CÔME I. WINGHAM ► milo ventimiglia

il y avait cette détresse dans ton regard perceptible à des kilomètres à la ronde. une tristesse incommensurable que tu voudrais tant pouvoir dissimuler derrière un amas d'indifférence. parce que ça serait beaucoup plus facile de présumer que tu survivrais que de verbaliser ce que tu ressentais. sauf qu'il avait ce trou béant dans ta poitrine avec laquelle tu devais gérer bien malgré toi. cette sensation douloureuse que ton coeur avait été arraché de ta poitrine et piétiné à de nombreuses reprises. toutes tes certitudes s'étaient effondrées en une fraction de seconde sans que tu sois préparé à cette éventualité. tu étais pourtant rentré dans cet hôpital avec la conviction de voir naître ta fille et non de voir mourir ta bien-aimée. tu ne saurais pas dire pour quelle raison elle s'était envolée parce que tu n'avais pas compris l'explication des médecins. ils avaient fait mention d'une hémorragie mais t'étais loin d'être sûr que ça soit la cause de tout. c'était comme si tu n'entendais plus rien et que le monde s'était arrêté de tourner. ton monde. tu te souvenais seulement que tu avais hurlé jusqu'à en perdre le souffle. brisant tout sur ton passage tel un ouragan dont la force restait à définir. la sécurité avait dû intervenir pour éviter que tu saccages cette chambre d'hôpital. c'était comme si tu avais perdu le contact avec la réalité et que tu n'étais plus maître de toi-même. puis les pleures de ta fille t'avaient ramené à la dure réalité beaucoup trop rapidement. c'est alors que tu avais compris que ta nouvelle vie ne faisait que commencer. sauf que tu n'en voulais pas de cette nouvelle vie préférant de loin l'ancienne. ce quotidien dans lequel tu évoluais avec emma et calvin sans la moindre ombre au tableau. lorsque tu étais bien heureux avec ta femme et ton fils qui complétaient bien ton bonheur. alors tu donnerais tout l'or du monde pour retourner à cette époque là et pour avorter cette grossesse. parce que le gain de cet enfant ne compenserait jamais la perte de ton âme soeur. c'était tout du moins ce que tu t'étais dit les minutes suivant le décès de ta femme. mais il suffisait seulement que tu prennes ce poupon frêle dans tes bras modifier ton état de pensée. il suffisait que tu l'étreignes contre toi pour réaliser qu'elle serait ta bouée de sauvetage. tes enfants seraient la raison pour laquelle tu lutterais même dans l'adversité. la seule et unique raison pour laquelle tu continuerais à exister même lorsque tu n'en avais plus la force ni l'envie.

les journées passaient et elles se ressemblaient toutes sans la moindre exception. son absence se faisait sentir dans chaque aspect de ta vie et c'était en train de te rendre complètement fou. tu avais essayé de prendre soin de tes enfants durant un temps sauf que tu étais arrivé à une évidence déchirante. comment pourrais-tu prendre soin d'eux alors que tu ne savais pas prendre soin de toi. tes parents avaient alors pris en charge ton fils et de ta fille le temps que tu te reconstruises doucement. car en dépit de toutes tes bonnes volontés, il était évident que tu avais besoin de temps. du temps pour cicatriser. sauf que tu te laissais couler à l'image d'une épave sans possibilité de remonter à la surface. c'est dans l'alcool que tu étais parvenu à retrouver un sentiment de bien être éphémère. mais t'es arrivé à un point de non-retour où tu ne pouvais plus passer au travers d'une journée sans une goutte d'alcool. alors ça avait commencé à affecter ta vie autant personnelle que professionnelle. autant dire que ta carrière ne tenait plus qu'à un fil au même titre que tes aptitudes de père. tu enchaînes les conneries les une après les autres sans vraiment réaliser l'ampleur de tes actions. c'est seulement quand tu t'es fait arrêté par la police tu as enfin compris à quel point tu étais tombé bas. parce qu'il fallait être un moins que rien pour laisser sa fille dans le siège arrière de la voiture pour aller boire un verre dans un bar. sous un soleil cuisant et durant plusieurs heures manquant de la tuer de déshydrations. c'est après ça que ta vie prenait un nouvel tournant. mais il avait fallut que tu perdes tout pour comprendre que tu avais besoin d'aide. la garde tes enfants avait été attribués à tes parents perdant ainsi tous tes droits. c'est à ce moment là que tu décidais d'intégrer un centre de désintoxication. parce que tu le devais bien à tes enfants qui souffraient de tes actions. alors t'avais tout mis entre parenthèse pour intégrer ce centre. ta vie. ton travail. ton chagrin.