Appel : William ► Lisbeth

Les nouvelles allaient vite... Ou alors admettrais-je surveiller les allées et venues de Lucky. Quoiqu'il en soit, j'appelais celle qui saurait me donner plus d'information sur le teneur des évènements auquel j'avais tenté de la protéger ! Lisbeth. "Tu es toute seule ?" Oui je m'étais passé du bonjour et oui je m'étais passé du comment vas tu ? et en effet ce que je sous entendais était : Est ce que tu es en mesure de me répondre car je ne vais en aucun cas te parler de la plus et du beau temps.

Elle s’attendait à ce coup de fil mais elle ignorait quand il arriverait. Jusqu’à présent. Son portable vibra sur la table basse en verre et elle abandonna son ordinateur pour s’en emparer. William Bloomberg. Elle se mordilla la lèvre avant de répondre par un simple « Oui ? ». Elle ne put pas en placer une autre car déjà l’homme à l’autre bout du fil lui demandait si elle était seule. « Oui, je suis seule. Qu’est-ce qui se passe ? ». Lisbeth se leva de son sofa et quitta sa terrasse. Elle comprit au ton de son interlocuteur qu’elle avait intérêt à s’isoler pour cette conversation.

Je savais qu'elle savait pourquoi je l'appelais. Et c'était pour cette raison que sur le coup sa question me pris quelque peu au dépourvu. Je me rassurais bien vite en me disant qu'elle se demandait surement si un autre évènement du type de ceux qui lui arrivait de manière réccurente se soit produit pour moi. Peut-être aurais-je préféré ? J'aurais préféré ! « Je... » commençais-je m'interrompant pourtant aussitôt. « J'avais pensé que c'était ce que tu m'expliquerais. » avouais-je ensuite. Il y avait une tout autre chose que je devais lui avouer ! Une chose sur laquelle je gardais le silence parce que je refusais de croire que ça puisse avoir un lien avec moi !

Dans son salon, Lisbeth faisait les cents pas, la boule au ventre. Elle attendait patiemment qu’il lui réponde tout en se doutant de quoi il voulait lui parler. Elle retint un léger soupir avant de s’arrêter et de s’appuyer contre la baie vitrée. « Dis-moi si je me trompe mais… Tu veux me parler de ce qui s’est passé avec Lucky ? » Oui, elle connaissait le nom de sa mystérieuse cavalière. Elle se remémora cette journée peu commune, quand elle s’était jetée sur la demoiselle pour la clouer au sol lui évitant ainsi d’être atteinte d’une balle perdue qui, bien entendu, lui était destinée à elle, Lisbeth Larsson.

De toute évidence, Lisbeth savait à quoi je faisais référence. Je n’avais pas à chercher à tourner autour du pot. « Tu ne te trompes pas. » affirmais-je alors qu’elle reprenait la parole.  « Qu'est ce qui s'est passé ? » lui demandais-je apaisant mon timbre de voix pour ne pas avoir l'air, ni pros inquiet, ni trop contrarié.

C’était bien ce qu’elle pensait. Elle prit une grande inspiration alors que les souvenirs affluaient dans sa mémoire. « Je rentrais chez moi après une journée… Bien chargée et puis j’ai senti une présence. Au moment où j’ai remarqué le tireur, Lucky a déboulé de nulle part et s’est retrouvée devant moi. J’ai su qu’elle allait se prendre la balle à ma place alors je me suis jetée sur elle pour la plaquer au sol. Et ce n’est pas passé loin… ». Un long frisson fit trembler son corps à la seule pensée de la balle les frôlant de très près. Une grande lassitude s’empara d’elle et elle posa sa main sur son front alors qu’un soupir lui échappait. « Il faut que je… Qu’on la trouve, Will… Ça devient vraiment épuisant et des tierces personnes sont en danger… Par ma faute. ». Lisbeth était loin de s’imaginer que Will connaissait bien son agresseur. Pire, qu’il lui cachait la vérité depuis quelques temps.

J’écoutais attentivement le récit que Lisbeth me contait, tout en essayant de visualiser les faits. J’aurais pu être rassuré tout de suite lorsqu’elle expliqua que Lucky s’était trouvé là par hasard. Mais je n’en avais pas la moindre idée ! Après tout qui me disait que Camilla en avait après Lisbeth ? Qu'est ce qui me prouvait qu'elle n'en avait pas après moi ? Vouloir me faire abattre ma hackeuse, puis chercher d'autre commanditaire. Et maintenant Lucky ! En sachant de quoi elle était capable j’ignorais à présent bel et bien qui était sa véritable cible ! « Mes sources l’on localisé en Suède. Je m’en occupe. » affirmais-je

Lisbeth était loin de se douter des idées qui se tramaient dans l’esprit torturé de William. Et surtout, elle ignorait qu’il en savait bien plus qu’elle et qu’il n’avait pas jugé bon de partager ses informations. Un petit silence s’était installé entre eux, lui laissant le temps d’assimiler les paroles de la jeune hackeuse. Quand il reprit la parole, il fallut quelques secondes à Lisbeth pour réagir. « Comment ça ? En Suède ? Bordel, Will, tu le sais depuis combien de temps ?! » Elle s’était pratiquement élancée sur la terrasse pour récupérer son ordinateur. Elle faillit se prendre les pieds contre le bord de la terrasse en retournant dans son salon et elle jura. « Tu comptais me le dire quand ? » Lisbeth avait la désagréable impression que très lentement, les pièces du puzzle se mettaient gentiment en place. Et que quelque chose lui échappait. « Qui est cette femme, Will ? » demanda-t-elle d’une voix extrêmement basse et étranglée alors que l’angoisse lui tordait les entrailles.

Je ne pouvais que comprendre la réaction explosive qu'elle avait là. Bien que je ne puisse pas encore imaginer à quoi cela ressemblerait lorsqu'elle saurait que non seulement j'avais reconnu le nom de Camilla mais qu'en plus il s'agissait de mon ex ! " Quelques semaines mais j'ai été mis sur écoute. C'est une longue histoire. " me justifiais je alors me doutant bien que ce début de réponse ne suffirait que pour l'instant.  "J'aurais préféré ne pas avoir à te le dire au téléphone. Mais on ne pas laisser le choix. " expliquais je encore. Une autre voix indéchiffrable se fit entendre derrière moi. Je marquais une courte pause. "Je dois raccrocher. " marmonnais-je avec agacement.

Lisbeth n’arrivait pas à y croire : il avait été mis sur écoute et il n’avait pas jugé bon de l’avertir ? Il existait bien d’autres moyens pour communiquer qu’un téléphone, pourtant ! Elle aurait pu arranger le problème en un tour de main. Les choses commençaient sérieusement à se corser, à devenir on ne peut plus dangereux aussi bien pour l’un que pour l’autre. Une sueur froide parcourut son échine et elle déglutit avec peine. « Je passe maintenant. T’as intérêt à être seul. » Et elle raccrocha sans lui laisser le temps de répliquer.