Appel : Loïs => Lisbeth

Lisbeth dormait profondément et ce fut une sonnerie qui la tira de son sommeil. Désorientée, elle crut qu’il s’agissait de son réveil. Plus elle immergeait et plus elle commençait à se rendre compte qu’il s’agissait d’un appel. Cherchant à tâtons son téléphone, elle mit enfin la main dessus et laissa échapper un « Allô ? » à moitié endormi. Elle n’avait pas consulté l’écran pour savoir qui l’appelait. Elle ne reconnut pas la voix à l’autre bout du fil. C’est seulement quand le nom de Loïs fut prononcé que Lisbeth se réveilla complètement. Soudainement glacée jusqu’aux os, elle se redressa légèrement et regarda enfin l’écran de son téléphone. Normalement, son amie devrait se trouver à l’autre bout du fil. « Qui êtes-vous ? Et pourquoi avez-vous le téléphone de Loïs ? ». Non, elle ne voulait pas entendre la suite. Pourtant, l’appareil resta collé à son oreille alors que sa main se mit à trembler.

Le cœur de Lisbeth battait la chamade et à présent, tout son corps tremblait comme une feuille. Elle voulait des réponses, et maintenant ! L’agacement commençait à la submerger quand l’infirmière reprit la parole. Comment ça, à l’hôpital ? Co… comment ça, rien pu faire ? « Vous devez vous tromper… » Sa voix était mal assurée, frémissante, prête à s’éteindre. Non, Loïs l’avait appelée il y a quelques heures à peine et elle se portait comme un charme. Impossible qu’elle soit… Elle ne voulait même pas y penser. « Loïs va bien. » Mais tout au fond d’elle, une voix lui soufflait que l’impensable s’était produit.

« Elle a été percutée par un chauffard ivre. Le choc lui a été fatal, je suis désolée. » Les mots résonnèrent longtemps dans l’esprit de Lisbeth. Elle protesta plusieurs fois encore alors que l’infirmière lui assurait que c’était bien Loïs qui avait été la victime de ce chauffard. Alors une digue céda brutalement et Lisbeth fondit en larmes. Ce n’était pas possible… Non, c’était un cauchemar et elle allait se réveiller d’une seconde à l’autre. Elle s’était roulée en boule et pleurait toutes les larmes de son corps, le téléphone collé à son oreille. « Je… Je veux la voir… Elle… Elle doit revenir… Ici… » Comment allait-elle faire ? Toutes ses affaires étaient dans la chambre d’amis… Déjà, les souvenirs hantaient son appartement. Et Lisbeth était inconsolable.

Lisbeth eut du mal à articuler un seul mot. Elle était prête à payer tout ce qu’on lui demanderait pour faire rapatrier le corps de son amie. « A Boston… Au Massachussetts General Hospital… ». Elle demanda à être informée de l’avancement des formalités avant de raccrocher. Elle abandonna son téléphone et laissa libre court à son chagrin, refusant de prendre le moindre autre appel que celui qu’elle attendait, ne répondant à aucun message ni quand quelqu’un sonna avec insistance chez elle. Elle était aux abonnés absents, enfermée dans sa bulle de tristesse.