ALEK E. LEWIS-KENNEDY ► Dougie Poynter

   
   
L'enfance.
La naissance ? On n’en a rien à foutre. Tu me vois m’amuser à raconter comment le médecin m’a fait sortir du ventre de ma mère qui hurlait la mort comme si on était en train de la charcuter avec une fourchette à escargot ? Ça servirait à rien, on est tous sorti du même trou, du moins, du même genre de trou, autrement, la mère porteuse aurait dû soucis à se faire. Comme si ça nous intéressait ! Son enfance ? A quoi ça sert de dire qu’il a eu des parents aimant, et, qu’il n’a jamais vraiment manqué de quelques choses ? A rien aussi, je ne suis pas en train d’écrire son autobiographie, il est encore jeune, il a toute la vie devant lui. Alors on ne va pas se faire chier à raconter tous ces petits détails insignifiants tel le jour où il a perdu sa première dent, ça à fait mal ça au passage, le jour où il a su que le Père Noël n’existait pas, ça aussi ça a fait mal, ou bien le jour où il est tombé sur ces parents en train de coucher ensemble, je vous assure, il préfère oublier ces détails de sa vie traumatisant, car, c’est vraiment dégueulasse. Alors oui, ce mec là, il a eu une belle enfance, sans jamais manqué de rien, une enfance dans une bonne famille, les derniers jouets, les dernières consoles, pourris gâté jusqu'au trou du cul. Mais au fond, qui en a quelque chose à foutre de savoir si j'ai été un enfant gâté ou un pauvre petit malheureux ? Tout le monde s'en fou, sachez juste que si j'en suis arrivé là aujourd'hui, ça n'a rien à voir avec mon enfance, aucun traumatisme, rien, zéro.

  Harvard Harvard.
En fait, j’ai toujours eu cette réputation de connard avec les filles, même si au fond, j’ai un grand cœur. Je ne comprends pas trop pourquoi au passage… Bon, d’accord, je me fous de votre gueule, je comprends tout à fait pourquoi en fait. J’aime les défis, les défis de merde qu’on peut faire entre garçon. Tu le réussis, tu gagnes un peu d’argent, tu le loupes, et bah, tu perds un peu d’argent aussi, plutôt logique non ? Ça m’arrivait aussi de le faire contre rien, juste pour le fun, juste pour rire. En même temps, c’est tellement simple avec les filles, tu vas lui faire entendre ce qu’elle veut, lui dire que c’est la femme de ta vie, que t’as jamais vu quelqu’un d’aussi beau, que t’as plein de projet avec elle, tu lui payes un ou deux restau, et là, c’est bon, tu l’as ramène dans ton lit sans aucun problème. Bon, des fois, ça ratte, je me prends une claque dans la gueule quand la fille apprend que t’as couché avec elle juste pour un défis. Combien de fois tu as fait ça, combien de défis stupides tu as réalisé, combien de filles que tu as pris pour des connes. La belle époque, enfin, une jeunesse que tu as apprécier, une jeunesse un peu trop folle, une jeunesse faite d'excès, d'alcool, de drogue et de sexe, mais tu savais très bien que tout ça ce n'était que passager. Tu savais très bien qu'un jour tu te calmerais, tu te rangerais du bon côté de la vie. Mais j'étais loin de me douter que ce jour arriverait plus tôt que prévu, rendez vous au chapitre trois...

 Dream come true.
J'ai aimé cette vie, j'ai aimé ce court passage parmi toutes ces personnes, j'ai aimé ces personnes, je me suis attaché, j'ai laissé une trace sur cette terre, comme une petite signature, une petite graine que j'aurais planté et qui, dans une centaine d'années, deviendra un arbre, un grand et beau chêne massif où des enfants construirons leur cabane. Des enfants qui auraient pu être les nôtres, une vie qui aurait pu être la notre. Tout ça n'était qu'illusion, tout ça n'était qu'un mirage, et une fois le voile tomber, la réalité te claque à la gueule comme une merde qui éclabousse dans un chiotte public. Et ça fait mal, ça te heurte comme un poids lourd lancé à toute vitesse. Je crois que jusqu'à aujourd'hui, mes plus belles années ont été celle où j'étais amoureux, où j'ai rencontré l'amour et je l'ai vécu comme dans mes rêves. C'était elle et personne d'autre, j'étais prêt à tout pour elle, j'aurais pu mourir pour elle. J'ai toujours rêvé d'avoir une femme, une maison, un chien et des enfants, ce rêve, elle m'a aidé à le réaliser, elle, cette pierre précieuse. J'avais une belle vie, je ne peux pas mentir et dire que ma vie était pourrie, j'étais surement l'un des mecs les plus heureux au monde, tout me réussissait, tout ce que j'avais entrepris arrivait à terme, comme si mes mains étaient faites d'or, comme si tout ça ne pouvait pas être réel tellement c'était beau. Je me suis marié, plus beau jour de ma vie, moi, l'ancien queutard, j'étais fidèle et plus amoureux que jamais, moi, le chevelus, j'avais trouvé chaussure à mon pied, une femme qui m'acceptait tel que j'étais et qui me prenait avec tous mes défauts, Nevada. Elle m'a donné un fils, deuxième plus beau jour de ma vie. J'avais crée la vie, moi, Alek, j'avais un fils, une descendance que j'allais élever à mon image. Il était pur, innocent, la plus belle chose que j'avais pu voir sur cette terre, et dans son regard, je voyais l'avenir, j'arrivais à me projeter des années en avant, j'arrivais à me voir vieux, à l'article de la mort, retraçant toutes ces années plus belles les unes que les autres, mon fils, il m'avait donné l'envie de m'accrocher et de continuer à avancer, il m'avait donner l'envie de soulever une chaine de montagne entière pour lui, il m'avait donné l'envie d'être un homme, un vrai, Quincy. Mais tout ça n'est qu'un mirage, toute cette belle vie, je l'ai envoyé valser aussi rapidement qu'un verre pourrait m'échapper des mains et se briser en mille morceaux au sol. Des morceaux qu'on ne pourrait recoller tellement le mal était grand et irrécupérable. Ce mal, c'était moi. J'avais tout gâché, tout ce qui pouvait y avoir de plus beau et de pure dans ce monde, je l'avais gâché, envoyant tout balader du jour au lendemain sans raison valable. J'avais foutu ma vie en l'air ainsi que celle de mes proches. J'ai fuis, j'ai disparu, je suis parti errer sur cette terre, sans aucun but. Je n'étais qu'un squelette qui déambulait dans les rues, on aurait pu me prendre pour un clochard, un mec perdu... Et puis j'ai réagis, j'ai réalisé tout ce que j'avais perdu et tout ce mal que j'avais fait, mais il était trop tard, il était bien trop tard pour ça, j'ai beau avoir essayer de m'excuser, rien ne pourra arranger tout ça. J'ai divorcé, l'un des pires jours de ma vie. J'crois bien que le divorce ça a été un choc pour moi, perte de poids, mauvaise hygiène de vie, déchéance, alcool, trou noir, une fois de plus je n'étais qu'un squelette recouvert de peau qui errait dans les rues. Bien sur, je me suis repris en main, mais disons que je marche toujours à reculons. Je continue de me battre, de faire en sorte d'aller mieux, petit à petit j'ai repris gout à la vie, mais un gout amer, un gout de renfermer, un gout de chiotte. Je ne m'attache plus, non, je n'ai aucune envie de faire de mal aux personnes qui m'entourent une fois de plus, je ne désire qu'une chose, récupérer ce qui me revient, mon fils. C'est con dit comme ça, c'est bête de ma part de réagir de la sorte, mais j'exige d'avoir la garde alterné, de pouvoir m'occuper de lui et rattraper ces quelques mois d'absences... Putain, comment je me suis démerder pour tout foutre en l'air ? Toute ma vie, je ne serais qu'un connard de plus...