HANNAH EDELSBERG ► kate walsh

« Jack, tu sais où j'ai laissé ma montre ? »
Pourquoi faut-il toujours qu'elle égare ses affaires pile au moment où ils sont en retard pour le gala de charité de l'hôpital ? Il y avait des tas d'autres moments pour perdre ce genre de choses mais il fallait qu'elle le fasse maintenant, alors qu'ils devraient être partis depuis une demi-heure.
« J'en sais rien, sweety, mais dépêche toi. Tu sais que Doug a horreur qu'on se mette autant en retard. »
Elle soupire en direction de la salle de bain où son mari finit de se préparer, tout aussi soucieux de son apparence qu'elle ne l'est elle-même. Bien joué d'évoquer le chef de service de la rouquine, ce qui ne fait que la stresser davantage. Il va surement toucher un mot sur les cas qu'elle a résolu au cours des derniers mois ou sur ses recherches en cours et louper un discours en votre honneur, ce n'est pas vraiment poli. Où peut bien être cette fichue montre ? Elle soulève une énième fois les draps mais rien, rien de rien. Même dans les tables de chevet ou dans … dans l'attaché-case de Jack ? Elle n'y a pas jeté un œil mais elle aurait très bien pu y glisser quand elle l'avait posé sur la commande hier soir. Et puis zut, ils ne vont pas faire de chichis parce qu'elle fouille ses affaires. Après un mariage de plus de cinq ans, on pouvait bien se permettre de mettre son nez dans les affaires de son mari en cas d'extrême urgence. Et retrouver sa montre Prada était décidément devenue l'urgence de sa soirée. Des papiers, des papiers et encore des papiers. Un stylo à encre, toujours pas ça. Et un truc … un truc non identifié, doux et soyeux. Elle fronce les sourcils avant de lentement extraire la chose du bout des doigts. Son incompréhension se fait de plus en plus grande quand elle sort de la mallette de cuir une culotte. Oui une culotte. Une culotte toute noire, en dentelle qui n'est ni à sa taille et ne correspond à aucun des ensembles de lingerie qu'elle collectionne.
« T'es prête ma belle ? »
Mais Jack s'arrête immédiatement quand son regard se porte sur la main de sa femme, tenant sur le bout de l'index ce bout de tissu qui la répugne de tout son être. Avant de l'épouser, elle connaissait son passé par cœur, celui d'un coureur de jupons, du chirurgien sans scrupule qui n'a aucun problème avec le fait d'avoir couché avec plus de la moitié des infirmières de l'hôpital. Comment avait-elle pu être aussi naïve pour penser qu'il ne la tromperait pas elle ? Parce qu'elle était chirurgien elle aussi ? Parce qu'elle pensait mériter plus de respect ? Des conneries bien sûr. Il ne la considérait pas plus que toutes ces traînées qu'il avait dû s'envoyer en l'air dans son dos. Mais les mots restent coincés dans sa gorge, étouffés par une boule de colère. Elle aurait pu jurer que si elle n'avait pas été si choquée, elle l'aurait tué sur place. Mais le pire du pire est sûrement cet air innocent qu'il prend à présent, comme si il n'était pas au courant pour le sous-vêtement qui avait dû sauter comme par magie dans son attaché-case.
« Ecoute bébé, je peux tout expliquer. Ce n'est pas ce que tu crois »
Comme si elle allait se mettre à croire le tissu de mensonges qu'il s'apprêtait à lui servir ! Certainement pas ! Dans un mouvement de rage, elle lui balance la culotte à figure avant de récupérer ses clés et son petit sac à main.
« Tu sais quoi Jack ? J'espère que toi et ta petite culotte allez beaucoup vous amuser ce soir, parce que la fête se fera sans moi ! »
Elle hurle à présent, ses mouvements brusques défaisant petit à petit son chignon parfait avant de claquer la porte sur l'échec de son mariage.