and above all, do not thank me (sage)

Il rit. Il est même plié en deux. Mais si on lui demande ce qu’il y a de si drôle, il ne saurait répondre. Entouré de deux amis, des anciens collègues, dont l’avantage était qu’ils ne posaient pas de beaucoup de questions. Pas très intéressés par la personne, mais plus par les soirées où l’alcool et les filles affluaient. Ce n’est pas le genre de personne que Melchior aime particulièrement fréquenter en temps normal, mais on ne peut pas contredire le fait que ces gens-là savent s’amuser de tout et de rien. Ils avaient en tout cas réussi à décrocher l’indécrochable rire d’un Melchior déprimé. Mais alors que l’un commence sérieusement son plan d’approche pour aborder une jolie blonde sous le regard de l’autre, Melchior se dit qu’il est temps pour lui de faire une petit pause. Pour prendre l’air par exemple. Il fait une chaleur à étouffer dans le bar. Mais les bières ingurgitées depuis son arrivée le supplie de se rendre aux WC. Ce vendredi soir était mouvementé dans le bar au vu de l’état des toilettes. C’était littéralement immonde, encore heureux qu’il n’ait pas à toucher grand chose là dedans. Les gens y faisaient même la fête à en croire les gémissements de la cabine d’à côté. Il lève le regard au ciel, puis sort pour se laver les mains lorsqu’un bruit attire son attention derrière lui. Soit il pleut des téléphone maintenant, soit il y en a un qui s’est perdu tout seul. Dans un élan de bonté qui lui colle particulièrement à la peau, il ramasse l’appareil et va toquer à la porte de ladite cabine. En frappant, la porte s’entrouvre légèrement. Ces deux zigotos n’ont même pas pris le soin de la verrouiller. Le Quincy détourne la tête en soupirant. Manifestement, ils ne l’ont pas remarqué, alors il décide de lever la voix. « Eh les amoureux, on arrête deux secondes. Est-ce que l’un d’entre vous a fait tomber son téléphone ? » Ah, finalement il est parvenu à attirer l’attention des deux gens. Mais en apercevant ces visages, son sang ne fait qu’un tour.

Milieu de soirée, et mon niveau d'alcoolémie et de substances illicites atteint déjç son maximum. Un rituel dont j'arrive pas à m'défaire, dont j'veux pas me défaire non plus parce que même si le monde de la nuit reste une illusion futile, ça reste une illusion qui arrive à m'faire du bien. A m'faire oublier ce retour que j'étais pas certaine de vouloir, j'me serais pas imaginé une seconde pouvoir remettre les pieds ici. Revivre chaque jour ce même combat, lutter encore et encore contre les souvenirs qui grignotent mon âme petit à petit, J'étais fatigué, enfermé dans un cercle vicieux dont j'ai l'impression ne jamais pouvoir me sortir. Alors c'est dans le bras de toi, de lui, ou encore d'elle que je vais m’enivrer ce soir.. Depuis le soir du viol, mon corps n'est plus que pantin, objet sexuel que je laisse à disposition de qui en voudra bien. Un déchet ambulant, voilà comment j'me voyais, y'avait qu'avec Noah que j'me sentais belle. Que j'me sentais bien. Et maintenant que je n'avais plus rien, plus personne mise à part l'information d'une famille inconnue.. Je me laissais aller à la destruction constante. Ma destruction. Plus grand chose m'importait, presque rien même, ni même moi. Et je déboule brusquement dans ces toilettes, mes lèvres accrochées à celles d'un parfait inconnu. Du vu et revu, une scène qui n'a plus de secret pour moi, j'sais même comment ça finira. On repartira chacun de notre côté, tu sauras ni mon nom, ni mon âge, tu t'souviendra même plus de la couleur de mes yeux. On s'retrouvera pas.. Ou peut-être que si, on s'retrouvera, dans cette boîte ou une autre et on recommencera, comme cette fois-ci et tout ça n'aura jamais d'importance. Ni pour toi, ni pour moi. C'est c'que j'veux, c'est ce à quoi je m'en tient. Aucune attache, plus jamais, j'm'en suis faite la promesse depuis. Il m'attire dans cette cabine, hygiène et propreté en voie de disparition, et ses mains qui courent le long de mon échine. Ses baisers qui se font plus insistants, plus enflammés me font lâcher des gémissements par-ci par-là. Mon haut qui tombe au sol, et dans ce même temps, une voix qui retentit dans mon dos. Je sursaute légèrement, détourne le regard vers le brun qui nous questionne, je fronce les sourcils. Avant même que j'puisse répondre, ma compagnie de ce soir plutôt virulent s'empresse de répondre avec toute la politesse de ce monde. - Tu vois pas que tu déranges connard, dégage d'ici ! J'reste silencieuse, les yeux rivés vers le brun au visage trop parfait où les cicatrices n'existent pas pour traîner dans ce genre d'endroit. Je le dévisage sans discrétion, le regard vide et le visage fermé.