(ELLORA) THALIE DE MEDICIS ♦ Ashley Greene

 

 Une rencontre en Inde d’une mère italienne et d’un père grec. Un père archéologue et une mère historienne. Tout était fait pour une belle rencontre. Mes parents se sont rencontrés sur un site archéologique en Inde, à Ellora. Depuis, ils ne sont plus jamais quitté.
C’était de cet amour-là que j’étais née en Italie, à Florence très exactement. Seulement, je n’étais pas née dans n’importe quelle famille. J’étais une Médicis, l’une des familles les plus imposantes et reconnues d’Italie. Mon père qui n’était pas italien pour deux sous avant de rencontrer ma mère, avait fini par poser ces bagages à Florence avant ma naissance, souhaitant construire sa famille ici. Acceptant au passage de prendre le nom de ma mère. Ma mère n’aurait jamais cédé son nom de famille pour un autre. Chose faite. Seulement, Il ne s’attendait pas pour autant à avoir autant ma famille maternelle sur le dos, jugeant de ses moindres faits et gestes. La seule chose qui jouait en sa faveur, il venait également d’une famille aisée, et il gagnait bien sa vie en archéologue reconnu.
Donc me voilà, dans une famille des plus riches, ne manquant de rien, avec deux parents qui tentaient d’être aussi présent qu’ils le pouvaient. Enfin, c’était une façon à moi de dire que je ne pouvais même plus compter le nombre de cadeaux qui venaient du monde entier pour compenser. En entrant dans ma chambre d’enfant, on pouvait y voir de tout : de la petite représentation de la tour Eiffel pour leur passage en France et son histoire, une carte postal venant de Thaïlande, ou encore un souvenir du Brésil où ils y étaient restés un long moment. Je devais l’essentiel de mon éducation à ma grand-mère maternelle, et à ma nourrice, Antonella. Je devais avouer que j’avais passé plus de temps dans ma vie avec elle, qu’avec ma propre mère. Antonella était comme de la famille pour moi, une tante, ou appelait ça comme vous souhaitez.  Il fallait juste y comprendre que je serais plus attristée par la perte de ma tante que de mes propres parents.



 D’ailleurs, il était de tradition dans l’enfant de se mettre dans une discipline sportive. Antonella avait décidé de m’inscrire à la GRS : gymnastique rythmique et sportive. Une discipline qui avait pris toute son importance. Je m’entrainais environ quatre heures au début, puis j’avais enchainé, allant parfois jusqu’à dix heures. Je m’avouais être une des meilleures dans mon école. Un jour, mon entraineur avait proposé à Antonella de faire les compétitions. Après longue discussion avec mes parents pendant qu’ils étaient de retour en Italie et des yeux de chat, ils acceptèrent. L’avantage d’avoir des parents absents, c’était qu’il ne fallait pas grand-chose pour les faire céder et obtenir ce que je voulais. J’adorais la GRS et je voulais réellement montrer ce dont j’étais capable.
Je grimpais les échelons, si bien qu’à mes quatorze ans, je devenais championne d’Italie, l’année suivante, j’obtenais la deuxième place pour les championnats européens. Mon entraineur était des plus fiers de moi, et aurait souhaité que je continue, visant les Jeux Olympiques un jour. Seulement voilà, j’avais décidé de faire de ma vie totalement autre chose.



Après cette épisode, je me retrouvais être l’adolescente qui s’éloignait du modèle de perfection que mes parents, qu’Antonella ou le reste de ma famille attendait. J’enchainais les caprices, les fugues si je n’obtenais pas ce que je voulais, je manipulais déjà avec grand art. Il me suffisait de quelques paroles, des yeux de biches, ou de menaces de m’enfuir encore pour que tout me tombe entre les mains. Pour moi, tout m’était dû, j’étais une adolescente à la famille riche, je ne voyais pas pourquoi ne pas en profiter. J’étais de cette jeune femme en pleine rébellion mais également une des plus populaires de l’équipe. Je me baladais dans les couloirs de l’école avec trois adolescentes qui me suivaient dès que je claquais des doigts. Toujours sur la pointe de la mode, je m’étais habituée très jeune aux talons, qui faisaient que je pouvais faire un marathon avec ce type de chaussures aux pieds.
C’était à cette époque que j’avais rencontré ce jeune italien, capitaine de l’équipe de football du lycée, sortie tout droit d’un bon parti également. Du moins, je l’avais connu comme cela. Allant très vite et étant déjà débauchée, notre première fois arrivait très vite ainsi que l’attachement qui allait avec. Avec lui, je m’enfonçais un peu dans la drogue et l’alcool. Je m’étais éloignée de ma famille, tout en gardant cette popularité de jeune étudiante. Je planais constamment quand j’étais avec lui, entre cocaïne et ecstasy. Je m’étais ça sur le compte de la jeune et des expériences à faire.
Il profitait d’un soir, droguée jusqu’au cerveau pour tenter de faire participer une de mes amies avant de tomber dans un sommeil profond. Je ne serais même plus dire pendant combien de temps j’avais pu dormir, peut être une heure, deux heures, un jour ou une semaine. Je n’avais plus aucun souvenir. Le seul souvenir qu’il me restait, c’était ma tête dans le miroir dans un sale état, et de cet étudiant que j’aimais malgré tout dans les bras de cette fille. Titubant comme pas possible, je rassemblais mes affaires tant bien que mal avant de rejoindre ma famille de m’effondrer en larmes dans les bras d’Antonella.
Ses pleurs à ce moment-là  je les devais à mes parents que je me mis à détester, c’était d’eux dont j’avais besoin. Mais une fois de plus, aucun des deux n’étaient présents, encore sur un site à l’autre bout du monde. Je possédais une rage à leur égard. D’ailleurs, cette soirée ne m’avait pas empêché de recommencer, mais plus pour les mêmes raisons. Je m’exposais clairement ivre devant les médias, ayant souvent fait la une des journaux italiens. C’était un des seuls moyens que j’avais trouvé pour faire rentrer mes parents de leur voyage à chaque fois. J’enchainais alcool et coup d’un soir, je n’avais plus touché à la drogue par contre. J’avais fait la promesse à Antonella. J’avais beau être la jeune femme la plus orgueilleuse au monde, j’étais tout de même de parole.

 

 

 La seule chose qui me maintenait un minimum humaine, s’était l’école de journalisme que j’avais intégré. Le fait de voir mes parents parcourir le monde, les objets qu’ils me ramenaient à chaque fois. Je leur inventais des histoires, les mettant en scène, sûrement à défaut d’avoir la vraie version de mes parents. Alors voilà, j’intégrais une des plus grandes universités italienne, celle de Rome ’’La Sapienza’’. Je l’intégrais pendant trois ans. Je m’étais éloignée de mes parents, d’Antonella, je continuais à enchainer les déboires. Au point qu’au bout de ses trois ans, je m’étais fait mettre à la porte de l’université. J’avais insulté un professeur pour une note que je ne pensais pas mériter. Le comportement de trop après tous les avertissements que j’avais eu. Bien sûr que mon nom aurait dû m’aider, sauf que j’avais déjà eu bien plus d’avertissements que la moyenne des élèves.
Je tentais tant bien que mal de cacher cela aux yeux de mes parents, prétextant un besoin de découvrir le monde pour le bien de mes études et en revenir plus forte et grandit.
Simple foutaise, je souhaitais juste ne pas me prendre une cent vingtième leçons de moral, et m’éloigner de cette vie. Sans rien dire, je vidais mon compte en banque à plusieurs zéro, je prenais un billet d’avion, commençant mon périple par l’Australie.



Je n’étais pourtant pas suicidaire, j’aimais mon luxe et mon confort. C’était donc une version amélioré du tour du monde que je faisais. N’importe quel psychologue aurait sorti une connerie comme le fait que je cherchais à comprendre pourquoi mes parents s’éloignaient aussi souvent, que je voulais marcher sur leur trace ou je ne savais trop quoi. Peut-être que ce n’était pas faux, mais moi je voulais juste partir loin de l’idée et de ce nom qui me bouffait à petit feu, par l’envie de ses bonnes manières. Je ne supportais plus cette image d’enfant modèle que je devais avoir. Si je voulais être une jeune femme riche, arrogante, manipulatrice, fière, qui part n’importe quel moyen pouvait arriver à ses fins, alors j’allais l’être.
L’Australie, le Japon, la Russie, la Finlande, l’Angleterre ou encore les Etats-Unis, mon dernier arrêt.


C’était d’ailleurs grâce à ce dernier voyage que je souhaitais intégrer Harvard, reprendre mes études. Comme toujours, c’était une façon de noyer le poisson. Après environ un an, je reprenais contact avec mes parents, leur disant que je souhaitais intégrer cette université de l’Ivy League. Je ne pouvais pas dire que mes parents étaient enchantés. Reprendre contact avec eux avaient été assez particulier, pendant un an il n’y avait eu que quelques appels, rien d’extraordinaire. D’autant plus que c’était en voulant m’inscrire là qu’ils avaient appris mon renvoie de l’université d’Italie, mais le côté prestigieux de l’université américaine avait fini par les faire céder. J’avais réussi à faire faire le déplacement à mon père jusque Boston. Il avait rendez-vous avec le Doyen, je savais que ce n’était pas mince à faire. Mais après de grandes discussions, une promesse d’agrandir leur bibliothèque – et dieu savait que les Médicis en possédaient des belles – me voilà étudiante ici. J’acceptais en contrepartie de suivre des cours de mise à niveau pour valider ma troisième année que j’avais presque fini à Rome, avant la rentrée de septembre. J’entamais donc l’année dernière ma quatrième année de journalisme à Harvard. J’avais un deal avec le doyen, aucune frasque où je reprenais un allé directement pour l’Italie.
Cet été 2017, j’étais rentrée dans ma famille. J’étais mise à l’essai pour cette année, et j’avais tenté de me tenir à carreaux. Chose faite.

J’allais pour enchaîner cette cinquième année de journalisme avec plus de liberté, en étant plus moi. En étant un plus garce. Je m’étais contenue pendant un an, il fallait bien que le naturel reprenne le dessus.