(chapter o n e)
SYDNEY (AUSTRALIE) - 2008
Tonight was... well, it was perfect for me too. You've turned my world upside down. I've fallen in love with you man, and it scares the fuckin' shit outta me. I've been shakin' all night, because I knew it. I've tried to deny it, to make you think I never wanted you but that was a lie.
Un verre à la main, tes hanches se balançaient au rythme de la musique qui faisait vibrer les murs de la maison. Yeux fermés, tu te laissais guider par les notes, innocente, un peu éméchée, joyeuse. Tes paupières s'ouvrirent délicatement pour observer les alentours. Si de nombreux lycéens t'entouraient, prêts à danser jusqu'au bout de la nuit, d'autres s'étaient éparpillés dans la maison et organisaient des jeux d'alcool ou animaient des discussions plus ou moins intéressantes. Tu portas ton verre à tes lèvres, avalant une gorgée de ta boisson alcoolisée et arrêtas ton regard sur une silhouette que tu connaissais que trop bien. Enaël. Il donna une petite frappe amicale dans le dos de ton frère avant de monter l'escalier. Sans plus attendre, tu déambulas dans la foule, évitant les gestes brusques de certains qui tenaient à peine debout et montas, à ton tour, les marches des escaliers. Tu ne savais où il était allé et balayais le couloir dans l'espoir de le recroiser. Une première porte s'ouvrit et tu découvris un couple en train de s'embrasser langoureusement. Glissant un léger
pardon, tu refermas la porte à la fois gênée et hilare. Dans ta lancée, tu continuas et finis par ouvrir la bonne porte où se dessina, dans le fond de la pièce, les épaules de l'australien. Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, il se retourna et te sourit «
Ah tiens, Dannette ! » dit-il sur un ton joyeux. Il avait bu lui aussi, vous étiez deux jeunes un peu éméchés et heureux de se croiser. Tu t'avanças en levant ton verre vers le ciel comme pour le saluer «
Qu'est-ce que tu fais là ? » demandas-tu, curieuse. Tu savais que Teagan, sa petite amie, n'était pas là. Elle était malade ce soir et n'avait pas pu se joindre à vous pour faire la fête. Des mois qu'ils étaient ensembles, des mois que tu épaulais ton amie dans sa relation avec le beau brun. Des mois que tu taisais ton attirance pour lui. Parce que oui, tu craquais pour ses yeux noisettes depuis gamine. On était dans le cliché parfait de le petite fille qui était tombée sous le charme du pote de son grand-frère. Mais tu t'en fichais, personne ne savait. Il s'installa sur le bord du lit et tu le rejoignis, entrechoquant vos verres pour trinquer ensemble. Les minutes passèrent et vous parliez, rigolez -bien souvent pour un rien. Tu te sentais bien là, avec lui, loin des gens et loin de la musique assourdissante. Un moment intime innocent. Innocent jusqu'à ce que ton regard se pose sur ses lèvres alors qu'il te raconte sa dernière péripétie. Tu l'écoutais parler, mais tu avais bien du mal à détourner le regard. La tentation était grande, puissante, l'envie de succomber à ce désir brûlant te rongeait les os. Ton cœur te disait de foncer tandis que ta tête te disait de reculer. Mais, embrumée par l'alcool, tu n'arrivais plus franchement à suivre ce que cette dernière te disait, ce qu'elle te conseillait. T'allais péché, t'allais agir sans réfléchir. T'allais faire souffrir Teagan, tu le savais, mais à cet instant, t'y pensais pas vraiment. Agir de manière égoïste ne te ressemblait pas et pourtant, ça n'allait être que le début. Tu l'entendis finir son histoire et le laissas rire jusqu'à ce que tu t'approches et poses tes lèvres, sucrées par l'alcool que tu avais bu, sur les siennes. Tu le sentis surpris, ses membres se tendant suite à ce contact inattendu. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que tu te retiras, réalisant ce que tu venais de faire. Toi-même choquée, tu te levas «
Par... Pardon ! » balbutias-tu, extrêmement gênée, avant de prendre la fuite. Tu sortis de la chambre en trombe et arrivas dans le couloir, le cœur battant à la chamade. Tu l'entendais résonner dans tes oreilles, à tel point que tu n'entendis même pas les pas d'Enaël arriver jusqu'à toi. Sa main attrapa ton épaule pour te forcer à te retourner, pour lui faire face. Tes yeux, apeurés et coupables, le regardèrent «
Je suis désolée Enaël, j'voul... » commenças-tu à dire quand soudain, il passa sa main dans ta nuque et te tiras jusqu'à lui pour t'embrasser à son tour. Si, par surprise, tu gardas les yeux ouverts deux petites secondes, tu finis par bien vite les fermer, profitant de l'instant. Tes mains parcoururent sa chevelure prolongeant et intensifiant le baiser. T'ignorais ce que vous faisiez là, pourquoi est-ce qu'il t'avait rattrapé et t'avait embrassé. Et tu ne le sauras jamais. La voix de ton frère résonna dans le couloir, vous interrompant dans votre contact interdit. Tu te reculas d'un coup et tournas la tête vers lui pour constater qu'il était accompagné de ses autres potes. En même pas une minute, la plupart des gens de la soirée était au courant de votre erreur. Jusqu'à ce que l'information remonte jusqu'aux réseaux sociaux et que Teagan l'apprenne... Si la culpabilité te donnait déjà une boule au ventre ce soir là, elle ne fit que s'intensifier lorsque tu appris pour leur accident. Non seulement tu l'avais trahi, mais en plus tu n'avais pas eu le temps de t'excuser, de lui demander pardon. Enaël disparut bien vite après son décès, te laissant seule dans ta culpabilité.
(chapter t w o)
PARIS (FRANCE) - fin 2008
I hope we see each other again in a couple of years. When we’ve both had time to grow. I hope, by then, we’ll have learned that forgiveness is the best antidote to regret. And I hope we’ll have learned to forgive ourselves in that process.
Tu plissas les yeux, observant Tommen qui se foutait de toi ouvertement. Sérieusement, pourquoi tu t'embêtais à apprendre le français avec ce mec ? Ah oui, c'est vrai, tu l'appréciais. Vraiment. Parce que Tom, c'était un peu ton pilier ici, le garçon aux yeux rieurs et aux blagues vaseuses que tu comprenais une fois sur deux. Poings sur tes hanches, tu faisais face à ton ami qui n'arrivait pas à se remettre de ton erreur de langue. Impatiente, tu finis par t'approcher de lui et sautas sur son dos pour le faire chier et le forcer à s'arrêter de rire. Ce qui sembla marcher puisqu'il tenta de te faire descendre en bougeant dans tous les sens. Mais tu t'accrochais, telle une sangsue ou une moule à son rocher. Au bout d'une minute, il s'arrêta, acceptant sa sentence et avança dans le parc où vous aviez posé vos fesses pour l'après-midi. Vous parliez, tranquillement, quand tu te décidas pour lui parler d'un sujet qui te tenait à coeur «
Tu sais Jules De Lacroix ? Le terminale ? » demandas-tu, innocente, tout en posant ton menton sur son épaule pour pouvoir le regarder. Ses sourcils se froncèrent «
Hm ouais, celui qui a l'air de faire la gueule H24 ? » dit-il comme une critique. Un rire s'échappa de ta gorge et tu hochas la tête «
Ouais celui la. J'le trouve... Attirant. Enfin je sais pas, y a un truc chez lui qui m'attire. J'lui ai parlé l'autre jour car j'trouvais pas une salle et il avait l'air sympa. » annonças-tu, l'esprit rêveur. T'étais encore jeune à ce moment là, douce et innocente, naïve aussi. Sans que tu ne t'y attendes, Tommen te lâcha et te laissa remettre les pieds par terre avant de se tourner vers toi, le regard incrédule. «
Sérieusement ? Il a l'air sympa ? Encore que tu le trouves attirant j'veux bien, vous les filles vous avez cette fâcheuse manie d'aller toujours vers les bad boys, mais que tu le trouves sympa... C'est pas parce qu'il t'a dit où se trouvait une salle qu'il est sympa Dana. » t'annonça-t-il alors que tu croisais les bras sur ta poitrine. Il te prenait pour une idiote, c'était pas possible autrement. Tu soupiras et levas les bras en l'air, désabusée «
Tu le connais pas, tu sais pas qui il est. » répondis-tu, sur la défensive. Tom te regarda, ahuri «
Tu le sais pas non plus j'te rappelle, tu lui as parlé pour savoir où était une salle. » rétorqua-t-il. Il marquait un point mais tu voulais pas l'entendre de cette manière. Tu voulais pas le croire et laissais le bénéfice du doute au beau Jules. «
Mais moi au moins, je lui laisse l'occasion de démentir ce qu'on dit de lui. C'est ton problème si tu crois tout ce qu'on dit. » grognas-tu, agacée. Vous parliez pendant encore de longues minutes du terminale, ne trouvant jamais un accord, une entente le concernant. Lui te jurait que tu allais regretter de t'approcher du jeune De Lacroix tandis que tu le disais beaucoup trop fermé. Si seulement t'avais su où cette conversation allait te mener, quelques mois plus tard... Si seulement t'avais su que Tom n'était pas si loin de la vérité.
(chapter t h r e e)
PARIS (FRANCE) - début 2010
He loved you like he was five years old and he’d just discovered fire. He loved you with both of his hands, with his eyes, with his mouth, like he didn’t always know what he was doing but it was all coming naturally anyway. He loved you like he was watching sunsets and sunrises in your smile, like every time you laughed his day got a little brighter, like when he held you, he was holding the sun in his arms. It felt so simple and right. And even though, sometimes, there were fights that removed the sunshine, you always found a way to get it back. And even though there were tears, from both of you, in a back cupboard somewhere, there were always tissues too. And even though there were moments when you doubted, he was always there to make the doubts go away. And for this you loved him. For all of this, you loved him. He loved you like he was five years old again and discovering fire. And you loved him back.
Allongée sur le ventre, tes doigts pianotaient délicatement sur la peau de son dos nu. Tu admirais son visage endormi, les yeux rêveurs et avec cette douceur qui n'était réservée qu'à lui désormais. Cela faisait plusieurs mois que tu étais avec Jules, des mois où tu avais grandi, mûri, où tu t'étais affirmée. Certains t'avaient tourné le dos, n'acceptant pas la femme que tu étais devenue, tandis que d'autres t'acceptaient telle que tu étais. Un rayon de soleil s'immisça dans la chambre et lui caressa la joue, le tirant de son sommeil. Un fin sourire se dessina sur tes lèvres alors que tu murmurais d'une voix suave et mielleuse, dans un français encore marqué par ton accent australien «
Bonjour. ». Le beau brun ouvrit les yeux et t'observa quelques secondes avant de passer son bras au-dessus de toi et de te tirer vers lui. Un rire léger s'échappa de ta gorge et tu déposas un baiser sur sa joue, ce à quoi il grogna, mécontent. «
Quoi ? T'as un soucis ? J't'entends pas. » dis-tu, joueuse, avant qu'il ne te serre un peu plus fort contre lui et te vole un baiser. C'était un de ces matins où vous étiez bien, légers, sans pression. Où la discorde quotidienne ne venait pas vous perturber. Après plusieurs minutes, tu entendis ton téléphone vibrer par terre et t'écartas du français pour vérifier qui venait de t'envoyer un message. Tommen. Un soupir s'échappa de tes lèvres et tu éteignis ton portable juste avant que Jules n'apparaisse par dessus ton épaule pour voir ce que tu faisais «
Un admirateur ? » demanda-t-il, ironique. Tu levas les yeux au ciel et le poussas «
Non c'est ta sœur, elle me dit que t'as besoin d'une douche. » répondis-tu en lui tirant la langue. Il rigola légèrement à ta réponse et se leva, te laissant admirer ses fesses alors qu'il cherchait son jogging. Puis tu fis comme lui, prenant une nouvelle culotte et piquant un de ses t-shirt avant de sortir de votre chambre. Vous étiez chez lui ou tout du moins, chez son père. T'y avais que très peu mis les pieds, Jules s'assurant à chaque fois qu'il n'était pas là pour que tu puisses venir. Et ce week-end là, il était parti. Voir des amis ou peu importe, t'y avais pas vraiment fait attention, retenant juste que vous aviez la maison pour vous. Le lycéen en avait profité pour organiser une soirée chez lui, laissant dans un état plutôt médiocre le salon ou encore la cuisine. Tu fis attention de passer entre les cadavres de bouteilles dispersés un peu partout et t'installas avec lui dans le canapé. Il ne fut pas longtemps pour que tu roules un joint et que vous le partagiez. Si tout avait été aussi simple, aussi beau, tu n'en garderais sûrement pas de blessures aujourd'hui. Mais les histoires dont tu rêvais petite n'avaient rien à voir avec votre conte.
***
Accoudée à la rambarde, tu parlais avec un mec que tu venais de rencontrer à la soirée où tu t'étais rendue aux côtés de Jules. Si lui s'était installé sur le canapé et partageait un joint avec plusieurs de ses potes, toi tu étais sortie sur le balcon afin de fumer une cigarette tranquillement, loin du bruit. Pourtant, tu ne fus pas longtemps seule puisque l'on te rejoignit. On pouvait voir aux yeux du garçon qu'il avait pris quelque chose, et tu pouvais le reconnaître, ayant toi-même tester de nombreuses drogues ces derniers mois. Mais ses mots te faisaient rire et sans que tu ne fasses attention, il s'était dangereusement approché de ton corps frêle. Ton regard se perdait dans l'horizon, admirant les lumières qui illuminaient Paris tandis qu'il s'était mis dos à la vue, préférant te regarder toi. «
Non si t'aimes pas la chaleur, va pas en Australie. » avouas-tu en rigolant. Le garçon attrapa une de tes mèches pour venir l'enrouler autour de son doigt et avant que tu ne puisses dire quoi que ce soit, une voix familière s'ajouta à la légère brise «
Je dérange peut-être. » dit-il, mécontent et arrogant à la fois. Légèrement éméchée et défoncée, tu ne fis pas attention au ton qu'il avait employé et lui offris un grand sourire tout en t'approchant de lui pour enrouler tes bras autour de son cou. Pourtant, il ne te regardait pas, jetant un regard noir au mec avec qui t'avais parlé pendant un bon moment. Ce dernier ne s'éternisa pas et rentras à nouveau dans l'appartement, vous laissant seuls. Sans plus attendre, Jules te repoussa. «
Tu voulais pas le laisser te toucher le cul sinon ? » annonça-t-il, froid. Ne comprenant pas tout de suite, tu fus surprise avant de capter qu'il faisait référence au mec de tout à l'heure. Tu levas les yeux au ciel, t'approchas à nouveau de lui, voulant le prendre dans tes bras mais il te repoussa une nouvelle fois. Vexée, tu fronças les sourcils «
T'es sérieux là par contre Jules ? » demandas-tu, la voix déformée par l'agacement. Et tu savais déjà ce qui allait se passer par la suite. Parce que c'était toujours comme ça. Vous alliez vous déchirer pour mieux vous retrouver. T'allais lui crier dessus à plein poumon et l'un de vous allait finir par prendre la fuite, beaucoup trop énervé. «
Ouais j'suis sérieux. T'as pas vu comment il te matait ?! » dit-il avant que tu le pousses, à ton tour, énervée «
Et alors bordel ?! C'est de ma faute peut-être ?! » répondis-tu, excédée. Fallait que tu te prennes des remarques alors que t'avais rien fait. Le ton montait de plus en plus et tu devais presque violente tandis que Jules te tenait les poignets fermement pour t'empêcher de lui faire mal et de te faire mal par la même occasion. Au bout de plusieurs minutes, un de ses potes vous rejoignit et prit soin de vous séparer te permettant de rentrer dans l'appartement, d'attraper tes affaires et de te casser en traitant Jules de tous les noms dans ta langue maternelle. Les larmes aux yeux, tu dévalais les escaliers de l'immeuble et accourais jusqu'à dehors sans faire attention à si quelqu'un te suivait. Le souffle court après ta longue course, tu t'arrêtas dans un parc où vous aviez l'habitude d'aller et t'allumas un joint, la main tremblante. T'avais envie de le pourrir autant que t'avais envie de l'embrasser. Tu le détestais autant que tu l'aimais. Une heure plus tard, tu pris la route jusqu'à chez toi, ou plutôt ta famille t'accueille, et traversas la maison sans faire un bruit jusqu'à atteindre ta chambre. Refermant la porte doucement derrière toi, tu attendis avant d'allumer la lumière et de tomber nez à nez avec Jules. Un soupir s'échappa de tes lèvres. Forcément, comme d'habitude, t'avais oublié de fermer ta fenêtre et il savait très bien comment y accéder depuis le temps. Tu jetas ton paquet de cigarettes sur ton bureau et arrivas à sa hauteur sans lui accorder un seul regard. Du bout des doigts, il souleva ton menton, te forçant à le regarder et admiras tes yeux bouffis, marqués par les larmes qui s'en étaient échappées, faisant couler ton mascara. Délicatement, il essuya une nouvelle larme qui venait d'apparaître «
Pardon. » dit-il dans un murmure alors qu'il entourait ton visage de ses mains chaudes. Tu posas tes mains sur ses avant bras et le regardas dans les yeux à ton tour «
Je te déteste. » dis-tu avant de laisser un sourire naître au creux de tes lèvres qu'il vint embrasser langoureusement.
***
Tes pas résonnaient dans la bâtisse, lourds, lents. On pouvait t'entendre traîner des pieds malgré les ronchonnements de ta mère qui te tenait par le bras et te tirait avec elle jusqu'aux portiques. Tu n'avais de cesse de te retourner, de le chercher du regard dans l'immense aéroport CDG mais à chaque défaite, ton coeur saignait un peu plus. Il y a deux jours, ta mère était venue en France pour s'assurer que tu repartirais avec elle en Australie, mettant fin à ton séjour en France. Inquiète de l'influence de ton amour pour Jules sur ta décision de rentrer, elle avait fait le déplacement par surprise, t'empêchant d'avoir tout contact avec le français depuis. Deux jours. Même envoyer un simple sms avait été impossible. T'avais tout balancé dans ta chambre, ne supportant pas la distance qu'on te forçait à prendre avec lui. «
Dana. Avance. Ça sert à rien de traîner du pied, on va quand même prendre cet avion. » dit-elle, agacée. Mais t'écoutais pas, ou alors qu'à demi-mot, occupée à te retourner pour vérifier si tu ne l'apercevais pas dans ton champ de vision. Lorsque ta mère posa vos petites valises sur le tapis, tu fis volte face une dernière fois. Un dernier espoir. Tes yeux, troublés par les larmes qui commençaient à se former, examinèrent une dernière fois les environs quand soudain, une silhouette que tu pouvais reconnaître entre mille se dessina face au panneau d'affichage. Un hoquet de surprise et de joie te prit d'un coup et, sans réfléchir, tu poussas les gens pour sortir de la queue et courus jusqu'à lui, le coeur battant à la chamade, prêt à sortir de ta cage thoracique. Jules ne t'avait pas encore vu jusqu'à ce que tu lui sautes au cou et le couvre de baisers plus sucrés les uns que les autres. Les larmes coulaient toutes seules et tu ne sauras jamais dire si elles étaient sécrétées par la joie qui t'avais prise à ce moment ou par la tristesse de partir. Ses mains encerclèrent ton visage une dernière fois et il te regarda dans les yeux de manière si intense que ton souffle en était coupé. Tu savais ce qui allait se passer. Ta mère n'allait pas tarder à arriver à votre hauteur et tu allais devoir la suivre, peu importe à quel point tu n'en auras pas envie. «
Viens avec moi. Je te ferais découvrir mon monde, à mon tour. » dis-tu, la voix tremblante, saccadée par les sanglots. Doucement, il déposa un long baiser sur ton front. Vous le saviez. C'était impossible. Mais t'arrivais pas à t'y résoudre. T'arrivais pas à te dire que t'allais le perdre. Définitivement. Tes mains agrippaient son t-shirt, torturée à l'idée de devoir le lâcher. Profitant de la chaleur de ses lèvres contre ta peau, tu fermas les yeux quelques secondes avant de les rouvrir et de poser ton regard dans le sien, enregistrant chacun de ses traits. «
Je t'aime. » dit-il dans un murmure, un chuchotement que tu étais la seule capable d'entendre. Ton cœur rata un battement. En une année de relation, il ne te l'avait jamais dit de vive voix, préférant te le faire comprendre à travers des excuses ou des caresses. Mais ce qu'il t'offrait là, était plus doux qu'une caresse, plus sucré qu'un baiser, plus chaleureux qu'un câlin. A peine avais-tu eu le temps de comprendre qu'une main te tira en arrière. «
Dana, on y va. » dit-elle, intransigeante, te séparant du jeune homme. En quelques minutes, tu te retrouvais loin de lui, loin de tout ce que tu avais construit ici. Si ton corps était retourné à Sydney, ton cœur était restée à Paris. Les mois qui suivirent furent difficiles, tumultueux. A trop essayer de combler son amour par l'alcool et autres drogues, tu t'étais perdue toi-même. Tu lui avais appris à aimer, il t'avait appris à mourir.
(chapter f o u r)
SYDNEY (AUSTRALIE) - 2014
La téléréalité est à la vie réelle ce que la poupée gonflable est à l'amour: un simulacre inventé par des marchands à l'usage des esseulés.
The Fucking Elite est une des émissions les plus regardées à ce jour en Australie. Le monde a connu de nombreuses télé-réalités telles que celle des
Kardashian, en passant par
The Real Housewives Berverly Hills, qui ont plus ou moins bien marchées. Mais depuis l’arrivée de
The Fucking Elite sur le câble, l’audience s’intéresse bien plus à ces émissions basées sur le quotidien des familles privilégiées dont la vie dorée est enviée tout autant qu’elle est pointée du doigt. Bien qu’au premier abord on peut penser qu’il ressemble à tous les autres, ce programme se démarque en s’axant principalement sur les relations mère/enfants de chaque famille aisée choisie avec soin par les réalisateurs. Toutes ces familles sont reliées par leur richesse et leur mainmise sur l’économie australienne.
Tu venais de donner ton premier interview, annonciateur de l'émission démarrant dans une semaine. T'avais souri tout du long, t'avais pris ton air innocent. Et une fois à l'extérieur du bâtiment, tu sortis de ton sac un spliff pré-roulé et l'allumas sans attendre. Une bouffée et tu sentais tes membres se détendre. Faire semblant faisait maintenant partie intégral de ta vie, et tu aimais jouer, tout le monde le savait. Tu ne traînas pas plus longtemps et rejoignis tes potes à la plage, comme si de rien était, démarquant un naturel perturbant face au succès qui t'attendait.