Fergus&Alek ♣ I’m a ramblin' man

• J’ai pas besoin d’avoir un masque, de jouer à un jeu. De faire le gars énervé, le mec qui se moque de tout et qui n’a pas de sentiments, qui ne ressent rien et qui se moque bien du monde qui l’entoure. J’ai pas besoin de jouer ce rôle, d’être l'Alek que j’étais devenue avec le temps et avec les épreuves que j’ai dû traverser. J’ai pas non plus besoin de m’énerver pour un rien, d’envoyer chier un mec juste parceque sa gueule ne me revient pas, ou parcequ’il a le même t-shirt que moi et qu’en plus de ça, il le porte mal. J’ai pas besoin d’être ce genre de mec, d’être ce gars froid qui laisse personne l’approcher, personne percer cette carapace, cette coquille impénétrable qu’il s’est fabriqué autour de lui pour éviter d’être déçu, blessé par quelqu’un. J’ai vraiment plus besoin de tout ça, de cette apparence, de cette image que je m’étais appropriée au fur et à mesure des mois. Je ne ressentais plus rien, aucun sentiment, complètement vide de l'intérieur, je ne savais pas où j'allais. Si tous les chemin mène à Rome, les miens doivent surement mener à Pompéi vu la façon que j'ai de m'enfoncer dans les abysses. J'ai envie de redevenir le jeune homme que j'étais avant, plein de vie, le mec heureux putain. Sauf que je ne le suis pas. Je ne suis pas heureux, depuis huit mois, je déambule sur terre avec aucun but précis. Je suis là, c'est tout, et si on m'enlève du paysage, personne ne s'en rendra compte. J'dois juste assumer, assumer mes conneries car tout ce qui arrive, c'est de ma faute, je suis le seul responsable de toute cette tristesse, le seul à qui on peu s'en prendre. Je porterais ça comme un fardeau jusqu'à ma putain de mort. "Pour deux... S'ils vous plaît." Même pas la force de faire une phrase complète, je me laisse guider à l'intérieur de ce restaurant japonnais par un mexicain déguisé en asiatique. Je m'assoie et j'attends. J'attends que Fergus me rejoigne. Il devrait pas tarder. •

• Bien sûr que j’suis conscient de la chance que j’ai eue. Rien ne prévoyait que si jeune, j’allais pouvoir atteindre tout ce bonheur auquel j’ai toujours rêvé, mais que jamais je n’ai pu toucher du doigt. J’aurais pu continuer de foirer, j’aurais pu encore plus partir en couille, complètement déraper, sortir du droit chemin et finir la gueule en plein dans un mur, j’aurais pu. Vous savez, jamais je n’ai été le mec le plus clean de la terre, le mec saint qui est trop réfléchis et qui calcule toutes les possibilités envisageables avant de se lancer dans quelque chose. Non, moi ça me plait, alors je fonce, c’est tout.Je pense que moi aussi, j’aurais pu dériver. Qu’à moi aussi, il aurait pu m’arriver des problèmes. Peut-être pas l’anorexie, peut-être pas la dépression, peut-être pas la perte de mon fils, mais, j’sais très bien que si ça me serait arrivé, ouais, j’serais complètement parti en couille, mon cerveau aurait juste dérivé, d’un coup, cessant de fonctionner à certains endroits. Me laissant livrer à moi-même, livrer à mes propres envies de destructions, comme si mon corps deviendrait le cobaye de mes envies, le cobaye de mes pulsions. Et pendant quatre ans, pendant quatre putain d'années j'ai vécu le rêve. J'ai eu une vie encore plus belle que lorsque je l’imaginais. C'est limite si les oiseaux ne chantaient pas tous les matins à mon réveil. Sauf que je ne suis qu'une pute, une putain de petite merde qui a décidé de chier sur tout ce qu'il avait de plus cher. Elle est belle ta vie maintenant hein. T'es bon à te faire passer dessus par un poids lourd, et encore avec la chance que t'as, t'en ressortirais vivant, connard va, tu veux pas crever une bonne fois pour toute et arrêter de faire chier ton monde ? Je sors de mes pensées d'un coup, lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. Je détourne le regard et je vois Fergus, il est là. "Quand j'aurais mangé ça ira mieux... Et toi ?" Haussant les épaules, ce mec là, il est sympa. Je sais pas trop si il passe sa vie à aider les gens comme le Quincy que j'ai essayé d'être à une période, mais lui, il est sympa. •