like a ghost (alek)

La douleur n'avait pas totalement disparu et je ne me sentais pas de courir dans les couloirs, mais bordel, j'en pouvais déjà plus d'être dans ce lit d'hôpital. En plein mois de juillet qui plus est. La chaleur était telle que je passais mon temps à interdire les infirmières de fermer la fenêtre. Qu'on me laisse sentir l'air venir caresser ma peau. Je ne tenais plus et si en plus, il fallait que je supporte les règles de l'hôpital, ça allait forcement mal se terminer. Mon appartement, ma vie de famille, ma fille me manquaient. J'avais juste envie de retrouver ma routine et même mon travail. Je voulais simplement être une personne comme les autres et juste sortir de ces lieux étouffants qui n'annoncent rien de bon en temps normal. En plus de ça, je passais mon temps à somnoler et avec les médicaments et la chaleur, j'avais l'impression d'être totalement shootée, me rappelant mes tendres et chaotiques années universitaires que je venais tout juste de quitter. Et comme une petite vieille, mon passe temps favori était désormais celui de regarder par la fenêtre qui donne sur le couloir de l'hôpital afin de voir le passage des gens. Je faisais des découvertes surprenantes. Comme à l'instant où j'apprenais le retour d'Alek Lewis-Kennedy à Boston. J'haussais les sourcils alors que son regard croisa le mien, surprise de le voir ici après des mois de silence radio.

• Au revoir Summer Camp. J'ai pris l'avion hier pour revenir à Boston l'espace de deux trois jours. Depuis que je suis revenu ici et que j'ai décidé d'arrêter de jouer au mort, j'ai dans l'obligation de voir un psy pour qu'elle s'assure que je ne rechute pas et que je ne risque pas de tout plaquer. Obligation si je veux pouvoir voir mon fils. Pendant que tous mes amis s'amusent, moi je suis assis sur un divan à raconter ma vie, à partager mon voyage, oubliant certains détails qui ne la regardait pas vraiment. Je parle, je m'ennuie, elle m'écoute, et une fois la séance terminé, je peux enfin sortir d'ici et attendre demain pour pouvoir repartir profiter de mes vacances. Dans les couloirs de l’hôpital, je traine des pieds, regardant un peu partout autour de moi, me demandant si Neva était venue faire chambre par chambre lors de mon départ pour savoir si j'avais été admis ici. Je secoue la tête, chassant les mauvaises pensées de mon esprit, et là, mon regard s'arrête sur un visage que je connais. Hein ? Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Je suis arrêté, la fixant comme si je venais de voir un mort. Je finis par m'avancer vers sa fenêtre sans pour autant rentrer dans sa chambre, et je prends la parole. "Bah t'étais passé où toi ?" C'est plutôt elle qui devrait me demander ça, mais j'ai toujours aimé retourné les situations à mon avantage... •

Alek ? Qu'est-ce qu'il faisait ici ? Nos regards se croisa et le jeune homme s'arrêta au niveau de la vitre qui donnait dans le couloir. « Bah t'étais passé où toi ? » J'haussais les sourcils avant de finalement lui lever mon majeur. Il était sérieux ? Ce n'était pas moi qui avais tout plaquer pour faire ma crise d'adolescence. Et puis finalement, je me mis à sourire et à lui faire signe d'entrer. J'aimais bien emmerde Alek et c'est vrai que pour le coup, ça faisait un bail que je ne l'avais pas vu. C'était chouette de voir sa tête blonde dans le coin. Est-ce qu'il était revenu à la raison ? Quelle était son excuse pour être parti de cette manière ? J'aurais tellement aimé lui poser ces questions, mais je crois que c'était à lui d'en parler de lui-même. Je supposais qu'aucune décision n'était facile à prendre et évidemment ce ne devait pas être si facile de revenir dessus. « Et toi, t'étais passé où ? » que je lui demandais alors, un sourire aux lèvres alors qu'il passait finalement la porte de ma chambre d'hôpital.

• La dernière fois que j'ai mis les pieds ici, ça remonte à plusieurs années, lors de la naissance de mon fils. J'suis pas quelqu'un qui aime fréquenter les hôpitaux. Ici, je me remémorais ce souvenir, ce jour si exceptionnel ou tout était encore parfait dans ma vie. J'avais l'impression de revivre, de découvrir ce qu'était vraiment la vie à cet instant précis, c'était beau, mais c'était déjà si loin. Depuis, tout avait changé, l'amour avait laissé place à la guerre, belle vie. Me dirigeant vers la sortie, je m'arrêta net lorsque du coin de l’œil j’aperçois ce visage. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Dans cet endroit ? Je ne sais pas, j'ai juste droit à un beau doigt d'honneur. Sérieusement ? Direct elle attaque sans prendre le temps de me sourire ? J'vais la taper elle. J'sais pas si on a déjà eu une vrai discussion, enfin si, on en a déjà eu, mais à chaque fois ça finissait par se clasher. Bref, je rentre dans sa chambre, poussant la porte comme si j'étais le mec le plus dégouté du monde, et je me dirige directement vers son lit, me laissant tomber dessus. "Demande un autre matelas, le tient est pourri." Pas de bonjour, rien, pas le temps pour les politesses. Je reporte mon attention sur elle, la regardant face à cette fenêtre, et je hausse les épaules à sa question. "Un peu partout en fait, tu savais qu'on trouve les meilleur tacos des states dans les petites campagnes ?" Rien à foutre, je le sais bien. •

Alek semblait dégoûté de se trouver à l'hôpital. Je pouvais le comprendre, ce n'était pas un lieu très attirant. Mais d'un autre côté, je ne pouvais qu'être à la fois surprise et amusée de le voir arpenter les couloirs froids des lieux. Que faisait-il ici ? Lui qui était parti durant des mois sans rien dire, plaquant tout. C'était tellement bizarre de le voir à nouveau parmi nous alors que pendant longtemps, je m'étais imaginée ne plus jamais le revoir. Le pire, c'est que c'est lui qui me demande ce que moi, je devrais lui demander. Il était passé où ? En réponse : un sourire et un doigt d'honneur. C'était habituel pour nous finalement de se comporter de la sorte, comme des gamins un peu. Il entrait et se laissait tomber lourdement sur mon matelas, juste le temps pour moi de me pousser un peu. « Demande un autre matelas, le tien est pourri. » Il a cru que c'était l'hôtel ? Je ne réponds rien, juste un sourire en le regardant. Je préfère attaquer dans le vif du sujet. Il était passé où ? « Un peu partout en fait, tu savais qu'on trouve les meilleur tacos des states dans les petites campagnes ? » Je pouffais de rire en le regardant, grimaçant un peu sur la fin. « Tu as quitté femme et enfant pour trouver les meilleurs tacos des states ? » que je lui demandais d'un air amusé. Quand il était parti, j'étais enceinte et Osean n'était pas encore au courant. Il s'était passé beaucoup de choses depuis.