ELYES I. MENDOZA ► diego barrueco.

Les attentats récents qui avaient retourné le pays avaient poussé son père à manquer son anniversaire. Nous étions le quatorze septembre deux mille un et Elyes semblait être dans la hâte de suivre son père pour vivre avec lui. Ely', mon lapin, ton père ne viendra pas pour cette fois. Avec ce qui s'est passé il y a trois jours, il est très occupé. Cette voix, cette présence féminin à ses côtés n'était autre que sa tante maternelle, bien qu'elle représentait bien plus à ses yeux. Elle était celle qui l'avait récupéré après la période de la maternité. Elle l'a élevé et accueilli chez elle. Elle est sa famille, et l'a toujours été. C'est comme ça qu'Elyes a grandit aux côtés de Sally, sa cousine, qui pour lui n'est autre que sa grande sœur. En attendant Elyes ne se sera installé chez son père qu'un bon mois et demi après les attentats de New York. Un nouveau départ pour une nouvelle vie. Un nouveau chapitre qui ne se serait pas écrit sans Sally et sa mère pour autant. Après tout c'était aussi elles, sa famille. C'est ainsi qu'il aura plus de temps avec son père, qu'il aura appris à connaître sa belle-mère qui partage la vie de son père depuis quinze ans. C'est également ainsi qu'il aura vu naître ses demi-sœurs, des jumelles, et son demi-frère. Il n'a jamais vraiment fait connaissance avec sa mère biologique et n'en a jamais ressenti le besoin. Dans son cœur, et dans sa tête, sa mère n'est autre que la mère de Sally.


Elle s'appelait Hazel, et elle lui avait tapé dans l’œil. Elle était le parfait cliché de la girl next door. Elyes, ce jour-là, ignorait pourquoi elle débarquait dans ce lycée en milieu d'année. Tout ce qu'il savait d'elle, c'est qu'elle était belle. Ce n'était pas une beauté superficielle, attirante et excitante. Non ce n'était pas une beauté charnelle. C'était tellement plus que ça. Elle l'attirait comme un aimant et à chaque fois qu'il la croisait elle était seule, et pourtant à chaque fois il avait aperçu son sourire. Penser qu'Elyes se serait contenté de la regarder jusque la fin de l'année sans l'aborder aurait été un leurre mais apparemment l'imaginer s'élancer dans des conversations sans fin avec elle, comme il l'avait imaginé, était tout autant improbable. Mais ça, il l'ignorait. Hé, tu cherches quelque chose, peut-être ? Souriant, il s'était approché d'elle un matin, alors qu'elle semblait confuse. Instantanément, il n'avait su s'empêcher de remarquer qu'elle fixait ses lèvres, ce qui était, à souhait, très perturbant. D'une grimace sur son visage décelée, le jeune homme finissait par entrevoir la confusion éprouvée par la demoiselle, à croire qu'il ne parlait pas la même langue. Spontanément, il venait à répéter sa question, et c'est là qu'elle s'est mise à s'excuser à sa manière, avec son langage qui n'était autre que la langage des signes. Il est sorti avec elle pendant sept mois et demi, et deux mois de relation à distance auront eu raison de leur histoire. Mais Elyes est ce genre de mecs. Il est dévoué, passionné. Le genre à se couvrir de ridicule pour une demoiselle qui lui plait, le genre à apprendre une nouvelle langue pour mieux tisser un lien avec elle. Hazel n'aura été dans sa vie pas qu'un crush instantané et prenant, elle l'a ouvert à de nouveaux horizons, et pour ça il garde encore aujourd'hui un si beau souvenir d'elle.


Tonton Lyly. C'était bien parti pour qu'il finisse par se faire appeler ainsi. Lyly' c'était presque un surnom féminin, pourtant Elyes s'en accommodait plutôt bien. C'est comme ça que Zoé, sa nièce semblait le désigner. Sally, sa sœur de toujours, est maman depuis quinze mois et il faut le reconnaître, cette naissance avait également changé la vie du jeune Elyes. Il ne le dit jamais vraiment mais il en rêve. Il aspire vraiment à offrir tout l'amour qu'il a pu recevoir et ce, comme il l'a appris, mais il rêve aussi de vivre ces choses de manière plus classique, plus conventionnelle. Il espère rencontrer, un jour, la femme de sa vie et fonder une famille. C'est clairement dans ses projets de vie, et ce au même titre qu'une carrière professionnelle qu'il a choisit. En attendant, il fait son petit bout de chemin, et se la joue beaucoup carpe diem. C'est un aimant à prétendantes ton bébé, c'est dingue. Le regard noir que venait de lui lancer Sally en disait long mais Elyes lui s'en amusait, un peu comme il s'amusait la plupart du temps des gens qu'il apprécie. Un Elyes qui ne blague pas, c'est un Elyes qui n'est pas bien dans ses pompes. C'est en lui, et personne n'y peut rien. Il est le mec qui se satisfait de faire rire, sourire tout comme il se satisfait presque de voir ses proches désespérer jusqu'à râler et s'en plaindre gentiment. Il le sait, on l'aime comme ça. Taquin, joueur et jovial. Aimant, protecteur et altruiste.