plus rien ne m'étonne, plus j'avance et plus j'suis blasé.
« - T’es pas mon père. » Juste quatre mots crachés par cet enfant de sept ans. Depuis qu’il avait appris à parler, tout était bon pour lui retourner cette réalité en pleine figure. A cet homme qui ne prenait que trop de place, entre lui et sa mère. Cet homme qui croyait peut être, être un jour son père. Qu’il se mette les doigts dans les yeux : il ne l’était pas et ne le serait jamais. Max avait beau n’avoir que sept ans mais il n’était pas idiot. Il savait très bien quel genre de mec était son beau-père. Le genre de mec à ne rien foutre de ses journées alors que sa mère se tuait au travail. Le genre de mec à s’installer sur le canapé, pieds sur la table devant un match de foot, pendant qu’il veillait à ce que sa femme lui fasse à manger. Il n’en branlait pas une seule et se permettait encore de balancer des reproches à sa mère. Sa mère qui n’ouvrait pas une seule fois la bouche, encaissant encore et toujours. Et ça le faisait rager, de la voir si.. immobile, limite indifférente. Comme si les coups qu’elle prenait parfois ne l’atteignaient pas. Mais il la voyait bien sa maman, pleurait en silence, quasiment toutes les nuits. « - T’es pas mon père et tu ne le seras jamais. » Son regard ne cilla pas, profondément ancré dans celui de l’homme qu’il exécrait. Et sans qu’il ne s’y attende, le coup parti. La main de son beau-père lui assena la première gifle de sa vie. Première fois qu’on lève la main sur lui. Et sans doute pas la dernière. Sa mère s’était tapie au fond de la pièce, contre un mur. Des larmes coulant silencieusement sur ses joues. Même pas capable de s’interposer entre l’homme qu’elle aimait et son fils qu’elle se devait de protéger. Mais il ne lui en voulait pas. Il préférait nettement subir la rage de son beau-père que voir sa mère souffrir.
j'veux profiter des gens qu'j'aime. j'veux prendre le temps avant qu'le temps m'prenne et m'emmène.
Après les insultes et les humiliations verbales, les coups sont devenus ton lot quotidien. T’as jamais bronché, jamais fléchi. T’as juste encaissé, encore et encore. Parce que tu préférai largement prendre à la place de ta mère. Cette mère qui tu voyais détruite un peu plus chaque jour. Tu ne comprenais pas pourquoi elle voulait rester. Ça te foutait hors de toi, qu’elle ne dise rien. Qu’elle soit aussi soumise. L’amour, quelle belle connerie. C’est ce que tu te disais. Dans ta tête, tu te promettais de ne jamais être comme lui. De ne jamais t’abaisser à lever la main sur une femme. Pour toi, c’était de la lâcheté. Frapper quelqu’un de plus faible. Et un enfant.. c’était pire. Mais tu ne disais rien. Tu fixais juste ta mère, quand les coups pleuvaient. Tu puisais ta force et ta rage dans son regard. Les coups, t’en a mangé pendant des années. Sept, exactement. Jusqu’à ce jour, que t’oubliera jamais. Ce jour auquel tu n’arrêtera jamais de penser. Ce jour gravé dans ta mémoire. Tu venais de fêter tes quatorze ans. Tu te faisais petit à l’école, pour pas qu’on remarque les traces de coups que portait tout ton corps. Parfois, tu te battais. Et t’insultais. Parce qu’il était hors de question qu’on te marche sur les pieds. Tu voulais juste qu’on te foute la paix. Tu allais en cours, parce que ta mère le voulait. Mais au fond, toi, t’aurai voulu juste rester au près d’elle. Pour être sûre qu’elle n’aurait rien. Parce que tu voyais bien qu’elle en pouvait plus. Qu’elle passait plus de temps à l’hôpital, faisaient des heures supérieures, que chez elle. Alors, tu faisais comme elle. Toi, tu traînais dans la rue. C’est comme ça, que tu t’es fais embarquer dans un gang. Encore une belle connerie. T’es rentré plus tard que d’habitude, ce soir-là. Trop occupé à traîner avec tes nouveaux potes. Un calme oppressant englobait tout l’appartement. Un silence qui n’était pas du tout habituel. D’ordinaire, quand tu rentrais chez toi, il y avait au minimum le bruit de la télé. Signe que ton beau père était là. Encore son gros cul enfoncé dans le canapé, à gueuler des insultes à ta mère. Mais non, il n’était pas. « - Maman.. ? » Aucune réponse. La boule au ventre, tu fouilles votre petit appartement. Pas de traces de ta mère. Tu commences à te dire que tout ça n’est pas normal. Mais t’es crevé et t’as besoin d’une douche. Et c’est là, que tu fais la découverte la plus horrible de toute ta vie. Ta mère, pendue dans la douche. Tu te souviens encore de son visage. Elle avait l’air si.. sereine. Comme si le fait de s’être ôté la vie lui enlevé un poids immense. Tu te souviens de tes jambes qui n’ont pas tenues face au choc. De la douleur quand tes genoux ont rencontrés le carrelage froid. Et cette douleur.. cet étau qui te torturait le cœur. T’aurai pu mourir, juste là. Face à elle, face à son corps. T’es resté à genoux face à cette image, pendant des minutes, des heures. Tu sais plus. Puis, ton regard a été soudain attiré par une feuille. Une lettre sans doute. Tu l’a attrapé au ralenti, reconnaissant la fine écriture de ta mère. Les larmes coulant alors que tu lisais ses quelques mots : « - Mon fils.. Si tu lis ceci, c’est que j’aurai mis un terme au calvaire qu’est devenu ses douze dernières années. J’en suis désolée la première, profondément. Désolée de ne plus avoir trouvé la force d’être à tes côtés, de ne pas avoir trouvé celle pour t’éviter les nombreux coups que je l’ai laissé te porter ces dernières années. Une femme amoureuse est capable de tout et surtout du pire. Mon amour, mon Sirius, mon Max.. Je n’ai jamais su te protéger comme il le fallait. Je n’ai pas été la mère que tu aurai du avoir. Et ce dernier acte est le pire que je n’ai jamais pu te faire. Mais je le sais. Je sais que tu comprendra, comme tu as pu comprendre tout au fil des années. Mon fils, la plus belle chose qui me soit arrivé. Je ne fais pas de soucis pour toi. Je sais que tu sera capable de te prendre en main tout seul. Ne fais pas n’importe quoi, ne fais pas quelque chose qui pourrait t’empoisonner la vie comme la mienne. Mon fils, ai la plus belle vie possible. Je t’en prie. Fais que ma mort ne soit pas en vain. Je t’aime. Ne l’oublie jamais. Maman. » De rage, tu t’es levé. Et t’es reparti dans le salon. T’as attendu, longtemps. Avant que ton ivrogne de beau-père ne rentre. Et quand celui a passé le seuil de la maison, toute ta haine a éclaté. « - C’est de ta faute ! La tienne, espèce d’enfoiré. » Au regard qu’il te jeta, tu compris qu’il n’était au courant de rien. Mais qu’importe, elle s’était donnée la mort parce qu’il n’avait pas su la rendre heureuse. « - Tu l’as tué, tu l’as brisé, tu l’as complétement détruite. Tu peux en être fier, enculé ! » D’une poigne que tu ne te serai jamais pu croire capable, tu l’a attrapé et collé contre un mur. Alors qu’il murmurait qu’il était désolé. Mais rien à foutre, pour toi, il devait payer. Payer tout le mal qu’il vous avais fait. Tes poings martelèrent son visage, jusqu’à qu’il ne soit plus reconnaissable. A mesure que les larmes continuaient de couler sur tes joues. C’était la première fois que tu pleurais comme ça. Complétement défiguré, tu l’as laissé retomber par terre. Hors de question que tu le tue. Hors de question que tu te fasses enfermer pour sa gueule. T’as pris le strict minimum. Quelques affaires de rechange, l’argent que ta mère avait durement travaillé, ses quelques bijoux, tes papiers d’identité. Et t’es parti, appelant une ambulance pour qu’on récupère le corps de ta mère et qu’elle puisse être enterrée comme elle le méritait.
j'arrête pas de la tromper dès qu'elle a le dos tourné. je mène une double vie. celle avec ma petite amie et celle avec les autres filles.
Quand t’es parti de chez toi, tu ne savais pas vraiment où aller. Alors dans un premier temps, t’as vécu dans la rue. C’était pas facile, certes. Mais pour toi, c’était mieux que de vivre aux côtés de celui qui avait brisé ta mère, toute la famille que vous étiez. Pour pas que l’école avertisse les services sociaux, tu prétendais vivre toujours avec lui. T’imitais même sa signature quand il le fallait. Mais au bout de quelques jours, l’argent commença à manquer. Et tu devais voler pour te nourrir. Parce que tu pouvais pas te résigner à vendre le peu qu’il te restait de ta mère, c’est-à-dire ses bijoux. Tu les gardais, précieusement. Comme si il y avait rien de plus beau au monde que ces pauvres bijoux. Mais un bout d’un moment, il fallait bien que tu te trouves un toit. Alors, tu t’es retourné vers les membres du gang, à qui t’avait pas dis que t’étais à la rue. Même si tout le montrait. T’as vécu chez à peu près tout les membres, les uns après les autres. Quelques années après la mort de ta mère, tu l’as rencontré. Elle, ta Liz. Elle était si belle, si fragile. T’es tombé amoureux rien qu’en posant les yeux dessus. Mais tu te disais qu’elle était trop bien pour toi. Et t’avais pas tord. Parce que même si t’en étais amoureux, t’étais pas foutu de lui être fidèle. Elle le savait ça, que dans son dos, tu te tapais toutes les petites pétasses londoniennes qui essayait de se faire mousser auprès des gangs. Mais elle disait rien, parce qu’elle t’aimait. Peut-être un peu trop. L’amour c’est con, ça fait faire n’importe quoi et ça pardonne n’importe quoi aussi. Ta Liz t’avais beau l’aimer comme jamais t’aimera une autre fille, peut-être. Mais à tes côtés, elle était pas en sécurité. Votre idylle aurait pu durer mais non, elle a eu une courte durée. Parce qu’à défaut que ça soit toi qui l’a détruise, ce sont tes fréquentations qui l’ont fait. Tu te devais pas la voir ce jour là. Non parce que ce jour là, vous deviez régler un problème avec un autre gang. Et quand tout a commencé à dégénérer, tu l’as aperçu, tournant au coin de la rue. T’avais beau lui crié de pas venir vers ici mais elle n’entendait pas. Et quand les coups de feu se sont mis à partir en tout sens, ta seule crainte, c’est qu’on lui fasse du mal. Tes yeux la cherchaient sans vraiment la trouver. Tu faisais plus attention au fait d’être à découvert, juste voulant la trouver. Et quand enfin, tes yeux se posèrent sur sa silhouette, t’aurai préféré mourir que de la voir allonger, sans vie. Et parmi les cris des autres et les coups de feux, tes lamentations et tes pleurs passèrent inaperçus.
non, non faut que j'arrête. à moins de continuer mes conneries les trois prochaines années. et que je me rattrape les trente d'après.
Après la mort de Liz, le gang s’est dissout. Le règlement de compte avec l’autre avait mal tourné pour vous. Tellement que vous n’étiez pas beaucoup à être encore en vie. Et tu te sentais pas chanceux. Loin de là. T’avais perdu les deux femmes de ta vie. T’étais paumé. Tu savais plus vers qui te tourner. Comme tout les mecs de ton âge, t’aimais le football. Tu y jouais pas beaucoup mais tu suivais attentivement toutes les ligues possibles et imaginables. Et surtout, t’étais un fanatique de West Ham. En travaillant dans un bar, parce qu’il fallait bien que tu manges, t’as fais la rencontre de ces mecs, qu’on appelait « hooligans » et peu à peu, tu t’es lié avec eux. Passant des soirées à commenter les matchs, à boire de la bière et surtout à faire peur à tout les autres supporters, qui soutenaient les autres équipes que West Ham. Et puis fil des semaines, des mois ton casier commença à s’épaisir. Un peu plus à chaque rencontre sportive. Jusqu’à la fois de trop. Celle qui t’a coûté un petit séjour en prison. La vie en prison quand t’es un hooligans, c’est pas facile. Surtout quand t’y a des ennemis. Mais t’as survécu. Parce que t’étais vraiment pas le genre de mecs à te laisser marcher sur les pieds sans broncher. T’as survécu puis au bout d’un moment, t’es sorti. Avec une seule idée en tête : quitter Londres, l’Angleterre. Peut être même l’Europe. Avant de te poser à Cambridge, t’as voyagé un peu. Parce que tu voulais voir le monde. Tu voulais découvrir qui était ton père. Et puis, te voilà dans cette ville, à essayer de reprendre ta vie en main.
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