À la dérive... (Declan)

Le soir après l'annonce du décès d'Ash :

"C'est pas vrai, il est encore sorti ce petit con de Zacharias." Ronchonna l'agent chargé de surveiller les détenus en liberté conditionnelle en voyant l'alerte s'afficher avec mon nom. Le hasard voulut que c'est au moment où le lieutenant Yates-Hamilton arrivait au poste, que l'homme tilta sur le nom et s'approcha de l'écran de surveillance et questionna son collègue. "Déjà hier il nous a fait le coup. Faut croire que sa nuit au poste lui a pas servi de leçon... On va aller le cueillir encore une fois." Soupira le policier en s'apprêtant à se lever...

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"Encore ? " soupirai-je en apercevant le girophrare d'une voiture de police qui s'arrêtait devant moi le long du trottoir. J'avais trop bu. Je ne marchais pas droit et j'avais complètement perdu la notion du temps. La notion de tout. J'étais dehors en dehors des heures autorisées. J'avais écumé les bars avant de finir chez un tatoueur qui venait d'encrer, ou ancrer ça marchait aussi, son prénom sur mon pectoral gauche. Côté coeur. Alors forcément qu'ils venaient me chercher. Déjà la veille j'avais fini au poste. Retrouvé à l'hosto en dehors des heures d'assignation à résidence. Parce que je m'étais précipité là bas en apprenant son accident. Ce soir c'est dans l'alcool que je m'étais précipité. En apprenant son décès. Et la silhouette qui s'échappa de la voiture de police me parut familière. Je plissais les paupières et c'est qu'une fois l'homme devant moi que je fus tout à fait sur de mon coup et que je le saluais avec désinvolture. " Monsieur le lieutenant" Sourire mauvais. "Ou devrais-je dire Darren le super boyfriend peut-être ? " Aigreur et sarcasme. J'étais pourtant pas du genre alcool mauvais d'habitude. Enfin c'est peut être pas l'alcool  ce soir, c'est peut être le deuil. Le deuil mauvais.

Les vacances étaient terminées, à l'heure où la plupart des étudiants quittaient les rues de Boston pour se rendre au Laos, Declan lui retournait à sa routine de Lieutenant. Pour redémarrer, il avait opté pour l'horaire de nuit, celui qu'il préférait de loin et depuis bien longtemps. Les heures n'avaient de toute manière pas de réelle importance dans l'acharnement qu'il éprouvait souvent à se mettre au travail. En arrivant au Commissariat, un nom familier résonna à ses oreilles. « Laissez-moi y aller seul. » dit-il à ses collègues d'un ton qui s'appelait être sans appel. Après tout, ce n'était pas la procédure habituelle mais il était Lieutenant et eux de simples officiers, il n'y avait rien à redire sur les ordres d'un supérieur hiérarchique. Denys n'était pas un enfant de chœur mais il était étonné de son comportement et il avait décidé que d'aller voir ce qui se passe de ses propres yeux était la meilleure option. Le véhicule hurla de son gyrophare dans les rues de Boston, et bientôt il aperçut la silhouette hagarde de Denys. Il ne semblait pas dans son état normal et aussitôt, Declan sentit tout son corps se mettre en alerte. Quelque chose se passait. Peut-être une dispute avec Ash ? Peut-être avait-il mal pris la vérité ? Elle lui avait confié la dernière fois qu'elle lui racontera tout. Bref, de toute manière, il devait aller à la rencontre de Denys pour le savoir. « Denys, ce n'est pas ce que tu crois. On était obligés, c'était la meilleure solution et il ne s'est rien passé entre Ashleigh et moi. » Il soupira. A priori, Denys prenait mal la nouvelle, il pouvait comprendre mais il tenait à le rassurer sur ce point. « Pourquoi es-tu sorti en dehors de tes heures d'assignation ? Et apparemment une seconde fois ? Je suis désolé mais je vais être obligé de te raccompagner au poste. » Et ça l'embêtait qu'il se mette dans des états pareils, mais il n'avait pas vraiment le choix.

Lumière des gyrophares, voiture qui se garait, comme un air de déjà vu par rapport à la veille. Sauf que ce soir, y’avait plus d’espoir. Y’avait plus d’Ashleigh. Y’avait plus rien. Je n’avais donc aucune envie de me montrer coopératif. Mon alcoolémie n’aidait pas et le fait de reconnaître la silhouette qui approchait non plus, au contraire. Il fallait toujours un coupable dans ces cas là. Ce soir ça serait lui. Et j’attaquais d’emblée avec des sarcasmes acides, piquant le lieutenant sur son statut de ‘petit ami’. « Ouais ouais, la meilleure solution oui, je vais te croire… » répliquai-je avec désinvolture. Adieu les politesses, le côté intimité, le vouvoiement chargé de respect. Mon interlocuteur reprit alors sa mission première, celle qui l’avait surement conduit jusqu’à moi ce soir, en m’interrogeant sur les raisons de ma sortie nocturne, en dehors des heures d’assignation à résidence, précisant qu’il allait devoir me conduire au poste. « J’irais nul part avec toi, dégage. » répondis-je avec insolence. « Qu’est-ce qui se passe après t’être fait passer pour le mec d’Ashleigh tu comptes te faire passer pour mon pote ? Tu veux me faire croire que t’as agi pour son bien ? » Le ton montait, plus incisif, plus agressif. « Mais t’étais où hier, super boyfriend, t’étais où hier quand elle s’est plantée en kart ? T’étais où quand ils l’ont conduit à l’hosto ? T’étais où quand ils n’ont pas réussi à la sauver ? »

L'alcool ça aidait, à faire ressortir le poison qui s'insinuait dans les veines et c'est son venin que lui crache Denys en pleine face. Il comprend quelque part, mais Ash' était censé lui expliquer non ? « Bien sûr que tu vas me croire, elle a fait que me parler de toi tout ce temps, et pourquoi tu crois que je suis venu m'occuper de ton dossier ? » Pour le plaisir de faire chier le meilleur ami amoureux de ma fausse copine ? N'importe quoi. Mais il était pas en état ça servait à rien. Declan sent le sang monter à sa tête lorsque Denys lui intime de dégager. Il a beau être perturbé, il n'aime pas qu'on lui manque de respect et le Taciturne a le tord d'être impulsif. Souvent. « Qu’est-ce qui se passe après t’être fait passer pour le mec d’Ashleigh tu comptes te faire passer pour mon pote ? Tu veux me faire croire que t’as agi pour son bien ? » Le Flic attrape le provocateur par l'avant bras et le retourne face à la voiture, le plaquant contre le métal du véhicule. « ça sert à rien qu'on parle dans cet état, arrête de parler vaut mieux pour toi. » Mais Denys est loin de se taire et son ton monte même. Le Brun écarquille le cyan de ses prunelles alors que le Mather évoque un accident, un accident duquel elle ne s'est pas remis. Il retourne de nouveau Denys face à lui, attrape son col, et rapproche son visage du sien, sentant une pulsion basse venant noircir son sang. « Quoi ? » Ses sourcils se froncent. « QUOI ? De quoi tu parles putain ? » Il fulmine, sourd au martèlement qui lacère ses côtes à chaque inspiration. Il l'a prié de se taire mais plus que jamais il veut qu'il parle maintenant.