KARMA YUM WANGCHUK ► naomi scott

Le Bhoutan est un beau pays, et ça, je ne le nierai jamais. Mais dang, c'est loin. C'est au bout du monde. Et c'est très petit, on en a vite fait le tour, enfin ... Pas si rapide, si on considère les routes tellement escarpées qu'on met une heure à faire vingt kilomètres. Mais c'est aussi un pays austère et vétuste. Pas de télévision jusqu'en quatre-vingt-dix-neuf, et la décennie précédente, des exils et des répressions sanglantes. Jusqu'à mes treize ans, je n'avais aucune idée de ce à quoi ressemblait une grande surface. Je suis une nièce de roi Jigme Khesar Wangchuk, et au Bhoutan, je m'ennuie ferme. Ce n'est pas le patriotisme qui m'étouffe, et aller étudier en Inde ne m'intéresse pas. Desperate Housewives et How I met Your Mother ont fait leur oeuvre, et je me suis mis à vouloir aller aux Etats-Unis. Alors j'y suis allée pendant une semaine, et depuis ce jour, je rêvai d'y retourner.

Je me suis renseignée pour aller à Harvard : mon oncle a fait Oxford, ça lui a bien servi, alors mes parents n'ont pas trop râlé quand je leur ai dit que je voulais faire Harvard. Ils savaient que je rêvais depuis gamine d'être journaliste, alors mon choix d'études ne les a pas surpris ; par contre, le choix de la mineure, si. Je suis officiellement bouddhiste, comme presque tous les bhoutanais, mais je ne compte pas restreindre ma vie à cause de mon éducation religieuse. Ma façon de penser est peut-être radicale, mais la tolérance religieuse est une des marques des pays les plus développés de la planète.

J'ai suivi un cursus spécial pour pouvoir entrer à Harvard : une sorte de classe préparatoire, alors du coup, j'ai eu de bons résultats. Je suis très curieuse et travailleuse, alors ça n'a pas été si compliqué. Mes professeurs pensaient que je serai très bien là-bas. L'oral aussi a été convaincant ! Je dirai que ce qui a plus, c'est mon ascendance et le fait que je sois ouverte. Quant au dossier et aux lettres de recommandations ... Eh. J'avais juste mon prof particulier de prépa. Mais ça a dû suffire, ça et l'article que j'ai fait sur les voyages humanitaires, leurs limites et leurs points positifs. J'en ai fait deux : Au Chili et à Madagascar. Ce qui me frustre le plus depuis mon petit pays tout isolé, c'est de ne rien pouvoir faire : l'Occident essuie attentats sur attentats, la famine sévit un peu partout ... Je veux pouvoir apporter ma pierre à l'édifice.

La première chose qui m'a frappée en arrivant, c'est la taille de l'université. Ma première année a été un véritable succès ! Le seul problème, ça a été la langue. Je suis arrivée à Harvard avec un gros accent indien, et personne ne me comprenait les deux premiers mois. Heureusement, ça va mieux maintenant. Hélas, je n'ai pas pu aller au bal du lycée,
j'étais partie voir ma famille avant le summer camp. Je m'efforce de garder de bonnes relations avec eux, et de leur donner des nouvelles le plus souvent possible.

Je suis très contente d'aller en Asie, au Laos pour le summer camp. Ce sera génial !