Soyons au bout du rouleau ensemble (Melchior)

Soyons au bout du rouleau ensemble

Melchior & Lucky

Les rues sont plongées dans un silence infini, et la ville semble un instant comme suspendue de la réalité. Le vent fait siffler sur les pavés sa voix froide et ténébreuse. Au bout du rouleau qu'elle était. Elle déambulait dans les rues à la recherche d'un quelconque échappatoire. Furax et indéniablement de mauvaise humeur. Son ex s'était encore permit de l'utiliser à son bon vouloir. Mais de quel droit ? Elle n'était plus qu'une ex qu'il jettait dans l'oublie, alors pourquoi ne se contentait-il pas de lui foutre la paix ? Pourquoi devait-il toujours prendre un malin plaisir à la faire souffrir ? N'avait-elle pas eu assez pour son compte ? Elle estimait en avoir autant donné qu'encaissé pour que monsieur se permette de l'utiliser encore une fois de plus. Sans compter le lourd secret qu'elle devait garder sur l'homme avec qui elle couchait il y a encore quelques semaines. Tout ça lui pesait au cœur. Elle avait l'impression de se perdre un peu plus chaque jour. Pénétrant dans ce restaurant où ses pas l'ont guidé, elle remarqua aussitôt la présence de cet homme qu'elle ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve. À mesure qu'elle s'approchait, elle constatait que son regard déclinait vers elle, sans la fixer ouvertement. Aussi, elle réalise que ses yeux tiennent son ombre dans leur ligne de mire avec insistance, se levant et lui barrant ainsi le passage. Ce soir, il ne fallait pas jouer avec ses nerfs. Elle n'avait pas le temps de jouer au loup et au petit chaperon rouge. Alors elle toise l'homme avant de lui lancer un de ses regards à s'en glacer les os. « Dégage de mon passage misérable, si tu ne veux pas que je te fasse bouffer tes propres dents ! » Qu'elle lança non sans aucune once de peur. Pourtant, son petit gabarit face au sien, ne lui permettait pas de l'ouvrir de la sorte. Mais la brune s'en fiche, elle ne voulait pas qu'on la fasse chier ce soir. Ceci dit, quelqu'un d'autre semble apprécier ce spectacle, quelqu'un debout devant le comptoir des commandes, quelqu'un qu'elle connaissait et qu'elle prenait un malin plaisir à faire chier. Melchior. Elle s'arma d'un sourire carnassier posant une main sur l'épaule de l'inconnu et le poussant ainsi sur le côté non sans aucune gêne. Il était sur son passage, alors elle ne faisait que le balayer. L'anglaise se rapprocha de son "ami" posant une main sur son épaule. « Il paraît que tu allais m'inviter à manger. Ça tombe bien, j'avais une de ces faims ! » Parce qu'à le voir commander toute cette bouffe à emporter, dans un état aussi lamentable que le sien, Lucky avait pu percevoir sa solitude et sa mauvaise humeur. Alors autant le faire chier pour ne pas se faire chier ce soir non ?

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Son monde était en stand-by depuis quelque temps. Chaque jour il se perdait un peu plus. Plus le temps avançait et plus il avait du mal à se reconnaître, à savoir qui il était, à savoir ce qu’il était devenu tant il ne gérait pas ses émotions. L’incompréhension, la colère l’avait envahi, et il s’était simplement laissé faire, impuissant.
Il voulait qu’on lui foute la paix, juste un instant. Que les gens arrêtent de lui demander comment il allait, de vouloir à tout prix l’aider à passer à autres chose. Plus ils s’acharnaient et plus ça le mettait en colère. Non bordel. Tout ce qu’il veut c’est qu’on lui foute la paix. Il veut oublier. Il ne veut plus penser à cet épisode de sa vie. Son appartement ? Melchior l’évitait comme la peste. Le lieu lui rappelait trop ô combien il était seul depuis le départ de son ex. Celle qui occupait l’appartement H24 à ses côtés. Celle qui rendait le lieu si vivant. Aujourd’hui ça en était devenu une prison. Mais il fallait qu’il y retourne. Les responsabilités de la vie ne lui accordaient guère de repos. Si lui était mal, la Terre continuait pourtant de tourner.
Il était tard et dans une once de lucidité, il se dit qu’il fallait peut être qu’il mange. Il n’avait pas spécialement faim, mais honnêtement, si sa tête ne lui envoyait pas de signaux, son corps parlait pour lui. Le moral et la fatigue allaient avoir sa peau et si en plus il n’avait rien dans le ventre. Il patientait alors au comptoir, choisissant les plats quelques peu au hasard. Il en avait pour quelques jours avec ça, il aurait de quoi réchauffer pour manger pour trois jours. Un brouhaha émanait à côté de lui. Une altercation peut être, et il tournait la tête comme le reste de la salle vers le petit gabarit qui envoyait des paroles cinglantes à l’encontre de cet homme. Il avait reconnu Lucky, et le fait qu’elle n’ait pas changé lui arracha un léger rire de nostalgie ? Puis celle-ci se dirigeait ensuite droit vers lui après l’avoir repéré et le jeune homme perdit bien vite son sourire. « Je ne suis pas vraiment d’humeur ce soir... » Ni tous les prochains soirs, ni le jour, ni jamais … Mais l’espace d’une seconde en disant ces paroles, il se demandait si Lucky en aurait quelque chose à faire qu’il soit d’humeur ou pas. Ca ne l’avait jamais empêcher de débarquer chez lui à l’improviste, à se faire sa petite place. Il récupère le sac plein à craquer de nourriture, et s’apprête à quitter les lieux, mais quelque chose le retient. L’empêche de partir. Comme un regret, qui pourtant était une mauvaise idée. Avoir Lucky dans les pattes… Non merci. Elle ne partirait plus après ! Mais la perspective de retourner dans son appartement vide l’effrayait plus encore. « Pfff… Bon okay, viens. Mais je te préviens, fais toi petite ce soir.. » Parce que malgré sa petite taille, Lucky était du genre envahissante ...

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Melchior & Lucky

Elle aussi voulait qu'on lui foute la paix, elle aussi voulait qu'on la laisse tranquille. Mais surtout, qu'on arrête de la prendre pour une conne et d'utiliser sa faiblesse. Elle voulait tellement de choses qu'elle en aurait pour des jours si elle commençait à tous les citer. C'est donc devant Melchior qu'elle se retrouva ce soir et si la demoiselle était de mauvaise humeur, il a suffi d'un croisement de regard pour qu'elle se détende et s'en amuse un peu. L'anglaise ne dirait pas qu'il tombait à pique, mais un peu quand même. Alors, lorsqu'elle lui fit cette remarque et s'invita elle-même dans la commande de bouffe qu'il avait fait, Melchior l'envoya presque piètre. « On est deux chéri ! Alors soyons de mauvaise humeur ensemble ? » Elle insistait la demoiselle, elle le provoquait, elle se montrait même lourde, mais qu'est-ce qu'elle en avait à foutre au fond ? Lucky voulait à tout prix l'avoir pour elle ce soir et elle savait qu'elle l'aurait avec son éternelle tête de mule. Alors quand il tourne les talons, elle reste en retrait et croise les bras contre sa poitrine. Qu'est-ce qu'elle attendait ? Qu'il stoppe sa course et qu'il s'incline enfin à lui demander de le suivre. Chose qu'elle avait vu venir lorsqu'il se stoppa et se retourna pour l'inviter justement, à le suivre. De nouveau, un sourire vainqueur vient orner son joli visage, la miss décroise les bras et rejoins Melchior en l'aidant à porter quelques sacs. « Tu verras, tu ne me sentiras même pas. » Parce qu'elle ne pouvait pas se faire plus petite qu'elle ne l'était déjà la pauvre. Elle aurait dû mettre des hauts talons parce qu'à côté de son ami, elle faisait vraiment tâche du haut de ses trois pommes. Quoi qu'il en soit, elle se permit de glisser sa main contre son bras, l'empoignant et le serrant. Son large sourire trahissait ses pensées. « Tu sais de quoi nous avons l'air-là ? D'un joli petit couple. » Remarque qui n'est certainement pas la bienvenue, mais elle n'avait pu s'empêcher. Toujours à pousser le bouchon un peu plus loin pour le faire chier.

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Lucky, elle avait ce don de le provoquer. Et jusque maintenant, il avait toujours su relativiser et ne tirer que du bon dans leur amitié. Mais ça c’était avant, et là tout de suite, il sentait de loin que l’avoir à ses côtés était une mauvaise idée. Et puis en plus Lucky de mauvaise humeur aussi ? C’était se lancer dans l’inconnu. Mais un argument de taille le fait changer d’avis. Il détourne la tête pour ne pas apercevoir ce sourire narquois de victoire sur le visage de la jeune femme, avant de regretter. Elle lui assure qu’il ne la sentira même pas, alors il voit au loin l’espoir de peut être passer une soirée tranquille. Mais c’est ne pas connaître Lucky. Aussitôt ces jolis mots prononcés qu’elle vient se coller à lui, agrippant son bras pour ensuite lui faire remarquer qu’ils avaient l’air d’un joli petit couple. Ouch… Son cerveau a bondi dans un boîte crânienne. Il a vu rouge en l’espace d’une demi-seconde. Il extirpe immédiatement son bras de l’emprise de la jeune brune comme si ça en était devenu vital. « Non, on n’a pas l’air d’un couple. On n’a l’air de rien du tout ! » la toise-t-il d’un regard noir, avant de continuer son chemin en pestant des choses inaudibles. Ouais, plus tendu que ça, il n’y avait pas. Elle allait finir par passer la soirée sur le paillasson. « Tu comprend pas le principe du fais-toi petite hein ? Alors on va faire simple, on va faire un jeu. On ne parle juste pas jusqu’à ce qu’on arrive à l’appart. Ca veut dire pas de mot, pas de gesticulation, pas de… [...] » et il continuait d’énoncer les règles tandis qu’ils marchent tous deux pour se rendre à l’appartement du Quincy.
Heureusement qu’il n’était pas bien loin. Son petit jeu n’avait pas eu le succès escompté et il avait dû mettre son cerveau en mode off pendant quelques minutes. Tout ça lui avait donné l’appétit aussi, histoire de penser à autre chose parce qu’il arrivait justement devant son appartement. D’un coup, la nervosité l’envahi. Il y avait toujours cette insupportable manque de la présence d’Alex ici qui le rendait fou. C’était le dernier endroit où il voulait être mais bon. Il ouvre la porte, entre et part déposer directement le sac de nourriture sur la table basse avant de passer par la cuisine pour prendre couverts et assiettes. « Bière ça te va ? » Il n’attend pas vraiment sa réponse qu’il referme la porte du réfrigérateur et revient avec tout ce qu’il faut.

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Melchior & Lucky

C'est qu'il était vraiment tendu comme un string le petit Quincy. Même sa petite blague n'avait pas eu l'effet qu'elle désirait sur lui. Il prenait vraiment les choses à cœur et il fallait qu'elle découvre ce qui le tracassait. Dernièrement, elle le savait éprise d'une demoiselle, mais peut-être est-ce ça le problème ? Un chagrin d'amour ? Lucky ne voyait vraiment pas ce qui pouvait le mettre de mauvaise humeur à ce point. Lui qui d'ordinaire, était plus doux et plus accueillant que ce soir. Elle ne voyait aucun doute, il vivait vraiment un chagrin d'amour au vu du comment il avait vu rouge au simple mot prononcé "couple". « Ohhh détends-toi, je plaisantais. » Ses mains levées dans le vide comme si elle retirait ce qu'elle venait de dire. Si elle voulait que monsieur se détende, il fallait qu'elle emploie d'autres manières, comme par exemple, le laisser proposer son jeu et se taire. Faire silence alors que lui, il continuait de parler, parler, jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin chez lui. Une fois dans l'appartement, elle retire sa veste et l'accroche sur le porte manteau de l'entrée, laissant place à une vue alléchante sur un décolleté plongeant. Elle le regardait parler, encore. « J'crois que j'ai gagné ton propre jeu, puisque tu n'as fait QUE parler tout le long du trajet. Je peux parler à mon tour s'ayez  ? » Demanda-t-elle avant de prendre place sur un fauteuil. Il revient avec toute la bouffe qu'il avait commandé ainsi que des bières. Elle en attrapa un, l'ouvrant et buvant une gorgée. « C'est quoi ton problème ce soir ? Qu'est-ce qui te rend si... Désagréable ? » Non pas qu'elle s'y intéressait, mais sa curiosité prenait quand même le dessus. Elle se redresse pour se laisser tomber juste à côté de Melchior. Prenant bien soin de se rapprocher de lui, affichant toujours ce grand sourire provocateur.

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Le pire, c’est qu’il sait qu’elle plaisante. Cette allusion, tout le monde peut la faire. Lui même l’a déjà faite. Seulement c’était le mauvais moment et Lucky l’avait appris à ses dépends. Elle levait les deux mains, plaidant innocence. Il préférait poursuivre son chemin et oublier ça. Une idée lui passe même par la tête pour éviter que ce genre de chose se reproduise, et au fur et à mesure de son explication, finalement, ils avaient gagné son appartement plus vite qu’il ne l’avait prévu. Quelque chose que Lucky ne manque pas de souligner. Il lève les yeux au ciel. Ouais, il ne s’en était pas forcément rendu compte. Mais d’un côté, tant mieux. Alors qu’il passe dans la cuisine, il revient avec tout l’attirail et ce n’est qu’à ce moment qu’il la remarque. Ouais, bon il était déjà au courant que c’était Lucky, qu’il lui avait proposé de l’accompagner. Mais il l’a remarquait différemment. Le regard du Quincy dérivent même un peu plus bas que les yeux de la demoiselle, mais il trouve bien vite un autre moyen de s’occuper l’esprit en prenant soin de ne rien renverser tandis qu’il dépose le tout sur la table basse avant de se poser sur le canapé. Ouais elle était belle. Très belle même. Mais il aurait été trop fier et surtout pas assez d‘humeur pour le reconnaître. Il s’empare de sa bière, la porte à ses lèvres alors que la jeune femme vient de nouveau fourrer son nez dans les affaires de Melchior. Non, il ne veut pas en parler. Il ne l’a pas amené ici pour parler de ça. Non, il veut au contraire ne pas y penser, oublier tout ce qui peut toucher de près ou de loin à cette histoire. Oublier, toujours et encore. Alors il secoue la tête, en fronçant les sourcils pour lui faire comprendre qu’il n’allait pas aborder le sujet. « Tu ne lâches jamais l’affaire hein. Tiens, si tu veux parler, parle plutôt de ce qui t’arrives. Pourquoi t’es de mauvaise humeur ? » Ohla dans quoi il se lance… Il se penche en avant pour sortir les plats. « Non, en fait oublie. Tu ne veux pas juste qu’on mange et .. voilà ? Tu peux mettre la télé ou tout ce que tu veux, tu connais la maison. » Il repose ses bras sur ses genoux en tournant la tête vers Lucky. Il doit se rendre à l'évidence, il ne sait pas si c'est l'effet de la nuit, la fatigue, le coup de cette dramatique histoire avec Alex... Mais Lucky était très belle ce soir, et ça le gêne presque de le penser.

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Prenant un air faussement affligé, Lucky secoua la tête en donnant l'impression que toute la misère du monde pesait sur ses épaules. Lorsqu'elle voulait quelque chose, elle n'abandonnait pas aussi facilement, mais l'anglaise ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il lui retourne la question. Lui parler de son ex ? Et de toute la misère qu'il lui faisait subir encore aujourd'hui malgré leur rupture ? Lui parler du lourd secret qu'elle devait garder sous peine d'envoyer un homme en prison pour ses multiples meurtres ? Non, elle ne pouvait pas. Alors elle ouvre la bouche, mais la referme aussitôt lorsqu'il se rétracte de sa question. Dieu soit loué, il changea de sujet, proposant de passer à table. Mais avait-elle réellement faim ? Tout ça n'avait été qu'une excuse pour s'inviter, alors maintenant qu'il fallait passer à table, elle n'en bougeait pas le pouce. « Je te sens stressé là. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu préfères que je m'en aille ? » Demanda la brune levant ses pupilles pétillantes vers le quincy en lui gratifiant un énième sourire. « Je n'ai pas faim... Je crois. » Il la connaissait, il savait qu'elle n'était réellement pas là pour manger, que c'était une excuse pour passer un peu de temps avec lui histoire de le faire chier. Mais ce soir, il n'était pas très réceptif. « Mais vas-y fais-toi plaisir. » Une lueur particulière scintilla dans les prunelles de Melchior, ce qui eut pour effet de monopoliser pour un temps, toute l'attention de la jeune femme. Un léger sourire mi-interrogatif, mi-amusé étira ses lèvres rosées, tandis qu'elle se regardait elle-même. « Quoi ? J'ai quelque chose de bizarre sur moi ? » Lui faisant ainsi remarquer qu'elle voyait bien son regard vaguer sur elle. Regard qui ne la déplaisait guère qui plus est. Il fut un temps où elle avait perdu confiance en elle, ou elle ne se pensait plus si attirante au point qu'on veuille la courtiser ou la posséder. Et elle le pense toujours au fond, mais elle joue la comédie, faisant semblant d'avoir conscience qu'elle avait un physique à en faire bander plus d'un. Elle se mentait, préférant se bercer d'illusion plutôt que sombrer dans la dure réalité. Lucky ne se trouvait pas si... Époustouflante.

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Il était du genre à perdre patience plus facilement ces dernier temps, et cotoyer Lucky, ce n’était pas une mince affaire. Mais jusque là, il s’en tirait pas mal. Il ne se serait pas donné une minute à vrai dire. Alors qu’il défait les sacs pour manger, le jeune femme lui annonce alors ne pas avoir faim.. « Evidemment. » lance-t-il dans un soupire. Il aurait dû s’en douter. Avec Lucky, rien n’est simple, il faut toujours se méfier de ce qu’elle a derrière la tête. Il le savait pourtant, il aurait du le savoir. Enfin bon, il n’est pas sûr d’avoir très faim maintenant. Et puis il détestait encore plus qu’on le regarde manger. « T’es toujours bizarre Lucky. » trouve-t-il simplement comme réponse pour éloigner tous soupçons en tournant la tête ailleurs. Puis, en prononçant ces mots, il avait rallumé brèche qui prit feu. La rancoeur revenait au galop. « Les FILLES sont bizarres. Vous l’êtes toutes ! Si bizarres... et si compliquées ! Un coup c’est oui, un coup c’est non ! Vous dites vouloir de quelque chose et le lendemain vous êtes parties très loin sans rien dire. » Il confond légèrement l’histoire, mais l’idée est là. Melchior relâche sa fourchette sans la moindre délicatesse sur la table, en soupirant longuement après sa petite tirade qu’il avait cité sans vraiment avoir repris sa respiration entre temps. Il se passe une main sur le visage avant de se redresser pour revenir dans le canapé, se rapprochant de la jeune femme pour poser son regard de nouveau sur elle. « Qu’est-ce qu’il vous faut pour que vous soyez simplement heureuses ? » De l’aigreur dans son intonation. Ou peut être était-ce presque de la supplication, il ne savait pas trop. Il voulait la réponse. C’était comme s’il le demandait à elle. A Alex, par procuration. Il n’avait pas eu la chance de pouvoir la retenir, de pouvoir comprendre. Mais il devait comprendre. Son coeur reprend étrangement du rythme. Lui qui pensait qu’il s’était arrêté de battre après le départ de la princesse. Dans un soupçon de délire, le transfert est facile. Il sait que c’est Lucky devant lui, mais il a besoin d’y voir Alex. Et en cet instant, il la voit. Il ne s’en était pas rendu compte, mais son visage s’était rapproché de la brune. Et plus vite qu’il n’a eu le temps de comprendre, ses lèvres se collèrent aux siennes.

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Melchior & Lucky

Vraiment ? Était-elle aussi bizarre qu'il prétendait ? Elle admet qu'elle n'est pas facile à vivre, en fait, elle à ses défauts et ses sautes d'humeurs comme tout le monde, la manie de perdre rapidement confiance en elle, d'agir sans réfléchir par moment sous la colère, mais elle restait quand même quelqu'un de sincère, de vraie et qui a tant de choses à donner. Elle reste, sensible au fond même si elle ne le montre pas toujours. Alors peut-être avait-il raison, on ne la comprendra jamais. « Merci, j'prends ça pour un compliment. » Rétorqua la demoiselle sourire aux lèvres. Et là, sans qu'elle puisse comprendre quoi que ce soit, son ami se lance vers une foule de reproches contre les femmes. Elle fronce les sourcils et l'écoute sans broncher. Lorsqu'il termine, elle pose une main sur son front. « Pas de fièvre, mais je note quand même que tu es en train de délirer. » Ce qui était étonnant, c'est qu'elle avait vu juste depuis le début. Chagrin d'amour. « Et vous alors ? Vous dites aimer, mais à la moindre rupture, vous ne perdez pas de temps pour aller vous enticher d'une autre ! Vous ne prenez même pas la peine de vous battre. Vous trouvez toujours le moyen de tout gâcher quand tout va bien. Vous faites vos gaffes et vous venez implorer une seconde chance et on vous la donne les yeux fermés. Et à la moindre petite erreur de notre part, vous n'êtes même pas capable de pardonner à votre tour ! Pas capable de mettre votre égo de côté... » Qu'elle n'avait pu s'empêcher de répondre. Attaque qui ne lui était pas destinée, mais les femmes ne sont pas à blâmer uniquement. Les hommes aussi faisaient des erreurs, beaucoup d'erreurs. Alors lorsqu'il lui demanda ce qu'il leur fallait pour être heureuse, la demoiselle haussa les épaules. « Qu'est-ce qu'il vous faut vous pour vous satisfaire ? Car peu importe ce que l'on fait, ce n'est jamais assez. » C'est deux-là se parlaient sans vraiment se parler en fait. Mais soudain, ne s'y attendant pas du tout, lorsqu'elle releva ses prunelles, les lèvres du quincy vinrent immédiatement capturer les siennes. Lucky s'était figée, les yeux grands ouverts, la surprise placardée sur son visage. Mais elle balaya ce geste d’un battement de cils, finissant par fermer les paupières et répondant ainsi à son baiser. Un frisson s'empare d'elle alors qu'elle se redresse légèrement afin de glisser une main contre sa nuque, tandis que l'autre allait flatter l'une de ses joues, perdue dans ce ramassis de surprise, mais aussi de bien-être.

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Elle prenait ça pour un compliment, tant mieux. Il ne savait pas vraiment comment il l’avait sorti, mais de sa bouche ce n’était ni un reproche ni un compliment. Enfin, être bizarre ne faisait de mal à personne. C’était une originalité … probablement. Il ne sait pas trop. Honnêtement, il perdait complètement pied le Melchior. A tel point que Lucky même se dit qu’il est en plein délire. Mais elle marche avec lui, et suit la démarche pour dresser la petite liste de reproches des femmes envers les hommes. Et il n’en croyait pas ses oreilles. Lui ne pas se battre ? Mais qu’est-ce qu’il aurait fallu qu’il fasse de plus ? Et parler d’ego… Il accusait le coup pour toutes les reproches, même si elles ne lui étaient pas forcément destinées, inconsciemment il les prenait toutes pour lui. Parce qu’il ne sait pas ce qu’il a fait de mal pour qu’en plus de perdre les bébés, Alex soit partie, alors la seule réponse qu’il peut avoir est celle que lui donnait Lucky. D’ailleurs, si bien détaillée qu’il doutait bien que celle-ci devait en avoir eu l’expérience douloureuse.
Ce qu’il fallait pour être satisfait ? Mais il ne lui a jamais fallu grand chose à Melchior. Et il ne lui fallait pas grand chose encore maintenant. Juste elle. Ou un signe d’elle… Elle lui renvoyait ses fautes, et ça le vexait. Ca le vexait autant qu’il culpabilisait d’un seul coup. Il veut se faire pardonner. Il ne sait pas de quoi, mais il se ferait pardonner, si au moins elle pouvait lui revenir. Il la veut. Il la désire toujours… Et ses lèvres se retrouvaient liées aux siennes dans un échange réconfortant. Sa conscience n’était plus vraiment là. Son coeur s’emballe et il était désormais loin, plongé dans une illusion de chaleur et de bien-être. Il sent sa main passer derrière sa nuque, tandis que l’autre venait réchauffer sa joue. Un frisson de désir envahit le jeune homme, qui venait alors agripper d’une main l’épaule de la brune pour doucement la faire basculer en arrière sur le canapé, sans quitter ses lèvres une seule seconde. Mais d’un seul coup, sans pouvoir l’expliquer, il eut un mouvement de recul, comme s’il avait été tiré d’un rêve. Il avait l’air fin comme ça, avec la respiration haletante. Il froncait doucement les sourcils, observant Lucky allongée sur son canapé sans vraiment se rappeler du comment ils en étaient arrivés là. « T’es sûre ? » lui demandait-il dans un murmure. Quel con… Non mais quel con ! Il ne savait pas ce qui lui a pris, ce qui lui était passé par la tête. Si elle le rembarrait maintenant, il l’aurait bien mérité. Un jour, sa foutue galanterie ou bienveillance aura sa peau sévèrement. Par pitié, oublie ça, oublie ça … Il mourrait d’envie de l’embrasser encore et encore. Mais il ne lui restait plus qu’à prier qu’elle ait autant envie que lui de s’évader. Ou bien la supplier de ne pas lui reprendre cet échappatoire, même s’il ne durerait pas. Alors il rapprochait légèrement son visage, puis un peu plus. Tant qu’elle ne lui disait pas non.

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