fait.
Je sentis rapidement qu'il essayait de bouger, discrètement. Je me redressa donc un peu, puis entièrement, afin de m'asseoir correctement sur mon siège. Je tournais la tête vers mon meilleur ami pour lui dire :

« Je crois qu'on peut dire qu'on s'est endormi comme des merdes »

Je souris. Chose dont j'avais perdu l'habitude, mais qui me manquait horriblement. Regardant par le hublot, je constatais que nous étions en dessous d'une grosse ville. Je regardais ensuite les nuages, dans l'espoir d'y trouver un signe de Cam'... Mais rien n'apparut, cependant, je savais que je ne cesserai de les contempler quand même...

A quoi je pensais à cet instant?

Je baissais les yeux, attrapant la main de mon meilleur ami pour entremêler mes doigts aux siens, la serrant assez fort tout de même, je tournais à présent la tête vers les nuages afin de lui répondre, pour lui ôter ses doutes sur la raison de ma venue ici:

« Je pense à Cam'... »

Que pouvais-je ajouter d'autre? J'aurai aimé qu'il soit ici avec nous? Qu'il soit toujours en vie? J'aurai aimé pouvoir l'empêcher de faire ça? J'voudrais juste le revoir? Valou savait déjà tout ça. Nous en avions déjà parlé de nombreuses fois, nous avions parlé de notre sentiment de culpabilité suite au geste de notre ami. Mais que pouvions-nous faire? Nous torturer n'était pas sain, nous ne pouvions pas continuer ainsi. Alors nous avions parlé de Cam'. Des heures durant, parlant de tout ce que l'on voulait, suite à son suicide. Quand nous eûmes fini, on décida de ne plus en parler. Que ce serait sans cesse les mêmes choses qui reviendraient et que nous n'aurions jamais aucune réponse. Ca ne servait à rien de nous faire autant de mal. Il fallait repenser aux bons moments avec lui et c'était tout... même si c'était horriblement douloureux...

Serrant un peu plus fort la main de mon meilleur ami, je vins déposer ma tête sur son épaule, fermant les yeux pour ne pas que des larmes n'en sortent. Je sentais sa main bouger contre la mienne, j'entendis sa voix et quelques instants plus tard, j'entendis une autre voix. Celle de l'hôtesse qui nous prévenait que nous allions bientôt atterrir. Enfin. Je regardais l'heure à ma montre, il était midi dix. Nous allions manger dès que nous serions posé, j'avais grand faim !

Une fois l'avion posé, on le quitta, j'emportais mon sac de voyage avec moi, où Chou avait également mit ses affaires, tandis qu'il portait nos sacs qui avaient été en soute. Beh eh ! C'était qui le capitaine de l'équipe des Cannonballs ? Certainement pas Marissa. Fallait bien que ses muscles servent à quelque chose !
Une fois dans l'aéroport à proprement parlé, il était déjà 12:46.

Je me tournais donc vers mon meilleur ami, posant les sacs à nos pieds et je lui dis doucement :

« On va manger quelque part? Soit ici, soit on prend un taxi jusqu'à Harvard et on voit là-bas? »

C'est à ce moment là qu'elle réalisa à quel point elle était contente qu'il soit là, avec elle. Ou plutôt, non, qu'elle soit ici, avec lui. De l'avoir suivit. D'être partit. Oui... heureusement qu'ils étaient ensemble...

Nous étions assis côte à côte dans le taxi en direction de notre nouveau lieu de vie. Harvard. Qui aurait pu croire que je réussirai les test d'entrée dans cette si réputée école? Etait-ce enfin un signe? Comme quoi la roue tournait enfin? Je l'espérais. Nous l'espérions. Valou tenait ma main et je lui attrapais le bras, le sourire m'étant soudainement revenu. Nous regardions tout les deux vers la même fenêtre. Alors voilà à quoi notre nouvelle vie allait ressembler? Ca n'avait rien à voir avec Miami ! La chaleur et le climat estival allaient terriblement me manquer. Je n'avais jamais rien connu d'autre. Pour Chou, c'était différent, il n'avait pas cessé de partir d'un endroit à un autre. J'espérais juste que nous allions enfin pouvoir nous stabiliser un peu. Pour cela, il fallait rester ensemble et ne plus laisser les gens nous atteindre. C'était trop dur de devoir leur ouvrir nos bras, pour ensuite, qu'ils y meurent. Je chassais ces idées de ma tête et lança à mon meilleur ami :

« Ca fait bizarre de se dire qu'on va vivre ici maintenant... Ca n'a rien à voir avec Miami ! »

Valou n'avait même pas besoin de répondre, je savais ce qu'il allait me dire. Comme quoi il était habitué et que ça n'avait rien de plus compliqué que ce qu'il n'avait déjà fait. Certes, mais pour moi, c'était la première fois que je quittais ma ville et ma région natale. Enfin, partir pour m'installer ailleurs surtout. Et puis bon... ce n'était pas comme si nous étions partis en bons termes avec tout le monde. Mon père par exemple... Il avait eu des propos très durs à propos de moi, Valentin et Jude bien entendu... Sa bête noire.
Bref, ne parlons pas de tout ça. Après de longues minutes, le taxi nous déposa devant l'école. C'était... WAOUW. Je n'avais aucun mot, c'était tellement... invraisemblable. Ca paraissait tellement irréel. Harvard....

Nous sortîmes de l'abitacle et Chou alla chercher nos affaires alors que je m'émerveillais devant ce spectacle. Quand Valentin arriva près de moi, il posa nos valises et sans perdre de temps, je lui sautais au cou, le serrant dans mes bras. Je me sentais heureuse d'être ici. Pourquoi? Je n'en savais rien, enfin si ! HARVARD QUOI LES MECS !!!!!

Nous entrâmes peu de temps après, dans la cour de l'école, afin de rejoindre l'accueil des étudiants. On pu y déposer nos valises et récupérer quelques prospectus sur Cambridge. Il y avait pas mal de truc à faire ici, sûrement créé pour les étudiants d'Harvard en priorité. La ville n'était pas très ensoleillé, ce qui me manquait un peu, je devais l'avouer. On alla s'installer sur un banc du parc, afin de regarder le plan pour choisir un endroit où déjeuner. Valou me confia cette tâche et je me mis à la recherche d'un bon endroit. Il y avait un restaurant non loin de l'Université, un restaurant français. C'était l'une des meilleures gastronomie du monde, non? On y mangerait donc forcément bien ! Je pointa mon index sur le lieu de la carte en lançant à mon meilleur ami : « Ici ! »
On se mit donc en route, fourrant dans mon sac le plan de la ville. On marchait tranquillement, repérant le nom des rues en même temps. Les arbres étaient fânés, la pluie avait mouillé les sols bitumés peu de temps avant notre arrivée, si bien que l'ambiance qui régnait là, était vraiment inconnue pour moi. Ca me paraissait même un peu déprimant sur les bords. Nous marchions côte à côte, découvrant à voix haute la ville et tout ce qui pouvait tomber sous nos yeux. On rigolait de certaines choses étranges, que nous n'avions encore jamais vu nul part. Après un bon quart d'heure de marche, on arriva enfin au restaurant. Entrant à l'intérieur, j'eu l'agréable surprise de voir que la décoration était raffinée et que les odeurs qui venaient à mes narines étaient fortes agréables. Nous nous approchions d'une table pour nous y installer, lorsque je commençais à retirer ma veste pour la poser sur le dossier de ma chaise. Après quelques minutes, nous fûmes installé. Un serveur ne tarda pas à arriver, pour nous souhaiter la bienvenue et nous demander si nous désirions boire quelque chose. Autant fêter notre arrivée comme il se le doit, non? Je demandais donc un Marguarita. Laissant mon meilleur ami se commander sa boisson favorite. Je souris au serveur avant qu'il ne nous donne les cartes des plats et qu'il ne parte chercher nos verres.
Il revint quelques minutes plus tard avec ces derniers, se retirant une nouvelle fois. Je levais donc mon verre vers Chou et lança d'une voix qui essayait d'être joyeuse :

« A nous, Chou ♥ »