don't worry, you're the only one (jusia)

Être simple vacancier au summer camp, ce n'était pas plus mal si ce n'est mieux. Ok la compétition entre équipes c'était cool mais Jules préférait largement garder une indépendance totale sur ses vacances plutôt que de devoir se plier à un emploi de temps dont il n'avait absolument rien à foutre. Faire la grasse matinée et se lever à midi, prendre une douche en pleine après-midi alors que d'autres étaient sûrement en excursion, c'était ça la liberté. Puis, il était en couple maintenant, fallait pas l'oublier ça parce que ça changeait pas mal de choses, dans son quotidien comme en lui. Presque cinq mois déjà. Autant dire qu'il se surprenait lui-même bien que toujours à redouter le moment il où gafferait. Tôt ou tard, il finirait par tout faire foirer, Jules le savait. Ça avait toujours été comme ça alors pourquoi ce serait différent cette fois-ci ? Parce qu'il acceptait enfin ses sentiments pour la blonde ? Parce qu'il était amoureux ? Non, c'était écrit quelque part, dans son destin ou une connerie du genre, il en était persuadé. Séchant rapidement son corps une fois sorti de la douche, il enfila une serviette autour de sa taille avant d'aller chercher de quoi s'habiller dans la commode de la chambre. Ana était assise en silence sur le lit, son portable à la main et rien qu'à voir la tête qu'elle faisait, le mather pouvait deviner qu'un truc n'allait pas. Elle avait ce même air boudeur de d'habitude et lui adressait à peine un regard alors c'était plus qu'évident qu'il y avait un truc. Il la connaissait assez depuis le temps.  "Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-il en faisant volte face, un t-shirt à la main. Il sentait qu'elle allait lui reprocher encore quelque chose même s'il ne savait pas quoi. Comme au bal, comme avant... C'était toujours sa faute, de toute façon.

J'avais encore envie de profiter du lit, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais refusé de venir prendre une douche avec Jules. Je n'étais pas très bien réveillée et ayant dormi plus de dix heures sans m'arrêter, j'avais un peu la tête dans le cul. Il me fallait du temps et pour cela, je venais à faire le tour d'internet sur mon portable, laissant le temps à mes yeux de faire le point d'eux-même. C'était mal, une très mauvaise habitude, mais que voulez-vous ? Puis en surfant sur instagram, mon cœur se serra. Une réaction idiote face à une photo que j'avais sous les yeux, une photo que Jules avait partagé. Lui, portant sur son épaule une jeune femme au couché du soleil. Je n'étais pas jalouse, mais peut-être un peu. Il y avait quelque chose qui me gênait dans la proximité qu'il y avait entre eux, tellement que je m'en sentais coupable de tomber là-dessus. Quand j'entendis la porte s'ouvrir, je me redressais pour m'asseoir dans le lit, essayant de masquer mon mal être. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? » J'haussais les épaules l'air de rien. Il me connaissait si bien que ça ? « Rien » que je confiais simplement avant de laisser retomber mon portable sur le matelas avec l'écran toujours allumé. Sur celui-ci on pouvait y voir la fameuse photo. Je n'avais pas honte de me sentir mal, enfin... je crois. Mais là, dans l’immédiat, je n'avais pas envie de savoir ce qu'il allait penser de tout cela.

Rien, il n'y avait rien, bien sûr. Comme s'il allait avaler ça. Jules aimait peut-être faire celui qui ne voyait rien pour certaines choses mais bon, il n'était pas stupide non plus. Ana pouvait lui dire ce qu'elle voulait, il voyait bien que quelque chose n'allait pas. Elle le regardait à peine, n'était pas bavarde...  Elle le fuyait et étrangement, ça lui rappelait une situation similaire lors du bal... Souvenirs dont il se passerait bien. Lâchant un soupir, le mather laissa retomber le t-shirt qu'il tenait dans ses mains avant de s'avancer vers la blonde qu'il ne quittait pas des yeux. "Joue pas à ça avec moi Ana." lança-t-il d'un ton ferme, une légère pointe d'agacement dans la voix tandis que son expression faciale se voulait toujours aussi calme. Soupirant de plus belle, son regard se détourna de la jeune femme pour venir se poser sur son portable. Jules s'en empara aussitôt pour voir de plus près et... tiens donc, la photo instagram de lui et Noora. Simple coïncidence ? Certainement pas non. Ce n'était pas difficile de faire le rapprochement et de deviner quelle était la source du problème. "T'es sérieuse là ?" demanda-t-il en reportant son attention sur Anastasia. Cette histoire le saoulait déjà. Avait-elle si peu confiance en lui que ça ? Ouais franchement, il ne comprenait pas. Elle était passée où, la femme si sûre d'elle qu'il connaissait ? "C'est cette photo qui te dérange ?" Il lui mit le portable juste le nez avant de le balancer sur le lit, plus par agacement qu'autre chose puisque elle savait très bien où il voulait en venir. Le bracelet, la photo, ça allait être quoi ensuite ?

Rien ou presque. Bien sûr qu'il se tramait quelque chose dans ma tête. Et bien sûr, Jules me connaissait assez pour savoir que ça n'allait pas. « Joue pas à ça avec moi Ana. » Qu'est-ce qu'il voulait que je lui dise exactement ? Je sentais que ça le mettait de mauvais poils et je n'avais pas envie de me bagarrer dès le matin. Nous étions en vacances et je voulais que l'on garde ce côté serein que l'on pouvait avoir pendant des moments pareils. Puis, il s'approcha à nouveau, attrapant mon portable et regarda la photo instagram que je venais de voir. « T'es sérieuse là ? C'est cette photo qui te dérange ? » Il perdait déjà patience, ça se voyait à sa façon de me parler, de balancer le portable plus loin. Je laissais échapper un soupir, ma main venant frotter mon front doucement. « Ce n'est pas ça... » Non, ce n'était pas tellement ça le fond du problème. Je soupirais à nouveau, ne sachant pas tellement comment aborder le sujet. « Je te fais confiance, c'est pas un problème de te savoir avec des filles. Je te fais confiance. » Et j'étais sincère à ce sujet. « C'est juste moi. Quand tu t'amuses avec tes amis de cette façon, de mon côté, je suis ici. Je n'ai pas de personne autre que toi avec qui partager des moments joyeux. J'ai mes sœurs, mais je n'ai pas d'amis en quelque sorte. Parce que je n'arrive pas à m'en faire... » lui confiais-je en haussant les épaules et en pinçant mes lèvres. En réalité, j'arrivais très bien à me faire des ennemies. Mais mes amis, ils partaient tous.

Oh, ce n'était pas ça. Donc elle n'en avait rien à foutre de cette photo et ne faisait pas la gueule à cause de la fille qui se trouvait dessus ? Très bien. Tant mieux, parce que sinon ça montrerait là un vrai manque de confiance de la part de la blonde. Ana venait peut-être de lui prétendre le contraire et pourtant, le mather avait du mal à la croire. Il en avait envie, c'est clair, mais c'était pas possible. Avec toutes les crises de jalousie qu'elle lui avait déjà fait par le passé, justifiées ou pas, c'était difficile de se dire que son silence ne se résumait pas à ce post instagram. M'enfin, puisqu'elle était décidée à parler, il allait l'écouter. Toujours silencieux, les traits de son visage se détendirent quelque peu alors qu'il l'observait, prêt à entendre ce qu'elle voulait lui dire. Et quelle ne fut pas la surprise lorsque la blonde lui confia le fond de ses pensées. Elle n'avait que lui. Pas d'autres amis à part lui. Elle était seule, en quelque sorte. Voilà quelque chose auquel il ne s'attendait vraiment pas et pourtant... Pourtant vu la manière dont elle abordait le sujet, c'était évident que ça affectait Ana, qu'elle ne disait pas ça juste pour recevoir de l'attention. "Ne dis pas ça..." lâcha Jules avant de s'asseoir sur le lit à côté de la jeune femme. "On était pas juste des amis, avant ?" Un petit sourire aux lèvres, le mather tentait tant bien que mal de la rassurer, comme il le pouvait du moins. Dire qu'elle ne pouvait pas se faire d'amis, c'était n'importe quoi, c'était complètement faux surtout. "J'suis sûr que c'est juste une impression. Mais si c'est vraiment ça qui t'inquiète, tu devrais passer un peu plus de temps avec tes soeurs, Rosie n'attend que ça." Il marqua une courte pause, le temps de s'emparer du portable et de quitter la page instagram, puis il ajouta : "Viens avec moi la prochaine fois que j'ai un truc de prévu, y pas de raison que tu ne t'intègres pas Ana. Et tu devrais peut-être penser à rejoindre une confrérie au lieu de rester dans ton coin, ça te changerait." Ça pouvait paraître stupide mais pourtant, c'était le meilleur moyen aux yeux du français pour rencontrer du monde et faire des connaissances.

Je ne voulais pas qu'il pense que je ne lui faisais pas confiance parce que ce n'était pas le cas. Je faisais confiance en Jules. Je ne doutais pas étant donné que nous avions mis beaucoup de temps à se chercher, à s'accepter et que nous avions vécu les événements forts lui et moi. Puis, nous étions deux handicapés sentimentaux. Ni lui, ni moi n'avions vraiment envie de se mettre en couple dans le fond. Mais il y avait un lien fort entre nous et voilà pourquoi nous en étions là aujourd'hui. Il avait saisi le portable et le regard qu'il me lançait me serrait le cœur. Il ne comprenait pas bien sûr. Qui pourrait comprendre ? C'est alors que je me laissais aller à des explications très... personnelles. Je n'avais pas d'amis. J'arrivais à me faire des ennemis, mais je n'avais pas de personne avec qui partager des moments de complicité autre qu'avec Jules ou mes sœurs. « Ne dis pas ça... On était pas juste des amis, avant ? » s'exclame le mather en venant s'asseoir à mes côtés. Pour ma part, j'haussais simplement les épaules en le regardant. « Nous n'avons jamais vraiment été des amis » on a rapidement couchés ensemble. Je laissais échapper un soupir, venant replacer l'une de mes mèches. « J'suis sûr que c'est juste une impression. Mais si c'est vraiment ça qui t'inquiète, tu devrais passer un peu plus de temps avec tes sœurs, Rosie n'attend que ça. » Je le regardais à nouveau. « Je sais. Mais quand je parle d'amis, j'aimerais que ce soit autre que toi et mes sœurs tu vois... » Sinon, ça n'avait aucun intérêt à vrai dire. Lui, il avait des meilleurs amis non ? Le mien était parti sans dire un mot. « Viens avec moi la prochaine fois que j'ai un truc de prévu, y pas de raison que tu ne t'intègres pas Ana. Et tu devrais peut-être penser à rejoindre une confrérie au lieu de rester dans ton coin, ça te changerait. » J'haussais les sourcils, surprise par ce que je venais d'entendre. Une confrérie ? Je grimaçais légèrement en regardant mon petit ami. « Je ne sais pas si c'est une bonne idée... et puis, quelle confrérie ? » La lowell ? J'avais essayé et ça n'avait pas fonctionné. Je n'étais pas une grande fan des confréries, qu'on se le dise.

Tenter de rassurer Ana, c'était comme essayer de donner un bain à un chat : vraiment mais vraiment très compliqué. Jules faisait du mieux qu'il pouvait pour trouver les mots, lui faire comprendre ce qu'elle devait entendre mais la blonde était bien trop têtue. Enfermée dans son idée que non, il lui était impossible de se faire des amis. Chose complètement ridicule aux yeux du mather même s'il ne le lui dirait pas. Il ramait en plus d'avoir le sentiment que rien de ce qu'il ferait n'arrangerait quoi que ce soit. Ils n'avaient jamais vraiment été amis. Ok, sympa. Sur ce coup, ils ne voyaient clairement pas les choses de la même façon. Parce qu'ils s'étaient mis à coucher ensemble, ils n'étaient pas des amis ? N'importe quoi, again. Mais Jules ne releva pas, parce qu'il lui en fallait davantage pour se vexer et se prendre la tête. Le passé restait le passé alors ouais, il n'en avait que faire de ce qu'ils étaient avant. Ce qui comptait, c'était maintenant. Et apparemment, ni lui ni ses soeurs ne suffisaient à Ana. Est-ce que c'était une manière de lui dire qu'elle se sentait seule ? Ou rien à voir ? Parce que si c'était le cas, il ne comprenait pas. En tout cas, si quelque chose le saoulait là, c'était de la voir tirer la gueule pour rien. C'était pas censé être lui, le relou du duo ? Le mec jamais content et qui ne connaissait pas la joie de vivre ? Si, enfin normalement. Mais faut croire que les rôles étaient inversés. "Quelle confrérie ? Tu poses vraiment la question ?" rétorqua-t-il en souriant avant d'agripper les poignets de la blonde pour la faire basculer en arrière. Ses genoux entourant la taille de la jeune femme, il se pencha vers son visage, l'observant d'un air taquin. "Les mathers t'accueilleraient les bras grands ouverts." lui souffla-t-il au creux de l'oreille avant de venir déposer ses lèvres dans son cou, goûtant à la douceur de sa peau au fur et à mesure des baisers qu'il lui donnait. Ce n'était sûrement pas la réponse qu'elle attendait mais c'était tout aussi bien, non ? Jules savait qu'elle n'était pas fan des confréries et encore moins de la mather, c'est d'ailleurs pourquoi il n'était pas vraiment sérieux dans ses paroles. Juste lui faire décrocher un sourire, c'est ce qu'il voulait.

C'est vrai qu'avec Jules, nous n'avions jamais été des simples amis. Nous avions toujours été plus que cela. Il y avait toujours eu cette alchimie qui faisait que c'était plus... fort. Sincèrement, je n'étais pas certaine que c'était une point positif que d'avoir d'autre relation dans ce style. Ouais, ça ne serait pas un avantage pour notre couple que de me voir aussi proche de mes amis. Jules ne relevait pas et mon sourire s'effaçait peu à peu. Je ne voulais pas me dénigrer, loin de là, mais comme en amour, en amitié j'avais du mal à me laisser aller. Jules devrait le savoir. La discussion continuait et le mather me proposait de rejoindre une confrérie afin de ne plus me sentir seule. Je devais m'intégrer et me faire des amis. Ouais... Je n'étais pas certaine pour le coup. Je n'avais jamais aimé les confréries alors pourquoi aujourd'hui ? « Quelle confrérie ? Tu poses vraiment la question ? » Un large sourire vint illuminer mon visage. Sans en dire plus, Jules attrapa mes poignets pour me faire basculer sur le lit et donc, me retrouver sous lui. Je me laissais faire sagement, plutôt contente de me retrouver dans cette position pour le coup. « Les mathers t'accueilleraient les bras grands ouverts. » Je ne pus m'empêcher de rire. Les mathers ? Sérieusement ? Je n'en étais pas si sûr. Mais j'aimais trop la suite des événements pour reprendre la parole. Les lèvres de Jules vinrent effleurer ma peau, descendant le long de mon cou. Je ne pouvais m'empêcher de sourire et de fermer les yeux avant de finalement... « Ou bien les eliots ? » Pourquoi pas les eliots ?

Bah voilà, un sourire, ce n'était pas si compliqué tout de même ? Quoique si, après tout c'était à lui que l'on reprochait de faire la gueule les trois quarts du temps. Mais bref, c'était pas le cas là, il était trop bien dans ce lit avec sa blonde à ses côtés. Le mather était soudainement devenu d'humeur taquine et même coquine sans trop savoir pourquoi, peut-être la conversation qui l'inspirait, allez savoir. C'est vrai que l'idée de la voir rejoindre une confrérie et particulièrement la sienne, celle des meilleurs, la mather house, n'était pas si mal que ça. Ce serait bizarre mais à la fois drôle, surtout s'il devenait son bizuteur. Ouais, ça lui plaisait carrément en fait d'imaginer ça alors qu'il était occupé à couvrir le cou d'Ana de baisers. Il se rapprochait dangereusement des lèvres de la jeune femme lorsque celle-ci reprit la parole, le stoppant net dans son élan. Jules releva aussitôt la tête, assez brusquement même, choqué par ce qu'il venait d'entendre. "Quoi ?" Elle avait bien dit eliot ou son audition lui jouait des tours ? Anastasia Reynolds ou l'art et la manière de le refroidir en deux secondes chrono. N'empêche qu'il ne la quittait pas du regard là, la jaugeant comme pour deviner si elle se foutait de sa gueule ou s'il était bel et bien dans un cauchemar. "C'est une blague ? Tu plaisantes j'espère." Manquerait plus que ça, tiens, sa petite amie chez les eliots. C'était le monde à l'envers là, ouais, carrément. Ok, il ne prenait pas part à la guerre inter-confréries et il appréciait certains membres de la eliot house mais quand même. Il y avait des limites.

Rejoindre une confrérie ? Je n'en savais trop rien. Je devais avouer que ce n'était pas le premier truc auquel je pensais quand je me plaignais de ne pas me faire d'amis. C'est vrai que je n'avais pas toujours compris les guerres que se faisaient les confréries et que je n'aimais pas l'idée de me coller une étiquette. Mais... Ouais, il y avait un mais désormais. Pourquoi pas essayer ? J'étais curieuse de savoir quelle était l'idée derrière la tête de De Lacroix. Les mathers, bien sûr. Je riais pour montrer mon désaccord. Je ne serais pas une très bonne mather, j'étais trop maniérée et peut-être que j'aurai plus de chance chez leurs ennemis. « Quoi ? » Pour le coup, mon petit ami avait totalement arrêté les baisers qu'il m'offrait jusqu'ici. D'une moue boudeuse, je me redressais un peu en le regardant. « C'est une blague ? Tu plaisantes j'espère. » Je plissais des yeux en le regardant toujours. « Non, ce n'est pas une blague. » Et puis finalement, je me laissais retomber sur le lit en posant mes mains sur ses avants bras, ne voulant pas qu'il s'échappe. « Tu es en train de me dire que je peux aller dans une confrérie pour me faire des amies, mais qu'elle doit te convenir ? Je ne peux pas me faire des amis chez les eliots ? Je pensais que tu t'en fichais de leur gu-guerre puérile... » Ça changeait quoi que je sois lowell, eliot ou cabot ?