misunderstanding (besra)

Putain, tu es dégoutée de sentir la fin de ce Summer Camp plus ou moins inoubliable arrivée. Mais tu as vraiment pas envie que tout ça s'arrête et tu comptes bien lever encore quelques cocktails en l'honneur de cet été riche en émotions. Rien ne s'est vraiment passé comme tu ne l'imaginais mais on va dire que ça ne s'est pas trop mal passé en somme et c'est ce qui importe, même si tu comptais bien garder que de bons souvenirs de cette expérience de dingue. Alors tu te défoules inconsciemment sur les hit de l'été remixés qui se diffusent dans toute l'infrastructure, tant assourdissants qu'ils en pèteraient une vitre, un mojito rafraîchissant dans la main. Tu sais pas trop ce que tu es venue chercher par ici ce soir, tu veux juste t'amuser et peut-être rencontrer de nouvelles personnes, encore. T'y vois pas de mal au contraire, alors tu continues ta quête de nouvelles têtes avec qui tu pourrais te lier d'amitié. Ou pas. De toute façon par ici même les têtes qui commencent à t'être familières tu ne saurais pas leur donner de nom puisque tout le monde est ici pour se vider un bon coup, à bien se foutre de qui ils pourront croiser sur ce dancefloor. Et c'est ça que t'aimes. T'aimes le fait que par exemple, ce fameux mojito que tu as en main bah c'est un inconnu qui te l'a apporté. Gentiment, sans rien demander en retour. Juste parce qu'il a deviné tu ne sais comment que c'était ton cocktail favori, sans doute. Tu secoues ta crinière dans tout les sens, fais de la air-guitar et trémousses le bas de tes reins sur ces sons plutôt lourds tandis que tu regardes autour de toi. Ton regard défigure tout ce qui se passe de loin ou de près, tandis que t'aperçois des courbes féminines qui elles aussi se déchaînent d'une façon plus sensuelle sur le morceau entraînant. Des courbes féminines qui néanmoins te semblent étrangement familières. Et pour tu ne sais quelle raison, tu ne peux dans un premier temps détacher ton regard de ces dernières. Tu vois pas grand chose dans l'obscurité dans laquelle est sombrée cette boîte de nuit mais lorsque cette belle inconnue se met de profil, ça ne fait qu'un dans ton esprit. Cette moitié de visage tu as l'impression de la connaître par coeur et pourtant tu as également le sentiment que tu ne l'as pas vu depuis un moment. Tu n'en crois pas tes yeux, ta vision semble te jouer un tour. Pourtant, c'est bien celle qui te semble que tu aperçois qui est entrain de se gigoter au loin. Soledad ?

Et merde. T'es beaucoup trop gentille Bebe, beaucoup trop. Et ça, ta mère te l'a répété mille et cent fois, mais t'en fais qu'à ta tête, t'es têtue, t'as pas envie de changer. Pourtant, te faire joindre à un opinion totalement différent du tien est d'habitude un jeu d'enfant tant t'es naïve, tant tu crois à tout. Mais ta présumée gentillesse démesurée, ça, on pourra pas te le retirer. Ça te joue des tours, ouais, mais des gens capables de faire tout ce que tu ferais par amour de l'humanité et clémence, levez-vous tôt pour en trouver. Car une fois encore, t'as accepté d'accompagner ton amie en boîte, sois-disant pour fêter la venue de la fin du Summer Camp. Mais cette meuf, si tu devais l'écouter, on fêterait chaque jour de la semaine. T'es naïve mais pas conne, c'est juste une excuse pour qu'elle puisse se saouler sans aucun scrupule. Parce que toi t'es la fille qui boit jamais, celle qui tient les cheveux de ses copines lorsqu'elles vomissent toutes leurs tripes dans des toilettes lessivées de crasse. Donc forcément, Bebe, c'est la fille qu'on emmène avec soit en soirée. Et Bebe, elle, elle sait pas dire non. Alors tu te retrouves en soirée, traînant ta fatigue et un mal de tête comme un boulet au pied. Mais au fil des chansons, t'as l'impression de flotter, petit à petit, flotter pour finalement te laisser emporter dans une fièvre du samedi soir. Ta migraine, tu la sens plus, laissant ton corps complètement aller au rythme du son. Le bassin que tu balances à gauche, à droite, t'enfiles de nouveau ton masque pour ressembler à quelqu'un que tu n'es pas. Paraître, c'est le jeu auquel tu te donnes en public pour te forger une carapace, pour rendre inaccessible la petite chose fragile que tu es au travers d'une véritable chaudière. Tu joues avec les apparences, t'aimes pas ça, mais tu t'y forces, tu t'y es accommodée. Des mouvements sensuels calés sur un rythme enflammé, t'as une léger filet de sueur qui plaque tes cheveux platines contre ton front et le bas du dos découvert qui brille. Tu ne penses plus à rien. T'es dans un état que t'as rarement su atteindre dans la sobriété. Tu sens les regards posés sur toi, enfin sur l'autre Bebe, la fausse Bebe qui n'a peur de rien, la fausse Bebe croqueuse d'hommes. Mais cet état, tu le vois s'envoler lorsque la musique s'arrête brutalement. Des huées soulèvent bientôt la boîte, et toi, t'es plantée là, tu te sens bête. Mais tu saisis cette occasion pour aller te rafraîchir au détour des toilettes. « Je reviens, je vais me rafraîchir. » que tu lances à ton amie. Tu te fous de si elle t'a entendue, peu importe, t'es assez grande pour savoir ce que tu fais.

T'en crois pas tes yeux. Cette silhouette au loin serait celle de Soledad ? Impossible. Pourtant, comme ça, de profil tu as l'impression de voir ta meilleure amie d'antan. Celle qui est un jour partie sans rien dire, pas de au revoir juste une lettre et tu te démerdes. Toi qui commençait tout juste à tourner la page voilà qu'elle serait revenue ? Tu as imaginé des milliers de scénarios concernant le jour où vous vous retrouverez, où tu pourras enfin lui dire ce que tu ressens pour elle et que tu la protégeras contre n'importe quelle menace. Que tu seras vraiment là pour elle, cette fois. Les yeux rivés sur la-peut-être-Soledad, tu ne te laisses pas déconcentrer, tu ne veux pas la perdre du regard. Ou la perdre tout court. Mais voilà que de l'agitation se forme autour de toi lorsque la musique s'arrête et que quelqu'un te bouscule, alors tu détournes le regard vers l'étudiant en question et tu n'as clairement pas le sourire aux lèvres. Tu es trop préoccupée par cette mystérieuse silhouette pour t'énerver contre l'auteur de cette perturbation tandis que trop tard : tu relèves le regard et tu te rends compte que la-peut-être-Soledad a bougé, elle n'est clairement plus là. Était-ce le fruit de ton imagination ou bien simplement ta meilleure amie qui vient s'excuser après ce vide qu'elle a laissé se former dans ta vie ? Tu ne sais pas pourquoi là, maintenant tu aurais halluciner voir une personne que tu n'as pas vu depuis au moins six mois surtout qu'après tout ce que tu as traversé tu as d'autres soucis qui te tracassent en ce moment. Alors peut-être qu'elle est revenue après tout. En tout cas, tu oses y croire. Et si c'est le cas tu comptes bien lui demander quelques explications mais avant tout t'aimerais bien la retrouver dans un premier temps. Tandis qu'une autre musique se met à retentir dans l'infrastructure tu fais mine de te trémousser tout en jetant des regards furtifs de partout et bingo, il ne te fallut pas plus de temps que ça pour l'apercevoir. Bingo, ta cible sort des toilettes après une minute si ce n'est plus de recherche dans cette foule d'étudiants déchaînés alors ni une ni deux tu te précipites pour la rattraper. Vite vite vite, qu'importe qui tu bouscules tu n'en as rien à foutre clairement tu as juste envie de serrer fort dans tes bras celle qui t'a tant manqué, l'objet de ton stress grandissant ces derniers mois. Tu as hâte de la retrouver. Encore une fois tu sembles l'avoir perdue du regard, alors tu restes perdue, mêlée à cette odeur atroce de transpiration que produit en grande quantité cette vague humaine. Mais là, elle te semble plus proche que jamais, à quelques mètres de toi qu'elle se trouve, toujours de dos mais prête à encore s'extirper ailleurs. Mais cette fois-ci tu l'empêcheras de filer. Soledad n'aura plus besoin de fuir. Dans un élan de joie, tu te précipites vers elle, silhouette qui dans l'ombre semble se démarquer tant elle dégage cet aura sensuel, badass. « Soledad ! » que tu t'écries en l'approchant, tandis qu'elle ne semble pas t'avoir entendu. Ou peut-être qu'elle ne veut tout simplement pas t'adresser la parole de nouveau, qu'elle compte revenir mais en t'ignorant pour l'éternité, peut-être que si elle est partie ce jour-là c'est simplement parce qu'elle ne voulait plus de toi. Peut-être bien, mais tu en as rien à faire. « Soledad ! J'étais sûre que t'allais revenir ! » t'écries-tu une seconde fois, cette fois-ci assez proche d'elle pour venir lui agripper l'avant-bras par la même occasion. Et ce contact physique mesdames et messieurs, t'en a rêvé pendant des mois.

L'ambiance de cette boîte aura eu raison de ton comportement habituel. Ici, plus de Bebe timide, plus cette gosse coincée, mais une femme, une vraie, une silhouette qui même du haut de ses vingt-deux ans, avec sa gueule d'ange, une femme qui dégage une certaine électricité. Un truc qui foudroie, un regard et bam, on est touché. C'est ce truc fascinant qu'elle a : passer de la plus innocente des gamines à la femme fatale. Dans une bulle, t'es imperturbable, laisse ton corps onduler, tes courbes aller de gauche à droite, et la sueur de cette fièvre le long de ton ventre découvert qui brille. Tu passes tes mains dans ta crinière, ne te fiant qu'à la musique jouée dans les enceintes. T'es dans la foule, parfois bousculée, mais tu t'en moques. Tu te mêles à celle-ci et ses mouvements de vague. Mais il y a cette main qui se pose sur toi, cette main qui te pousse à t'arrêter, cette main qui appuie contrairement aux autres qui ne sont que de passage. T'es contrariée, forcée à te retourner pour attirer tes foudres à celui qui a osé assassiner cet instant. Mais, toi qui t'attendais à un homme, te voilà face à une nana. Elle a cette expression indescriptible qui lui colle au visage, comme si elle venait de voir tu ne sais quelle divinité. Tu arques un sourcil, affichant une expression arrogante au plus haut point. Merde, elle te veut quoi elle? « Euh? Soledad? Ouais bien sûr. » Tu ris, méchamment, d'une façon que tu n'aurais soupçonnée si t'étais dans l'état de la Bebe normale. Soledad? C'est un prénom que t'avais jamais entendu avant. En tout cas, qui que soit cette fille, merci à elle de t'avoir interrompue. Sans plus attendre et en te doutant que ton rire moqueur a été la réponse à sa question, tu te remets lentement à bouger le bassin, faisant suivre le haut de ton corps. Au fond, tu t'en veux un peu d'avoir répondu d'une telle façon. Mais tant pis. Tu la connais pas, de toute façon, cette meuf. Tu lui dois rien. T'as plus envie d'être la Bebe toute gentille ce soir. Plus personne pour te juger. Tu veux plus te faire marcher dessus. Et, même si en sortant du club tu redeviendras celle que tu es habituellement, aux yeux de tous, cette petite chose fragile et influençable, t'as envie d'être au moins le temps d'une soirée le contraire.

Tu es plus que confuse et à la fois, tu te sens incroyablement conne. Ouais, t'es sacrément conne d'avoir pu ne serait-ce croire que Soledad souhaiterait finalement revenir, souhaiterait s'excuser pour tout le mal que son absence t'a causé et pour tout cette inquiétude et ce manque qu'elle a crée. Qu'elle te donnerait de réelles explications, que tu serais cette fois en position de lui promettre que plus jamais tu ne la laisseras tomber mais non. Encore une pâle copie d'un souvenir, d'un rêve et encore des faux espoirs. Oui bah jusqu'ici on peut se douter que celle à qui tu as fait pression sur l'avant-bras, c'est qu'une parfaite inconnue et non pas ton ex meilleure amie. T'es enragée d'avoir osé croire, ne serait-ce qu'un seul instant, que celle qui t'a le plus laissé tomber serait finalement revenu pour toi. Tu ne sais pas quoi dire, tu te sens déjà bégayer des trucs incompréhensibles tellement tu es à la fois désolée, mais à la fois étonnée. Pâle copie que tu l'as qualifié, n'empêche que même de face cette meuf ressemble bien trop à Soledad, ça te perturbe. Même expressions faciales, même façon de causer aux gens. Tu as l'impression de l'avoir devant toi et ça te désespère. « Désolée, je t'ai confondue avec une amie. » t'excuses-tu en grinçant des dents face à la réponse de la nana, ok tu as dû avoir l'air grave conne à l'accoster comme ça mais t'as pas non plus été arrogante. Dans un sens, elle a réussi à t'agacer mais dans l'autre, face à toi comme ça, tu ne peux t'empêcher de la fixer. Cette ressemblance te trouble vraiment, on pense l'avoir compris mais c'est inexplicable, tu n'arrives pas à détacher ton regard du sien. D'autant plus lorsqu'elle se remet à se déhancher sur la musique assourdissante. Mais à la place de passer ton chemin comme quiconque autre personne normale qui aurait confondu une pote avec un inconnu, comme un gosse qui aurait confondu une nana aves sa mère bah tu restes plantée là. Tu as envie de rester, mais tu sens que tu dois te justifier un peu plus si tu veux pas non plus passer pour une grosse folle. « C'est juste que ma pote te ressemble beaucoup. Mais.. je me doutais qu'elle allait pas se ramener par ici, ce qui justifie cet air complètement con. » lui lâches-tu un sourire en coin tandis que comme si de rien n'était, tu te mets à danser à ton tour, toujours aux côtés de cette mystérieuse nana sosie de Soledad. Tu as pas non plus envie de passer pour une weirdo mais c'est mal parti et tu sens qu'il va falloir taper un brin la causette si tu veux changer sa vision de ta personne. Tu sens qu'elle serait prête à t'envoyer à l'asile, là. « On se connaît par hasard ? Enfin j'veux dire, t'étudies à Harvard ? » que tu lui demandes, tes yeux toujours rivés sur sa bouille d'ange. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu sens que tu pourrais bien t'entendre avec elle. Peut-être parce que c'est une Soledad 2.0 ? Peut-être, ouais. Mais tu t'en fous. Tu as envie d'en savoir plus.