CADEN STANHOPE ► james norton

   
   Camelia, il y aurait eu tant de choses que j’aurais aimé te dire avant que tu partes. Tu m’as quitté sans avertissement, sans que je puisse me préparer à cela. On avait des plans, un avenir, puis tout est disparu. J’étais jeune et ambitieux. J’ai bien changé depuis. Ma vie a complètement changé et bien que certaines choses soient plus faciles à présent, je ne crois pas que ça en valait la peine. Je me trouvais si chanceux de t’avoir. Je n’étais certainement le mec parfait et cela, tes parents ne cessaient de te le répéter mais heureusement, tu ne les as pas écoutés. Ils avaient dans un sens raison, nous provenions de deux mondes bien différents et tout nous séparait. Je suis né à Chicago, la même année que toi, en 1987. On était une famille plutôt traditionnelle. J’avais des parents travailleurs, qui gagnaient assez pour bien vivre, sans accès. Il faut dire qu’ils travaillaient beaucoup et forts pour cela. J’étais fils unique et j’avais donc l’attention qu’ils pouvaient me donner. J’ai bien sûr tenté de plus lors de mon adolescence, trouvant ce mode de vie plutôt ennuyant. J’ai un peu tout essayé avant de presque me faire prendre et aller trop loin. J’ai alors décidé de me tourner vers autres choses pour assouvir mon désir d’accomplissement mais surtout, de faire plus. Je voulais également aider les autres. J’ai toujours été quelqu’un qui s’occupait plus des personnes autour de lui plutôt que de soi-même de toute façon. J’étais donc très heureux lorsque j’ai reçu une bourse pour faire mes études en médecine, à Baltimore. Tout d’abord parce que c’était un rêve que je ne croyais pas atteindre, et que je n’aurais pu atteindre d’ailleurs sans bourses que j’avais grandement besoin. Par la suite puisque mon déménagement dans cette ville m’a fait te connaitre. Quoi demander de plus? Qu’une fille comme toi s’intéresse à moi, c’était presqu’impossible mais pourtant, c’était bien réel. Autant notre passé était bien différent, autant nos intérêts mais au lieu de nous séparer, cela nous a fait nous rapprochait. J’avais un esprit plutôt scientifique, rationnel même. Je t’apprenais bien des choses, mais de ton côté artiste dans l’âme, tu m’as fait ouvrir l’esprit à un tout autre monde. Tu peignais beaucoup et m’as fait voir plus loin que les traits qu’on voit. Bref, on se complétait entièrement et je n’aurais jamais voulu être séparé de toi. C’est d’ailleurs pourquoi après quelques années de fréquentation, je t’ai demandé en mariage. Tu étais bien sûr surprise, mais je suppose que tu ressentais la même chose que moi, puisque tu as accepté. Et quelques mois après, nous étions mariés. J’avais une femme merveilleuse, j’allais devenir médecin. Qui l’aurait cru? Puis nous avions prévu qu’une fois ma résidence terminée, nous aurions des enfants. Je n’avais jamais réellement eu envie d’en avoir avant de te rencontrer. Je ne voulais pas simplement des enfants, j’en voulais de toi et j’avoue qu’aujourd’hui, j’aurais peut-être préféré en avoir plus tôt pour qu’il me reste une partie de toi à mes côtés. Puisque lorsque nous sommes déménagés à Boston pour ma résidence, je t’ai perdu. Je ne dis pas que c’est en lien avec cela, mais je ne peux que me demander si les choses auraient été différentes si nous n’avions pas quitté Baltimore. Nous étions pourtant si bien installés, mais un soir que j’étais aux urgences, c’est toi qui es arrivée sur une civière. C’est toi qu’on a réussi à sauver. C’est toi que j’ai perdu, avec une partie de moi d’ailleurs. Je ne crois pas la retrouver un jour. Depuis que tu es partie, je ressens un vide et si tu savais comment je cherche à le combler, tu me détesterais certainement. Enfin, j’ai mis tout de même un moment avant de sortir de chez moi. Puis il fallait bien que la vie reprenne. Je me suis retrouvé avec tout ton argent que je ne sais clairement pas géré. J’ai commencé à sortir le soir dans des bars, détestant me retrouver seul à la maison en revenant du travail. Avec l’alcool, je me suis rapproché de femmes. Oh je ne me suis pas attaché à elles, aucunement. Elles faisaient simplement partie de ma manière pour… combler ce vide que tu as laissé. Ne m’en veux pas s’il-te-plait, aide-moi plutôt à me sortir de cela, puisque je ne crois pas trouver la solution seul. Il faut dire que boire tous les soirs, ça n’aide pas à avoir des idées claires. Et je ne peux continuer comme cela. On juge que je deviens alcoolique et c’est plutôt mal vu pour un médecin. On m’a fortement recommandé d’aller aux rencontres des AA et pour garder mon emploi, j’y vais, je parle même. Sauf que ce n’est pas cela qui règlera mes problèmes. C’est plus profond que cela. J’ai besoin de plus. Récemment j’ai osé croire un instant que tu m’as guidé vers quelque chose de meilleur. Mais je me suis certainement trompé, vu le déroulement. Pourtant, tous les indices étaient clairs. Je me suis retrouvé à un vernissage. Avant de te connaitre, je trouvais cela plutôt idiot, mais à présent, j’apprécie grandement cela. Je me suis arrêté devant une peinture qui comportait plusieurs éléments que tu aurais pu toi-même créé. Cela m’a intrigué et je suis resté planté-là pendant plusieurs instants. C’est là que j’ai rencontré une fille, une jolie blonde. Ce n’est pas la première femme qui m’attirait, mais je sentais que c’était différent. Je le souhaitais enfin et après cette nuit mouvementée, j’aurais espéré garder contact avec elle, ce que je ne faisais jamais d’ailleurs. Sauf qu’à mon réveil, je me suis retrouvé seul. Voilà pourquoi je te disais que j’ai probablement mal interprété tes signes. Même si je l’ai revu, si j’en ai appris plus, je sens qu’elle cherche à me fuir. Alors Camelia, cela fait un an que tu es partie, mais aujourd’hui, j’ai besoin d’aide pour continuer. Guide-moi.