SAGELLE + Ne lâche jamais ma main.

Le trajet était long, terriblement long et j'avais pas arrêté de penser à Ashleigh, de penser à Lucky qui, j'avais appris récemment ne venait pas au Summer Camp. C'était comme si j'me retrouvais toute seule malgré le nombre de personnes que j'pouvais connaître, aucun d'eux n'était Ash', aucun d'eux n'était Lucky et aucun d'eux ne me connaissait comme elles. Le seul qui s'en rapproche à peu près, c'était Max' et c'est pour ça que je m'étais imposé en prenant la place de sa coloc' de chambre. J'lui ai pas vraiment laissé le choix en fait, et dormir à deux pas d'un inconnu, ou pire.. Tout seule, très peu pour moi. - Merci ! Que je lance au réceptionniste à lunette en attrapant la carte de notre futur chez nous pour l'été. J'me retourne, prend mon bagage à main et une valise que j'fais rouler, j'regarde la deuxième dépitée. J'avais trop mal aux bras ! J'penche la tête légèrement sur le côté, regardant Max' avec un air de chien battu. - Tu me la porte ? J'ai mal aux mains moi.. Que j'dis en hochant la tête en espérant lui insuffler un peu de pitié. J'lui laisse pas vraiment le temps de répondre que je m'étais déjà retourné vers l'ascenseur, entrant à l'intérieur et jetant un coup d'œil sur notre carte électronique. - Dépêche toi ! Les portes métalliques étaient déjà en train de se refermer, souriant à l'intérieur, j'regardais Max' se débattre avec les valises en face de moi.

On arrivait enfin à l'hôtel après un long voyage. J'étais crevé sincèrement, j'hésitais entre dormir et sortir visiter la ville un petit peu. Même si j'aurais le temps de le faire pendant près de deux mois, j'étais tellement impatient que l'envie d'y aller sur le champ me tentait bien. Enfin, cela ne serait peut-être pas possible car je partageais ma chambre avec Sage. Cette fille était franche, grande gueule et très belle. Ouais, moi, je partageais ma chambre avec un canon de beauté. Elle m'impressionnait et en même temps, je m'amusais à la taquiner. Mais elle me sortait de mes pensées, me demandant avec une magnifique tête de chien battue de prendre sa valise. J'étais faible, je ne pouvais pas résister, alors j'attrapais sa valise que je tirais en la suivant, en plus des miennes. J'étais plus lent qu'elle évidemment, et en arrivant à l'ascenseur je me retrouvais comme un con bloquait avec toutes ses valises. Et évidemment, Sage ne m'aidait pas. Après plusieurs secondes de galère et de honte, j'arrivais enfin à rentrer. « Il ne te serait pas venu à l'esprit que tu aurais pu m'aider ? » demandais-je en levant les yeux au ciel, mais gardant un petit sourire accroché aux lèvres. Elle avait les clés, je ne savais pas où se trouvait notre chambre alors je la suivais en silence jusqu'à la dite chambre. Et en rentrant à l'intérieur, le mec pauvre que j'étais se retrouvait émerveillé face à cette splendeur. « Putain c'est beau, je pourrais passer ma vie ici ! » lâchais-je en souriant tel un enfant devant son cadeau de Noël.

J'me voyais pas partager ma chambre avec quelqu'un d'autre que Max.. Lui, il était différent des autres. Il n'était pas comme eux, et j'crois bien que c'est ce qui fait qu'avec lui, j'arrive à me lâcher un peu plus, à avoir confiance et de ne pas me braquer ou être crispé à chacun de ses contacts. Au contraire, il y en avait très peu pour ne pas dire quasi inexistant, beaucoup trop coincé et pas du tout entreprenant avec les femmes qu'il me faisait presque de la peine. Je le regarde se débattre avec ses valises et la mienne aussi, la paille de mon jus de fruit bloquée entre mes dents, j'peux pas m'empêcher de rire devant la scène. Il parvient à monter in extremis dans l'ascenseur, et j'me décale légèrement pour lui laisser la place et m'asseoir sur une des valises. - Non.. J'te trouve tellement sexy quand tu fais des efforts que j'ai préféré regarder ! J'lui lance un regard provocateur, accompagné d'un sourire malicieux. Je te titille, je sais que ça te met mal à l'aise et moi j'adore ça. J'me dit qu'à force, tu finiras par prendre l'habitude et t'arrêtera d'être intimidé par n'importe quelle meuf. T'as tout pour être sûr de toi, et moi je veux bien te le prouver de toutes les manières possibles si tu m'laisse faire.. Les portes métalliques s'ouvrent enfin, longeant le couloir et regardant de nouveau notre carte. - Chambre 146. Que je murmure à moi même en levant les yeux pour la chercher. 142, 144, 146.. Je tombe nez à nez avec elle, fais glisser la carte et la porte s'ouvre comme par magie. J'entre à l'intérieur, et le premier truc que j'fais c'est de me laisser tomber sur le lit. Le seul lit de la chambre en fait. - Et tu crois que tu pourrais passer ta vie à dormir à côté de moi aussi ? Que j'demande en attirant son attention vers moi.

Le summer camp commençait bien. Je me retrouvais bloqué entre deux portes d'ascenseur à essayer de faire rentrer bien trop de valises que je ne peux réellement porter. Mais voilà, c'était Sage, je commençais à la cerner, alors je ne disais rien. Mais à ses paroles, je sentais directement le rouge me montait aux joues. « Arrête de dire n'importe quoi ! » lâchais-je avec un rire plus que gêné. Cette fille m'intimidait beaucoup trop. Bon, okay, toutes les filles m'intimidaient. Mais normalement c'est parce que je me dis qu'il pourrait se passer quelque chose avec elles. Sage, je sais qu'il ne se passera rien, pourtant elle arrive à me déstabiliser. Il fallait croire que j'étais vraiment faible. Sortant de l'ascenseur, je la suivais jusqu'à notre chambre. Et je me retrouvais émerveillé devant tant de beauté. D'ailleurs, j'étais tellement heureux de cette chambre, de la grandeur, de la décoration, de la vue, que quand j'entendais les paroles de Sage, je beuguais totalement. « Quoi ? » Je fronçais les sourcils, baissant les yeux vers elle pour remarquer qu'il n'y avait qu'un lit. Comment c'était possible ? Je pouvais pas passer deux mois à dormir à côté d'elle, non, impossible. « L'hôtel à fait une erreur, on doit redescendre avec eux et voir pour prendre une autre chambre avec deux lits tout de suite ! » Je commençais à attraper les valises de nouveau sans réfléchir. Juste l'idée de dormir à côté d'elle, ça me faisait flipper. Je ressemblais clairement à un ado de 15 ans prépubère, mais j'en avais rien à faire, c'était pas possible pour moi.

Roulant les yeux, ça me fatigue de l'entendre douter de ses capacités physiques. Il était franchement canon, et fallait être aveugle pour pas le voir.. Et moi, j'veux bien te le montrer si tu m'en donne la permission. En fait, même sans je ferais avec et tu douteras plus jamais de ce que tu es. - La ferme Max' ! Que je grogne sans le regarder, me focalisant plutôt sur les portes métalliques qui s'ouvrent sous nos yeux. On arrive rapidement jusqu'à notre chambre, et je m'allonge directement sur le lit. Le voyage m'avait achevé, je ferais bien une petite sieste tout à l'heure. Je regarde Max' admiratif devant notre suite, je pouffe un rire en voyant qu'il n'avait pas remarqué qu'on avait qu'un seul lit simple pour nous deux. Il reste con, me regarde dans l'incompréhension et mon sourire s'étire un peu plus. C'était pas ce qui allé me déranger en ce qui me concerne, mais vu la réaction -vexante- de Max' qui voulait à tout prix trouver une solution à ce "problème. Je me relève, efface mon sourire, et grimace en le regardant s'agiter tout seul pour un pauvre lit. - Ou tu peux dormir par terre aussi si ça te dérange tant que ça de dormir à côté de moi. Boudeuse, je me lève du lit en lui lançant un regard noir. J'venais lui retirer brutalement ma valise qu'il tenait encore entre ses doigts, la balançant au sol pour l'ouvrir et commencer à sortir mes affaires. - Ou trouver une autre chambre, solution radicale Dis-je le dos tourné, m'appliquant à défaire ma valise et replier un à un mes vêtements.

Je ne disais rien aux paroles de Sage, trop impatient d'arriver dans notre chambre. Et j'étais plus qu'heureux en voyant comme c'était beau. J'avais pas l'habitude d'être dans d'aussi beaux endroits, alors je comptais bien profiter au maximum. Mais Sage me sortait de mes pensées, pour me faire remarquer qu'il n'y avait qu'un lit dans cette fameuse chambre. Et après plusieurs secondes d'incompréhension total, je commençais à m'enflammer. Je pouvais pas dormir dans le même lit qu'elle. Je savais pas pourquoi, mais cela me gênait. Ca me mettait mal à l'aise. Le soucis, c'est que je commençais direct à attraper les valises et ça, ça ne plaisait pas à Sage. D'un coup, son sourire s’effaçait pour laisser place à une mine boudeuse. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas trop sa réaction. Et encore moins quand elle m'arrachait sa valise des mains pour l'ouvrir et ranger ses affaires. « Mais non, Sage, je ne veux pas changer de colocataire ! » disais-je en soupirant. Il fallait croire qu'elle avait mal pris ma réaction, et au fond, je pouvais le comprendre. Mais ce n'était pas le but, elle savait bien comment j'étais, elle aurait dû se douter que je réagirais comme ça. « Je suis content de partager ma chambre avec toi. » disais-je en lui souriant, essayant de capter son regard. « C'est juste que ça me gêne de dormir avec toi. C'est pas que je veux pas, c'est juste.. étrange. » Etrange car c'est mon amie, qu'elle est canon et que moi... bah je suis moi. Mais là, il fallait que je rattrape le coup. C'était le premier jour du summer camp, j'avais réellement pas envie qu'elle garde cette tête boudeuse. « On fera avec qu'un lit, mais tu te plaindras pas si je te frappe pendant la nuit, il paraît que je bouge beaucoup ! » disais-je en riant légèrement, espérant lui arrachait au moins un sourire.

Je lui tourne clairement le dos. M'agenouillant devant ma valise pour commencer à la défaire et ranger mes vêtements. J'lui avais même soufflé l'idée d'aller se trouver une autre chambre, une autre personne avec qui la partager même si, au fond, j'espérais qu'il reste. Qu'il ne parte pas. J'pourrais jamais dormir seule moi ici, j'en perdrais vite la raison. Mon coeur bat vite par la crainte de la solitude, la crainte d'entendre cette porte claquée et qu'il s'en aille. Sa voix se fait entendre, ça m'rassure, ses mots viennent effacer ma peur. Je garde un débardeur entre mes mains, l'écoutant en le regardant du coin de l'œil. - Tu sais ce qu'on va faire ? Que je lance en lâchant tout dans la valise, me relevant pour me tenir debout face à lui. - On va s'allonger tous les deux, et tu vas te laisser faire. J'attendais pas de réponse de sa part, ma main dans la sienne je l'entrainais avec moi jusqu'à ce lit. Je grimpais dessus, tapotant la place pour qu'il vienne me rejoindre. Je ris à sa prévention, plaquant ma main contre ma bouche en secouant la tête de gauche à droite. - Promis ! Je subirais en silence. Petit sourire en coin, je me laisse tomber sur le côté, repliant mes jambes, la tête sur le coussin et je regardais Max'. - Rapproche toi.. Soufflais-je sans le quitter du regard.

Elle était clairement en train de bouder, elle ne me regardait même plus. Et j'avais vraiment pas envie qu'elle fasse la gueule, tout ça parce que j'étais un idiot coincé. Mais bon, dormir dans le même lit qu'elle... Mon petit coeur avait dû mal à supporter cette idée. Alors j'essayais d'arranger les choses comme je le pouvais, essayant de trouver les mots. Je l'observais ensuite lâcher ses affaires, et je fronçais les sourcils à la suite de ses paroles. Qu'est-ce qu'elle fait ? Pourquoi elle veut faire ça ? Elle veut que je fasse une crise cardiaque et que je meurs directement au début du summer camp ? « Euh.. oui d'accord.. » disais-je peu rassuré, l'observant s'allongeait sur le lit et s'installait. Et donc ? Je devais y aller moi aussi ? Apparemment oui. Je soufflais un bon coup, essayant de cacher ma gêne du mieux que je le pouvais. Je riais légèrement à ses paroles et je m'approchais, m'installant sur le lit. Mais je n'osais absolument pas m'allonger à côté d'elle. Mais bon, j'avais pas le choix. En plus, elle me fixait. Alors je m'allongeais tranquillement, gardant quand même une certaine distance de sécurité histoire de me rassurer tout seul et de ne pas me sentir totalement mal. « Mmh, on fait quoi maintenant ? » demandais-je doucement, n'osant pas trop soutenir son regard. Non parce que moi, j'osais plus bouger là.

Max' était une putain d'énigme pour moi. J'avais tellement pas l'habitude de traîner avec ce genre de mecs, ni même de les fréquenter que sa façon d'être me dépasse. J'étais plongée dans le labyrinthe qu'est son esprit, tentant de déchiffrer son blocage envers les femmes. Sa réaction m'avait froissée, c'était comme si limite je le dégoûtait, comme si le simple fait de devoir dormir à côté de moi le répugnait. Il tente de se rattraper, mais j'avais une meilleure idée dans la tête et je venais à l'inviter à faire une sieste avec moi. Balayant mon cellulaire que j'avais jeté sur le lit, je viens prendre place et l'incite à venir me rejoindre. Peu confiant, l'appréhension se lisant sur son visage, il vient finalement s'allonger en gardant cette distance. Je le regarde, fronce les sourcils et étire mes lèvres dans un sourire en coin. Je grimpe sur lui dans un élan, ma chevelure agélaste brillant aux rayons du soleil, quelques mèches de cheveux effleurant sa joue. Je le regarde, sourire aux lèvres. - Tu viens de quelle putain de planète Max' ! N'importe qui aurait profité de l'occasion, aurait tenté une approche mais pas toi.. Un énergumène que je comprendrais sans doute jamais. Et ça me frustre. Je veux que tu me désire, que tu me regarde avec envie. J'arrête de sourire, mon regard devient plus sérieux, une main de chaque côté de son visage. - Je te fait de l'effet ?.. Je demande d'une voix plus sensuelle, rapprochant légèrement mon visage du sien. Assez pour que nos nez de touchent, mes yeux cherchant les siens joueurs. Putain, il est coincé mais c'est un truisme de dire qu'il est badass.

Je vivais un moment plus que gênant pour le coup. J'imaginais que de nombreux hommes seraient plus qu'heureux d'être à ma place en ce moment même. Et au fond, j'étais content. S'allonger dans le lit d'une fille aussi belle, juste à côté d'elle, on pouvait pas dire que ça m'arrivait très souvent. Alors je faisais un effort, j'y allais, je suivais ses paroles, je faisais ce qu'elle voulait. Parce que je voulais pas la vexer une seconde fois, même si j'étais gêné et paniqué au fond de moi. Mais bon, il fallait que je me calme et que je ne fasse pas tout un pataquès de cette histoire quand même. « Si seulement je le savais.. » rétorquais-je en soupirant légèrement. Au moins, on ne pouvait pas me mettre dans la catégorie gros lourd qui tente par tout les moyens de se tapaient les filles sexys. Non, moi, je restais correct. Parce que j'étais coincé, certes, mais correct. Et je me disais que les filles devraient préférés ça, mais pas toutes apparemment. Sauf que là, elle posait ses mains sur mon visage et.. oh mon dieu. Là, je sentais le rouge me montait aux joues, je ne pouvais plus du tout me contrôler, c'était devenu impossible pour moi. « Sage.. » commençais-je doucement, alors qu'elle avait l'air plus sérieuse, plus flippante. « Tu ferais de l'effet à n'importe qui. Tu.. T'es parfaite. » Ou comment esquiver la question tout en y répondant. Sauf que j'avais pas clairement dit à voix haute "oui tu me fais de l'effet" et ça, ça me rassurait.