Gioia de Luca ► Amelia Zadro

Échangée à la naissance.
Cette phrase tourne en boucle dans sa tête, si fort qu’elle n’entend plus que ça. Le médecin la regard d’un air désolé, elle et ses parents qui ne comprennent rien de ce qui leur arrivent. Comment est-ce possible ? Les hôpitaux sont censés être fiables, de nos jours, mais l’infirmière a mal fait son travail. Elle s’est trompée entre deux bébés quasiment identiques, sans que l’on comprenne comment. L’air frais se fait soudain rare, Gioia tournes de l’oeil tandis que le médecin explique les marches à suivre. Elle n’en reviens pas : toute sa vie n’a été qu’un mensonge, depuis le début, à cause d’une simple erreur. Quelle était la probabilité pour que cela arrives ? Gioia avait déjà entendu des histoires de bébés échangés, mais elle n’avait jamais pensé que cela lui été arrivé, dix-huit ans plus tôt.
— C’était une erreur, dit finalement Gioia au Doc. Je n’aurais pas dû demander ces tests sanguins.
Le médecin hausse les sourcils, soupire. Docteur Lorenzo. Elle n'aimerait pas être à sa place. D'ailleurs, elle veut se retrouver loin, très loin d'ici, se faire toute petite.
— Tout de même, finit par réagir sa mère - qui ne l'est pas vraiment, au final. Cette infirmière... Comment a-t-elle fait pour échanger deux bébés ?
— Vous pouvez porter plainte, soulève le doc sans répondre à sa question. Il s'agit d'une faute professionnelle impardonnable...
— Ma fille est quelque part dehors ! hurle soudain Aline Da Luca. Se rendant compte de ses paroles, elle se tourne vers Gioia : tu es toujours mon bébé, ma puce. Cela ne change rien...
D'un coup, tout cela fait sens. Gioia a les cheveux châtain, les yeux verts et n'a jamais ressemblé physiquement à ses parents. Même son frère et elle semblent n'avoir aucun lien de parenté. Beaucoup lui demandent si elle est adoptée, quand on voit les cheveux noirs et les yeux bleus de sa mère. Les yeux marrons de son père et sa calvitie imminente. Elle ne leur ressemble en rien - souvent, il lui semblait être le vilain petit canard de la famille. Tout fait sens.
— J'ai compris, maman, répond Gioia d'une petite voix. Moi aussi, je veux voir ma mère biologique. Comment peut-on les retrouver ?
Le docteur Lorenzo pousse un long soupire, ne sait quoi dire. Ses mains s'agitent, il gesticule sur son siège.
— Eh bien... Cela peut prendre plusieurs mois, parfois. Plusieurs années, même. Surtout si la famille n'est plus en Italie...