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Je fulminais déjà à l'idée d'être à l'hôpital. Je n'aimais pas être immobilisée dans un lit, loin de la maison et de ma famille. Je voulais retrouver ma vie active, retourner au boulot, d'ailleurs, avec un peu de chance, peut-être qu'un collègue de travail allait passer pour m'apporter des manuscrits à lire. Je ne demandais pas mieux que d'occuper mon temps dans cette chambre vide et froide. Les lieux étaient lumineux, mais totalement impersonnels. Je n'avais même pas de télé et par je ne sais quel miracle, le deuxième lit de la chambre était vide pour le moment. Pour faire mal, je n'étais même pas avec mon futur époux, lui aussi à l'hôpital. Bordel, je voulais être chez moi et me reposer dans mon propre lit, pourquoi la vie ne pouvait pas être aussi simple ? Je laissais échapper un soupir en pensant à tout cela. Mon regard observait le goutte-à-goutte de ma perfusion. Le liquide qui s'écoulait dans mon bras me rendait ce dernier froid. Je n'aimais pas cette sensation et pourtant, je ne la connaissais que trop bien. L'hôpital de Boston, c'était ma deuxième maison un peu. Dans un nouveau soupir et une forte envie de pleurer, je pensais à ma fille Lilou qui était trop loin de moi à mon goût. Je la savais en sécurité avec des bonnes personnes, que ce soit Lisbeth ou bien mon beau-père. Mais l'idéal, c'était quand même de pouvoir la serrer dans mes bras à n'importe quel moment de la journée ou bien de pouvoir me préoccuper de tous ses petits malheurs. Je m'empressais d'attraper mon téléphone portable pour envoyer un sms à Lisbeth pour savoir comment se déroulait la garde d ma petite princesse. J'avais totalement confiance, mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir toujours plus d'informations. Je voulais simplement ne rien louper de la vie de ma petite et être dans ce lit d'hôpital, ça me faisait terriblement culpabiliser.
« Regarde qui est là ! » Larsson n'avait pas perdu de temps pour venir jusque dans ma chambre. Je me retrouvais alors face à la brune et son sourire radieux et communicatif et à ma petite Lilou qui semblait en forme dans son siège. « Ma poupée » que je m'exclamais avec un sourire béat tandis que Lis vint me la donner. Oh ce que ça me manquait de pouvoir serrer ma fille dans mes bras. « Comment vas-tu ? Tu as l’air d’avoir bonne mine. » - « Je vais bien, ça va aller. Je sens que je reprends tu poils de la bête et je pense que je devrais sortir bientôt. Je vais être en arrêt quelques jours, mais je pourrais me reposer à la maison. ENFIN ! » que je répondais de bonne humeur. « Et toi, tu vas bien ? Elle n'est pas trop difficile ? » que je demandais en déposant des baisers sur les joues rebondies de ma fille.
Pour rentrer à la maison, ce n'était plus qu'une question de temps. J'avais été gardé en observation. Rien d'étonnant quand l'on connaît mon passé. Les médecins de l'hôpital de Boston le connaissaient, mon dossier médical était chargé maintenant. Accidents de voiture, coma, fausse couche ou encore overdose. Sans compter les fois où j'étais venue à l'hôpital pour les autres. Le pire, c'est que je n'avais pas été que dans un seul service. Non, j'en avais testé plusieurs. Si le dernier était celui des enfants, je connaissais d'avantage le pôle où se trouvait le bureau de mon psychologue. J'avais été suivi durant toutes mes études à Harvard. Avec toutes les choses que j'avais traversé dans la vie et ce qui continuait d'arriver, mon père avait cru bon de me faire parler avec un psy. Il avait eu raison, j'avais pu me décharger de toute ma haine et désormais, j'allais mieux. Depuis que j'étais avec Osean. Depuis que j'avais Lilou. Mais cette fois-ci, Osean allait mal lui aussi et Lilou n'était pas là. J'étais toute seule avec mes pensées négatives et après plusieurs mois, j'avais revu mon psychologue. Ça faisait un bien fou, à nouveau. Ce qui faisait du bien aussi, c'était de voir Lisbeth arriver avec ma petite princesse. Je pouvais enfin la prendre dans mes bras et lui faire plein de baisers. « Tu vas bientôt pouvoir rentrer ? Mais c’est génial, ça ! Et Osean, comment va-t-il ? » - « Il va bien lui aussi, je pense qu'il va sortir plus vite. Mais il a eu très peur... On a tous les deux eux très peur... » Ouais, normal en même temps. Lis s'occupait de sortir le biberon tiède de Lilou et je ne pouvais m'empêcher de sourire en la questionnant. « Je vais très bien ! Je ne suis juste pas habituée à ce genre d’horaires alors je fais comme les mamans : je dors en même temps qu’elle, quand je le peux. Mais c’est un véritable petit ange et puis elle semble être tout le temps de bonne humeur, un véritable plaisir de s’occuper d’elle ! Hier soir, elle a eu des coliques, alors je lui ai massé le ventre et elle s’est apaisée. » La jeune femme semblait gérer la situation. Comme si elle était faite pour ça. Lilou avait passé les premiers mois à pleurer. Genre tout le temps et pour aucune raison apparente parfois. Avec le temps, elle s'était calmée. Très vite, on l'avait mise dans sa propre chambre et puis, avec les repas qui changeaient suivant comment elle grandissait, elle semblait changer totalement de caractère. « On dirait que tu te débrouilles comme une chef... » Un large sourire en la regardant alors que Lilou réagissait aux chatouilles. « Tu pourrais presque nous en faire un ? » Un bébé. J'étais coincée à l'hôpital, j'avais le droit de la charrier un peu. « Quand tu seras rentrée, si vous avez besoin d’aide avec Lilou, n’hésitez pas. Je pourrais la garder chez vous si vous avez besoin de repos ou d’autre chose. » - « Tu vois tu y prends goût ! Ça c'est parce que ma fille a le charme de sa mère... » Et hop on se lance des fleurs au passage.
« Je suis contente de l’apprendre. Plus de peur que de mal, heureusement ! » Tout le monde allait bien et c'était le plus important. D'ici quelques jours, j'allais rentrer chez moi et retrouver ma vie d'avant, tranquillement. Je ne pouvais que remercier Lisbeth pour son aide précieuse et pour l'amour qu'elle donnait à ma fille durant mon absence. D'ailleurs, elle se débrouillait mieux qu'elle ne le penser. Larsson était une bonne nounou et l'idée de la savoir enceinte et future maman ne m'était pas étrange du tout. Je fus donc surprise en voyant sa réaction quand je commençais à plaisanter sur le sujet. L'expression de son visage changea et une distance se créa entre Lilou et moi et la brune. « Non, je ne pense pas… Je préfère… Disons que je préfère les enfants des autres… » Je ne dis rien, je pince seulement les lèvres avant de baisser le regard en direction de ma fille qui commençait à s'agiter un peu plus. Je l’asseyais sur mes genoux et je lui donnais mon gobelet vide pour l'occuper encore un peu. « C’est sûr, elle a le charme de sa maman ! » Je souriais, mais il ne fallait pas croire que j'allais oublier/changer de sujet pour autant. « Je voulais un enfant. Faire une fausse-couche a été une épreuve et quand j'ai appris que j'étais enceinte à nouveau, j'étais très heureuse. Je ne cache pas que j'avais peur. J'avais très peur de ressembler à mes parents qui ont été médiocres avec moi. Mais au fond, on ne fait pas les erreurs des autres, surtout quand celles-ci nous ont fait souffrir » que je lui confiais dans un petit mouvement d'épaule. Bien sûr, si Lis n'était pas prête pour tout cela, elle pouvait totalement le comprendre, un bébé ça chamboule une vie. Pour ma part, ça m'a sauvé et ça me sauve encore.
N'allez pas croire que je voulais que Lisbeth tombe enceinte. La brune était assez grande pour savoir ce qu'elle avait à faire et puis, je ne connaissais pas assez sa vie intime pour juger ou même donner des conseils. D'ailleurs, dieu sait que je n'étais pas la mieux placée pour en donner aux autres. Il fallait juste voir la vie chaotique que je menais pour s'en rendre compte. Mais en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher rectifier certaines choses sur le moment. Être mère, on l'avait toutes en nous. C'était l'instinct. Et quand je voyais comment elle se comportait avec Lilou, c'est-à-dire largement mieux que je ne pouvais le faire au départ, je savais que Lis n'aurait aucun souci pour enfanter. Il suffisait juste qu'elle en prenne conscience, tout en sachant qu'elle avait le temps pour ça. Je caressais le dos de ma petite alors qu'elle se trouvait assise sur mes genoux en train d'agiter mon gobelet vide. À cet âge, il ne fallait pas grand chose pour attirer leur attention et ce n'était pas plus mal. « J’ai peur de ne pas pouvoir offrir une enfance heureuse à mon enfant. Ma mère et moi vivions dans la crainte de voir mon père débarquer… Elle a fait ce qu’elle a pu avec les moyens qu’elle avait mais je pense que ça ne lui a pas réussi d’être parent. Et mon père, je préfère ne pas en parler. » J'haussais les épaules l'air de dire "et alors ?". « Ce que tu as vécu n'est pas ce que ton enfant vivra. » Et heureusement. Jamais je ne pourrais lever la main sur ma fille, jamais je ne le ferais. Je savais très bien que ma fille allait être bien plus heureuse que je ne l'ai été. « Je ne sais pas si je serais une bonne mère ni même si je serais capable d’être une mère. Et puis… Ça me fait peur… » Je venais chatouiller le cou de ma petite en souriant, écoutant les propos de la brune et les laissant résonner dans ma tête avant de porter à nouveau mon attention sur elle. « Si j'ai réussi à le faire, alors tu pourras le faire toi aussi. » À mes yeux, c'était tout aussi simple.
« Je crois que… Je devrais prendre exemple sur toi. » J’esquissais un sourire en la regardant. Prendre exemple sur moi ? « Je ne suis pas un exemple à suivre » ricanais-je. Il ne fallait pas oublier que Lilou, malgré le fait que j'avais toujours voulu un enfant, était une erreur de parcours. Je n'aurais jamais eu mon enfant si vite si j'avais dû le décider. Enfin, je n'en savais trop rien. Parfois, je me demandais si inconsciemment, je n'avais pas provoqué ma grossesse pour me soigner. Ouais, ça avait clairement été le remède de mon début de vie. « Il ne me reste plus qu’à trouver l’homme idéal, maintenant. » Je me mis à rire en regardant la jeune femme. « Et bien, figure-toi qu'il est plus facile de faire le bébé que de trouver l'homme, mais ça tu t'en doutes bien. » Ouais, tu pouvais tomber enceinte sans problème, encore fallait-il trouvait un homme qui en avait envie. Une situation sérieuse. « Je n'ai pas demandé l'avis de mon homme... ni le mien d'ailleurs » confiais-je en soupirant tout en regardant ma fille qui elle-même venait de soupirer comme si elle comprenait notre discussion. « Mais si tu veux, je peux aussi t'organiser un speed dating dans un bar de Boston. Ça va s'appeler : Qui veut épouser Larsson ? et bien sûr, l'une des conditions sera de vouloir te faire un enfant au bout du compte. » Normal. Le pire, c'est que j'étais totalement capable de faire ce genre de truc. Je riais toute seule en pensant à tout ça. « Tu as le temps devant toi. Mais, n'oublie pas que tu en es capable. C'est tout. » Et ma parole était sincère.