No Apologizes feat. Lisandro

Je me réveillais en plein milieu de l'après-midi avec un mal de crâne que je n'aurais souhaité à personne. J'avais fait la bringue toute la nuit et j'étais rentré à l'aube comme d'habitude. J'avais croisé vaguement ma petite soeur qui partait sortait s'amuser et j'avais prétexter une mauvaise nuit pour justifier la gueule de bois que j'me traînais. Je me sentais de moins en moins à mon aise dans cette famille, j'avais envie de tout casser et de me barrer comme un voleur. Ce père qui m'avait élevé après la départ de ma mère ne m'accordait à l'époque plus qu'un regard et pour quelqu'un qui cherchait autant l'intérêt que moi, ça n'allait pas. Je perdais pied, je m'enfonçais dans la violence et le drame sans me préoccuper de rien. J'aurais du rester à Rome, continuer à vivre ma vie de pauvre con ignorant mais au moins, j'aurais jamais connu ce sentiment d'infériorité et d'abandon de la part de mon propre père. J'étais donc retourné dans ma chambre et sans rien faire, je me contentais de me laisser tomber sur le lit pour récupérer quelques heures de sommeil bien méritées. À mon réveil, je remarquais enfin que j'étais dans ma chambre d'hôtel et non chez moi. Je soupirais en me rendant compte qu'inconsciemment, je restais le gamin apeuré qui avait besoin d'attention quand ça tournait mal. J'avais honte d'avoir pensé ne serait ce qu'une seule seconde à lui et lorsque je pensais à notre dernier échange de ce monde, cela ne s'arrangeait en rien. J'étais dépité. Dégoûté. Assommé pour le coup. Je pris alors la décision de ne rien faire aujourd'hui, prenant une douche avant de quitter l'hôtel sans un regard en arrière. Ce ne fut que lorsque je me mis au volant de ma bagnole  de location que mon portable sonna. Je voyais un nom s'afficher mais je ne reconnaissais pas mon interlocuteur. Bon, allez. J'vais répondre on sait jamais, peut-être un plan intéressant qui se profilait à l'horizon. Je n'aurais jamais pu aussi bien dire. Mon pote nous avait dégoté deux entrées pour un salon VIP ce soir. J'étais bizarrement plus détendu en quelques secondes. J'allais me changer les idées, c'était grave cool. Pas d'alcool ce soir, j'avais assez bu la veille mais au moins, j'allais pouvoir sortir m'amuser et voir des nanas. Ça, c'était plus que sympa. Je rentrais donc à l'hôtel pour me changer, enfilant une de ces tenues qui faisaient bizarrement tomber les filles comme des mouches puis, je me décidais enfin à sortir, laissant tous mes effets personnels à la maison. Je reprenais ma voiture de location, prêt à partir rejoindre mon pote et, avec l'excitation qui me gagnait, je ne mis pas longtemps à le rejoindre dans la fameuse boîte branchée qu'il avait découverte. J'aimais cette ambiance, la soirée promettait. Alors après avoir garé ma bagnole, je rejoignis mon pote à l'intérieur. la soirée battait son plein si bien qu'au bout de quelques temps, j'eus une envie irrésistible d'aller aux toilettes. m'excusant, je rejoignais le lieu dit avant de me rendre compte que j'avais été suivi. me demandant qui cela pouvait il bien être, je la reconnus lorsque j'entendis sa voix, faith. je me retenais, j'avais pas envie de lui sortir une de ces répliques cinglantes sur mon handicap ... mais voilà. je me contentais d'un « oh désolé... tu sais avec mes lunettes tout ça, je vois pas forcément bien dans le noir de la salle » d'une voix un peu légère alors que je n'avais bizarrement plus envie de me confronter à elle. pourtant, je continuais, ajoutant « pourquoi tu t'énerves comme ça ? je savais même pas que tu venais ce soir... » d'une voix sincère alors qu'au fond de moi, je savais bien que je l'évitais.. depuis que j'avais fauté avec elle, j'assumais pas et maintenant, je devais jouer au con pour éviter qu'elle ne s'en veuille d'avoir cédé face à moi..

parfois, il m'arrivait d'avoir honte de moi, réellement. je n'étais pas quelqu'un de bien, du moins pas totalement. avec faith, on avait souvent déconné ensemble. j'adorais son humour, sa bonne humeur et vraiment, c'était une amie en or. mais ce fameux soir, j'avais été trop loin. j'avais laissé mon désir dépasser ma pensée et je m'en voulais. c'était pour cela que je l'évitais depuis tout ce temps. j'avais honte. ce soir, je ne pensais pas la croiser par ici alors lorsque j'entendis sa voix, je fus plus que surpris et le ton qu'elle prit ne me plaisait pas le moins du monde. elle me reprochait alors de ne pas l'avoir entendue non plus et je ne pus retenir un soupir d'agacement avant de lui répondre « ouais, désolé. j'ai pas fait attention avec la musique » d'une voix nonchalante alors que je me grattais le crâne à présent d'un geste nerveux. je ne voulais pas m'expliquer avec elle. je ne voulais pas non plus qu'elle me fasse un scandale en plein milieu des toilettes pour hommes mais visiblement, c'était bien parti pour. elle m'échauffait sérieusement en m'accusant de ne pas l'avoir calculée. moi, tout ce que je voulais c'était vivre ma vie tranquille sans l'emmerder. visiblement elle avait choisi l'inverse et ça me déplaisait. je baissais la tête en essayant de contrôler cette colère qui montait en moi. oui, je l'avais évitée. oui, je ne voulais pas lui parler mais visiblement, ça ne lui plaisait pas. je continuais donc en ajoutant « écoute j'ai jamais dit que tu étais jalouse ou quoi que ce soit, Faith » d'une voix lasse tandis que je m'approchais d'elle d'un pas lent, lui glissant un « je sais tout ça. je voulais juste pas te déranger, c'est tout. t'avais l'air de bien t'amuser avec tous ces mecs pas loin » dans un souffle alors que je dévoilais à présent la véritable raison de ce silence. j'étais jaloux, comme toujours. je ne supportais pas qu'une de mes connaissances fréquente d'autres hommes en ma présence. macho quand tu nous tiens...