JEDEKIA CALDWELL ► chris wood

Observant les pages usées par le temps, tu relis avec attention les mots, qu’autrefois, tu avais écrit. Tellement de choses confiées au fil des années, tellement de secrets, de rage ou encore de joie. Ton journal intime…Avec le temps, tu avais fini par arriver à la dernière page, ayant été en rechercher un autre, identique au premier si ce n’est la couleur plus foncée que son prédécesseur. Un léger soupire s’échappe de tes lèvres alors que, délicatement, tes doigts frôlent cette nouvelle couverture si fraîche. Calmement, tu ouvres le carnet aux pages vierges, t’armant de ton stylo et de tes pensées.

« Cher journal, ou plus, nouveau journal.
En ce jour, je vais te faire un petit résumé de ma vie, étant donné que ton prédécesseur a les pages bien remplies et regorge de secrets et des crises d’enfance. Je m’appelle Jedekia Christopher Kayden Caldwell et j’ai actuellement vingt-six ans. Né en Roumanie, je n’ai pas eu une vie bien compliquée, mais j’ai souvent fait des erreurs. Trop longtemps j’ai tenté de plaire à ce père qui est le miens, souhaitant être le fils parfait, la parfaite réplique de ce qu’il aimait voire en moi. Malheureusement, souvent, c’est ainsi qu’une certaine rancœur se développe. Je me suis perdu dans cette personnalité qui n’était pas mienne. Trop studieux, trop sérieux, je n’ai pas réussi à vivre mon enfance telle qu’elle. Pas étonnant qu’en entrant à l’université de Roumanie, je me sois retrouvé face à d’énormes conneries. Peut-être étais-je en pleine crise d’adolescence, peut-être souhaitais-je creuser mon propre trou, mon propre fossé. Je n’en sais rien, tout ce que je sais, c’est que j’ai foiré, tellement foiré. Si aux yeux de mes enseignants j’étais le parfait petit étudiant, dans l’ombre, crois-moi, je n’étais rien de tel. Je me souviendrais toute ma vie de ce fardeau, de cet évènement. Il va me hanter tu sais, pesant lourd sur mes épaules, m’enfonçant un peu plus chaque jour. Mais ça, c’est une autre histoire. D’ailleurs, c’est ce fardeau qui me poussa à quitter la Roumanie, m’éloignant ainsi de mon père, de cette emprise qu’il a toujours eue sur moi. Mon intégration là-bas fut relativement facile, je m’étais juré de ne pas répéter les erreurs du passé. Alors oui, j’ai changé, je suis devenu un autre sans jamais me laisser influencer par quiconque. Les confréries, c’était plus pour moi, alors j’ai décidé de rester un simple étudiant et c’est mieux ainsi. Etudiant en psychologie et sociologie, je pense qu’au fond, je regrette de ne pas avoir vu la chose arriver…Je regrette tellement. »

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« Cher journal,
Te souviens-tu de cette tragédie dont je t’ai tant parlé dans les pages précédentes ? Je n’ai jamais vraiment réussi à en parler, même dans ces pages vierges et pourtant, je pense qu’il est temps. A l’époque, j’étais un gamin stupide qui voulait absolument se faire sa place, son petit nid. J’ai voulu faire comme les autres, entrant dans une confrérie, sauf que je n’ai pas choisi la meilleure. Ils étaient tous si cupides, si méchants…Nous avions une cible, ce mec si discret, si maladroit. Moi, j’étais un putain de mouton, je suivais les ordres. Je le poussais à bout, encore et encore, le provoquant alors qu’il n’avait jamais rien fait pour mériter un tel traitement. De la méchanceté gratuite…je m’en rend compte à présent. Puis, un jour, il n’est plus revenu à l’Université et la nouvelle est tombée. Une simple lettre, ou plutôt, un bout de papier avec écrit dessus : je n’en peux plus avant qu’il ne se pende dans sa chambre, s’ôtant la vie à cause de nous, à cause de moi. Voilà mon fardeau, voilà avec quoi je vais devoir vivre toute ma vie. Je l’ai poussé au suicide gratuitement et ça, je ne pense pas que je pourrais un jour me pardonner. »

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« Cher journal,
Dix mois…dix mois que nous étions ensemble. Je pensais que tout allait bien, que nous étions bien ensemble, lui et moi. Pourtant, du jour au lendemain, il m’a largué, ne supportant plus cette proximité que j’ai avec Piper. Je ne sais pas à qui je dois en vouloir…à lui ou à moi ? Lui pour m’avoir largué comme une merde, à moi pour ne pas avoir vu la chose arriver et tenter de calmer le jeu ? Tout ce que je sais, c’est que je me sens vide, épuisé, malmené. Putain, ça fait mal, terriblement mal. J’ai l’impression de suffoquer, de sombrer sans savoir me retenir. Et ces putain de migraines qui n’en finissent pas, comme pour me rappeler que la douleur n’est jamais temporaire. »