Phou Phanang National une randonnée mal synchronisée. ▬ Faith & Jekyll.
Vous savez quoi, je pense que je suis carrément en train d'halluciner... Je suis vraiment là avec cet homme en train d'explorer un endroit et presque de rigoler. Si une personne m'avait sorti cette ineptie sans nom, je lui aurais ris à la gueule. Non aucune chance pour que ça n'arrive entre Jekyll et moi. Il n'y avait pas moyen de rattraper ce qui s'était passé. Je n'arrivais pas à lui pardonner, à comprendre comment il avait pu croire que se faire passer pour mort n'allait avoir aucune conséquence grave. Sa mort avait brisé mon cœur en deux mais, son retour et le mensonge avait fini par piétiner les seuls morceaux encore vaillants. Il ne m'aimait pas assez pour m'éviter la cruauté d'un deuil, la tristesse, la sensation de vide. Pas suffisamment pour m'éviter de souffrir cruellement. Et pourtant nous étions là des années plus tard, j'arrivais à surpasser mon dégout et ma haine assez longtemps pour lui parler plus de cinq minutes? Ouais je suis étonnée. Peut-être bien me répond-t'-il et là je lâche un rire que je ne peux retenir enfin plus un petit rire pouffé je dirais. Non parce que cette réponse j'y crois pas un seul instant. Enfin du moins pas dans le sens où moi je l'entendais. Souffrir inutilement il en est capable oui mais, ... Je chasse cette idée de mon esprit car si je lui expliquais je crois qu'il finirait par fuir tout simplement. Mes yeux se reportent sur le jeune homme. Non car tu aurais énormément de mal à t'en remettre Jek. Un sourire presque complice voir très carnassier se dessine sur mes lèvres et je suis pratiquement certaine qu'il n'en comprendra pas réellement le sens non je n'ai aucune envie de l'étriper du moins pas en cet instant. Pourtant je n'ajoute pas réellement plus à mes propos laissant planer volontairement cette zone ombreuse. Non je ne le prend pas pour un jeune premier qui ne serait pas de taille mais, tout a tellement changé. J'ai vraiment beaucoup changé. Il accéléra alors le pas, refusant catégoriquement de me dire quoi que ce soit. Je ne le laissais pas me distancer. Le rattrapant j'entendis alors un courant ou plutôt ... Hum une chute d'eau? Alors dis-moi quel est cet endroit, tu l'as découvert quand et comment? Si tu joues les guides va falloir m'en dire plus tu sais... Une genre de falaise se dressait devant nous, avec une chute d'eau et un espèce de lagon ou je ne sais le terme approprié.
Faith ne pourrait jamais imaginer, jamais comprendre ce que j’avais enduré, ce que j’avais fait pour me retrouver dans un tel pétrin, pourquoi j’avais du me faire passer pour moi sans rien lui dire, pour avoir fait tout ça en sachant qu’elle allait terriblement souffrir. Si j’avais pu, je l’aurais mise au courant, je l’aurais emmené avec moi, bordel je l’aimais vraiment, elle était mon double, la seule personne sur cette foutue terre capable d’me comprendre et à la fois de m’énerver jusqu’à une envie de meurtre ou de m’apaiser en un rien de temps. J’avais besoin d’elle mais elle n’avait pas besoin de moi. J’devais la protéger en la tenant à distance de toutes mes merdes et mes secrets. Des années plus tard, presque en sécurité, me voilà comme un con à vouloir recoller les morceaux comme si c’était encore possible. « Je suis bien plus coriace que tu n’le crois. » Maintenant oui, avant c’était une autre histoire. Je n’étais pas assez fort pour me sortir de la merde, pour me protéger et encore moins Faith. Mais les choses avaient changé, je m’étais endurci, j’avais vaincu plusieurs batailles, enfin façon de parler. J’me pinçais les lèvres alors que j’enlevais les derniers feuillages qui nous séparaient de la vue de la source. Une sorte de petit lac d’un vert azur/canard, j’étais pas un grand spécialiste des couleurs, une cascade d’eau et surtout la grotte qui s’y cachait, qu’on ne pouvait pas trouver sans connaître. J’sautais d’un rocher à un autre et j’lui tendais la main pour qu’elle fasse de même sans trop s’efforcer, à elle de voir si elle voulait bien la prendre ou non. « J’me suis retrouvé coincé dans le coin un jour, je n’ai pas eu d’autres choix que d’me trouver un abri, en quelque sorte. » J’me contentais de hausser les épaules, j’savais pas comment elle aurait pris la vérité. Un batifolage avec une fille du coin qui s’est terminé en entente charnelle. Certes le fait de se trouver un abri était vrai car fait rare mais important, une pluie assommante s’était déclarée durant cette journée.