ALEKSEY S. SIMAKOV ► raphaël Spezzotto-Simacourbe

Tu n’as jamais eu une vie bien simple, tu n’as jamais été réellement heureux dans ton enfance. Pourtant, tu aurais pu, tu avais absolument tout pour l’être sauf une seule chose. L’amour de ton père était quelque chose d’important pour toi, et tu ne l’as jamais eu. Nombre de jour où tu as raté à l’école pour excuse que tu étais malade, mais finalement, tu te retrouvais avec des énormes bleus sur ton visage, sur tes bras, sur ton corps tout entier. Il te battait pratiquement tous les deux soirs, dès qu’il avait quelque chose qui n’allait pas à son travail ou tout simplement dans sa vie. Il avait toujours ce besoin de montrer qu’il était le dominant de la famille, il ne faisait pas que de te frapper, il le faisait sur ta mère également. Elle n’a jamais eu le courage de partir, et elle ne pouvait pas, elle ne gagnait pas assez d’argent pour pouvoir partir loin de lui. Elle a juste continué de souffrir en silence, jusqu’à ce que tu obtiennes ta majorité pour quitter le nid et elle en ferait de même. Plus d’une fois, tu as espéré y rester sous ses coups, malheureusement à chaque fois tu te relevais, le visage défiguré, la gueule en sang et mal aux côtes. Il libérait en permanence sa colère sur toi, jusqu’au jour où tu avais décidé de prendre tes affaires et disparaitre dans la nuit. Tu n’avais que quinze ans, mais tu étais suffisamment grand pour prendre des décisions. Tu es allé chez un ami, il n’avait pas bien mis longtemps pour comprendre ce que ton père t’infligeait. Tu considérais ses parents comme tes parents, ils étaient toujours là pour t’aider. Il avait libéré un bureau pour en faire une deuxième chambre, et tu es resté pendant plusieurs mois. Ils t’avaient même emmené en vacances pour te changer les idées. Tu as fait des merveilleuses rencontres, malheureusement le temps était passé bien trop vite. Tu es vite revenu à ta vraie vie, celle d’un pauvre gamin qui se faisait battre par son père, et qui malheureusement devait retourner chez ses parents, car ils étaient venu te récupérer chez ton ami. Toi qui pensais revivre un calvaire, finalement il avait décidé de déménager et de recommencer sa vie sans toi et ta mère, une chose plutôt positive pour toi. Tu n’as pas hésité à cramer ses habits dans la cheminée ainsi que toute marque qui te faisait penser à lui. Il n’était qu’une merde à tes yeux et tu n’hésitais pas à lui dire quand il revenait chercher ses affaires. Il avait foutu en l’air ton enfance, il t’avait brisé plus d’une fois les côtes, il t’avait fait saigner une dizaine de fois. Il t’avait rendu pratiquement fou un nombre incalculable de fois. Tu allais pouvoir reprendre ta vie, recommencer et apprendre à aimer ta vie. C’est ainsi que tu commenças à sortir régulièrement avec tes amis, rattrapant tout le retard que tu avais accumulé. Tu ne rentrais pas pendant plusieurs jours, tu préférais profiter de tes vacances avec tes amis. Tu allais en soirée, tu partais faire du camping sauvage, squatter le jardin de tes potes. Bref, tout ce que les personnes de ton âge pouvaient faire. Et dire que depuis ta naissance, tu n’avais pas eu le droit de bouger le petit doigt, ni même d’aller voir un  film en compagnie de ta mère. Le temps passait et tu devenais un jeune adulte, il était temps pour toi de prendre ton envol. Partir dans l’une des universités que tu désirais, pour poursuivre tes études. Tu n’en avais jamais vraiment parlé, mais tu voulais devenir avocat, peut-être dû à ton histoire, mais une chose était sûre, tu deviendrais avocat. Tu voudrais pouvoir envoyer en prison les personnes comme ton père. Au vu de tes résultats, tu avais déposé un dossier de candidature à Harvard, mais également à Columbia. Deux grandes écoles, brillantes et surtout recommandés par un grand nombre de personne. Finalement, les résultats sont tombés et tu étais pris dans les deux, il te suffisait juste de faire ton choix. Tu avais eu du mal à te décider et finalement, tu avais choisi Harvard. Peut-être parce que ta mère avait fait ses études dans cette université. Tu avais fait tes bagages, pour quitter cette maison de malheur, mais aussi dire un dernier aurevoir à ta mère. Chose plutôt compliqué, puisqu’elle était totalement tout pour toi, partir à des milliers de kilomètres d’elle, c’était comme te briser le coeur. Pourtant, tu n’avais pas d’autre choix, tu voulais devenir brillant, tu voulais devenir un grand avocat et pour ça tu devais réussir à te séparer de ta mère.


Tu avais pris le volant de ta voiture, tu avais roulé pendant des longues heures. Tu n’avais pas pris le temps de te reposer, tu étais tellement pressé d’arriver dans cette nouvelle ville et de commencer une nouvelle vie. La fatigue était au plus haute dans ton corps, et tu n’as pas fait attention à ce virage un peu trop serré. Tu as perdu le contrôle de ta voiture et tu as fait trois tonneaux avant que la voiture vienne s’écraser contre un arbre. Tu es resté comme ceci, pendant plusieurs heures avant que les pompiers puissent te sortir de l’auto. Tu as fini ta course à l’hôpital et ça pendant plusieurs semaines. Tu avais eu beaucoup trop de fracture, ils avaient dû te plonger dans un coma artificiel, le temps que ton corps récupère de la forcer pour combattre les douleurs. Au bout de trois jours, ils te faisaient revenir, malheureusement quelque chose n’allait pas. Tu n’étais plus le même, tu ne connaissais même plus ton prénom et tu ne te souvenais d’absolument rien. Du moins, tu te souvenais de quelques briques, ton père, ta mère, ton départ pour Harvard, mais pas les détails. Après trois mois au repos, tu redevenais maitre de tes mouvements, mais pas de ta mémoire. Pourtant, ça ne t’avait pas empêché de reprendre le chemin de l’université. Tu arrivas quelques mois après la rentrée, mais vu les circonstances, tu avais été accepté et très bien intégré. Tu avais décidé de louer un petit appartement, histoire d’avoir ton chez toi et être au calme quand tu le désirais. Tes débuts en tant qu’étudiant fut compliqué, tu avais eu du mal à te remettre dans les études. Mais grâce à ta volonté et des cours du soir, tu commençais à rattraper ton retard et à t’améliorer. Tes professeurs disaient que tu étais sur la bonne voie pour obtenir ton année et c’est ce qui se passa. Les années se sont enchainées et tu es ici depuis maintenant six ans et tu comptes continuer tes études jusqu’à la fin. Tu prends de temps en temps des nouvelles de ta mère, elle vient parfois te rendre visite quand elle a le temps. Tu as parfois des flashs sur ton passé, mais rien de bien violent, tu sais que tu ne retrouveras pas ta mémoire à cent pour cent. Tu avais appris une chose, tu ne devais pas t’arrêter à cause de ça, au contraire tu devais te montrer fort.