cause something keeps pulling me back to you (harrova)

the more you care the more you have to lose
— @PHILIP HARRISON

Vision troublée, la gorge en feu et l'euphorie s'emparant de son esprit, Ludmila se déhanchait, son coeur battant au rythme de la musique. Elle avait perdu toute notion du temps, n'ayant pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait être ni d'où est-ce qu'elle se trouvait exactement. Une soirée au bord du lac, c'est là qu'elle avait été invitée, tout comme la majorité des étudiants d'Harvard présents au Laos. Encore une fois, la blonde s'était lâchée, un peu trop même vu l'état dans lequel elle se trouvait. Mais c'était le summer camp alors elle était dans ses droits, elle aussi, non ? D'autant plus que les trois quarts de ses confrères eliot se trouvaient sur un bateau à mille lieux d'ici, sûrement occupés à en faire de même. Aucune raison de s'en faire donc puisqu'elle n'était qu'une vacancière parmi tant d'autres ayant bien l'intention de mettre à profit ces deux mois et de ne rien regretter à la rentrée. Rien ou presque. Balançant lentement sa tête en fredonnant les paroles de la chanson qui défilait, la demoiselle tentait tant bien que mal de se déplacer dans la foule, tenant fermement son verre en main. Elle ne savait absolument pas où elle allait et s'en contrefichait d'ailleurs. Ce qui la dérangeait, c'était le trop plein de monde qui l'emportait de gauche à droite jusqu'à ce qu'elle ne vienne percuter quelqu'un, lui procurant un sursaut par la même occasion. "Philip... ?" Surprise, Ludmila laissa son regard se balader sur le jeune homme avant de placer sa main contre sa bouche pour retenir un rire. Elle venait comme qui dirait de lui renverser son verre dessus et si d'ordinaire, une réplique bien cinglante aurait suivi, cette fois la blonde était trop enthousiaste pour que sa soirée ne soirée ne soit gâchée. Même si elle avait devant elle la personne qu'elle détestait le plus au monde. Même si d'habitude, elle se serait laissée submerger par un tas d'émotions négatives venant prendre possession de son être. Aucun regard assassin, aucune once de rancune, ni dans sa voix, ni dans ses yeux. Pas ce soir. Il était là et elle aussi, c'est tout.

Une bière à la main, l’humeur légèrement grisée par les effets de l’alcool, tu déambules parmi la foule des fêtards à la recherche de cette jolie blonde que tu dragues depuis deux jours. T’es certain de pouvoir conclure ce soir avec elle, reste juste à la retrouver au milieu de tout ce monde. T’as reçu un sms la veille pour t’informer qu’une soirée est organisée autour du lac pour l’ensemble des étudiants d’Harvard présents au Summer Camp alors forcément tu réponds présent en sachant que ta cible sera là également. Après avoir quitté Marin avec qui tu discutais depuis un moment, tu te mets donc en quête de la fille lorsque tu es percuté de plein fouet par une blonde, pas vraiment celle que tu cherchais de base. Un peu sous le choc de cette rencontre inattendue, tu constates que le contenu de son verre a fini par atterrir sur toi et tes fringues, de quoi bien coller et sentir l’alcool. Mais à vrai dire cela ne passe qu’au second plan tellement t’es surpris. Tu n’avais pas vu Lud depuis le désastreux soir du bal de fin d’année. Ni vue, ni croisée de loin, ni parlé, rien. Le néant complet. Aucun signe de vie. Et pour être honnête, tu comprenais parfaitement pourquoi. Tu lui avais proposé d’être son cavalier pour lui rendre service et au final tu l’as surtout mise dans l’embarras en te battant devant tout le monde. Normal que son ressentiment envers toi, déjà pas mal costaud avec votre historique, n’ait fait qu’augmenter. Tu l’imagines déjà te lancer ce fameux regard noir dont elle te réserve l’exclusivité, pourtant cette fois-ci il n’en est rien. Au contraire, elle semble essayer de cacher son rire avec sa main, mais son sourire la trahit. Contrairement à d’habitude, elle n’a pas l’air d’être particulièrement énervée de te voir. L’effet de l’alcool sans aucun doute. Tu te demandes combien de verres elle a bu pour parvenir à ne pas être d’emblée désagréable avec toi. « Lud, ça va ? T’as l’air d’être pas mal éméchée. » En comparaison, tu parais parfaitement sobre. Avec un peu de recul toutefois, tu réalises que souligner son état d’ébriété n’est pas le meilleur des bonjours que tu aurais pu lui adresser. Mais en même temps, tu n’allais pas lui présenter une énième fois tes excuses.

the more you care the more you have to lose
— @PHILIP HARRISON

En cet instant précis, Ludmila était sur son petit nuage et absolument rien ni personne ne pourrait l'en déloger. La tête ailleurs, elle n'avait même pas fait attention à son verre qui venait malencontreusement de se renverser sur le winthrop, ce qui la faisait d'ailleurs rire comme une gamine de trois ans. Parce que c'est ce qu'elle était, en cet instant, une gamine. Si bien que lorsqu'elle constata que sa maladresse ne fit même pas rager le jeune homme et que celui-ci ne bronchait pas, la blonde afficha une petite moue boudeuse, déçue par la réaction à laquelle elle avait droit. Certes, elle n'avait pas fait exprès mais ça aurait été tellement amusant de le voir s'énerver... Enfin tant pis, une prochaine fois peut-être. "Qu'est-ce qui te fait dire ça ? De nous deux, c'est quand même toi qui pues l'alcool, pas moi." répondit-elle avec fierté, son sourire amusé réapparaissant sur son visage alors qu'elle faisait référence au verre qu'il venait de se prendre sur ses vêtements. Elle, moqueuse ? À peine. Mais bon, puisque ça ne dérangeait pas le winthrop, autant en profiter. Il savait qu'il n'avait rien à dire de toute façon. Et dans le cas contraire, Lud ne prendrait même pas la peine de l'écouter, encore moins alors qu'elle était saoule. Elle avait peut-être la tête plus légère mais elle n'était pas complètement inconsciente pour autant. La demoiselle savait bien qui elle avait en face de lui, ce qui lui donnait d'ailleurs encore plus de libertés. "Bon, j'ai soif moi ! Tu m'offres un autre verre ou je dois aller demander à quelqu'un d'autre ?" Théoriquement, c'était plutôt à elle de lui offrir quelque chose étant donné que c'était sa faute s'il était trempé mais peu importe. La Petrova ne lui avait même pas laissé le temps de répondre que la voilà déjà partie en direction du bar, prenant une à une les bouteilles en essayant tant bien que mal de deviner ce qu'elles contenaient. Déjà qu'elle ne s'y connaissait pas trop en alcool, si en plus elle n'arrive même pas à lire ce qui était écrit dessus... "Tu veux bien choisir pour moi ? Ça me donne mal à la tête de déchiffrer les étiquettes." demanda-t-elle en tournant la tête en direction du Harrison qui avait fini par la rejoindre. Au moins, il lui servirait à quelque chose pour une fois.