Helena Tali Reilly ► Brynja Jónbjarnardóttir

« Tu suivras ma lignée et tu seras avocate. » J’hochais péniblement la tête. Mon paternel me dévisageait lentement, guettant mes moindres réactions. Il m’intimidait tellement que la seule réaction qui vint à mon esprit fut d’approuver son affirmation. Ce n’était même pas une question, mais c’était une directive. J’étais obligée de me diriger vers cette voie. Adieu mes cours de ballet, où il fallait l’avouer, j’étais plutôt douée. Adieu mes chaussons, adieu mes tutus. Adieu la douce musique. Adieu mon rêve de devenir la prochaine danseuse étoile. Adieu les arts. Adieu mon rêve, ma passion, ma vie. Car oui, il fallait le dire, j’étais plutôt une artistique dans l’âme. La scène était ma maison, là où je me sentais le mieux. Et ce n’était sûrement pas le cas dans un tribunal. Mon père ne voulait pas que je suive des études d’arts. Pour lui, ça n’avait pas d’avenir et ça rapportait peu. Enfin bon. Mon grand frère, Marshall, avait subi la même pression avant moi. Mais lui, il avait su se montrer opposant et avait refusé. Je n’étais pas aussi forte que lui. Et je le savais. Je l’admirais pour tout cela. Je savais aussi que dès qu’il apprendrait que j’entreprenais ces études là, il ne serait pas content. Mais bon, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie alors… C’est dur quand on nous demande de choisir à cet âge.

Moi la petite Helena, du haut de mes dix huit ans, j’étais encore jeune et pas encore majeure aux Etats Unis. Ma famille avait toujours vécu à Cambridge, donc c’est tout simplement que je naquis ici. Harvard, c’était notre université. Celle où nous étions destinés. Pour moi, entrer n’était aucun problème. Mes bons résultats ainsi que mes nombreuses expériences servirent et je pus donc m’inscrire à cette prestigieuse université. Le grand souci : pas pour exercer ce que j’aimais dans la vie. Je m’étais résignée : j’avais choisis le droit. Ca mettait mon paternel heureux et fier de moi. Alors quoi de mieux ? Le point positif dans tout ça, c’est que j’allais retrouver mon grand frère. Comme il me manquait. J’avais hâte de le revoir.

D'un autre côté, j'espérai que même si j'étudiais en droit, j'allais pouvoir entrer dans le clan des Lowell. Partager mes points de vue étant artiste pourrait bien m'aider moralement dans la continuité de mes études. Harvard me terrifiait d'un côté, mais me plaisait d'un autre. J'étais très partagée. Et j'allais bientôt donner raison sur un ou l'autre côté de la balance.