SATHYNE ROLZ ► nina agdal

Ta vie a commencé comme toutes les autres. Une femme qui rencontre un homme et qui s'aiment assez pour se marier et penser à fonder une famille. Tes parents ont toujours vécu côte à côte, étant tous les deux, d'origines américaines. Ton géniteur était un jeune homme très convoité de ces dames. Beau, fort et riche, quant à ta génitrice c'était sa meilleure amie, depuis qu'ils avaient la couche aux fesses. Ils ont toujours passé le plus clair de leur temps ensemble. Cependant, elle ne prêtait aucune attention à ses jeux de séductions, avec les autres filles. Jusqu'au jour où ton père s'agenouilla devant elle et la demanda en mariage. Outrée, comme elle le considérait comme son frère et non un potentiel mari, elle était sur le point de refuser, lorsque ton grand-père s'en mêla. Tes grands-pères, avaient décidés qu'ils allaient fonder une belle et grande famille. Personne ne pouvait remédier à cela, puisque tout deux influent, tous savaient ce qu'ils voulaient, Messieurs, obtenaient. Tes parents ne se sont pas aimés tout de suite, mais aujourd'hui, ils vivent le parfait amour. Ils sont l'exemple du couple heureux, solide et complice.
   
   Tu es née à Los Angeles, en Californie. Il est inutile de dire que tu n'as jamais manqué de rien. Effectivement, l'argent, c'est tellement beau, la tenir entre ses mains et sentir l'odeur des billets. Avoir une grande villa au bord de la plage. Avoir déjà plus d'un million de dollars sur son compte alors que tu as seulement quelques jours. Tu es là, dans cette chambre blanche dans les bras de ma mère. Ton père se trouvait dans le fauteuil juste en face en train de terminer sa nuit, ton frère aîné, endormi dans les bras. Vous n'étiez pas seuls dans cette chambre, il y avait un autre couple avec vous dont la femme étant en fin de grossesse. Elle se promenait en fauteuil roulant et respirait très rapidement par la bouche. C'était plus précisément les amis de tes parents. Tu étais encore bien trop jeune pour savoir ce qu'il t'attendait quand le petit enfant sera sorti du ventre de la dame. En effet, deux familles riches qui s'entendent parfaitement et qui prévoyaient de grandes choses, ne peuvent que vouloir faire fiancer leurs enfants…

Quelques jours plus tard, tu partais dans une voiture avec chauffeur pour rejoindre une grande villa. Il y avait une piscine creusée ainsi qu’un jacuzzi sur la terrasse en bois surélevé qui donnait vue sur un magnifique paysage de Californie. Après avoir été nourrie, tu étais déposée dans un grand lit, dans une chambre grise et rose pâle. Des couleurs très discrètes avec des meubles assez design, brefs, ce n’était pas la chambre d’une gamine de ton âge. Une semaine après, tu te retrouvais déjà dans ce bâtiment si grand où on entendait crier des enfants. Tu te trouvais précisément dans une chambre, assis sur les jambes de ton père et regardais ce bébé qui se trouvait dans les bras de sa mère. Tu ne le quittais pas des yeux, tu étais absorbé par ce jeune homme qui te faisait de grands sourires. Pendant plusieurs jours, tu venais dans le même endroit pour y rester des heures et quand la nuit tombait, tu retournais chez toi dans ta chambre, dans ton lit. Les semaines et les mois sont passés si rapidement. Tu marchais déjà et tu prononçais quelques mots. Tu te déplaçais parfois à quatre pattes pour rejoindre la chambre de tes parents. Tu montais sur le lave-vaisselle et souvent, tu te faisais gronder. Vous pouvez comprendre que tu étais très bien éduquée et dès que tu faisais un pas de travers tu étais directement remis sur le droit chemin.

À l’âge de trois ans, tu étais déjà à l’école. Tu devais apprendre à parler correctement, à parler convenablement. C’était hors de question de répliquer ou d’essayer de faire à ta tête, tu n’avais pas le choix. C’est là que tu as retrouvé ton ami. Qui ? Cet adorable jeune garçon que tu connais depuis la clinique. Le fils des amis de tes parents. Tu te trouvais à côté de lui dans la salle de cour et tu étais en permanence avec lui durant la récréation. Pendant les siestes de l’après-midi, ton matelas se trouvait à côté du siens. Vous étiez vraiment inséparables. Vous étiez liés comme les cinq doigts de la main. Les années sont passées rapidement et tu as grandie très vite, oubliant un peu cette amitié avec Oliver. Plus tu grandissais et moins tu t’intéressais à ton ami, ce qui énervait énormément vos parents. Mais après tout, tu avais le droit d’aimer qui tu voulais, non ? Tu étais certainement en train de faire ta crise d’adolescence. Tu étais magnifique et plein de frics et ça, tu le savais parfaitement.

Enfant gâté, tu profitais de ce statut privilégié. Cherchant sans cesse à briller plus que tes deux petites sœurs et ton frère aîné, devant tes parents. Ce qui amenait souvent à quelques disputes fraternelles, bien heureusement sans conséquence. Tu étais, ce que l'on pouvait appeler : une adolescente casse-pied, passant sa vie à exiger quelque chose des autres. Et notamment de tes parents. Chaque semaine, tu changeais de passion, désirais toujours quelque chose de nouveau. Des jouets hors de prix et tout ce genre de choses. Tu testais d'ailleurs un nombre impressionnant d'activités sportives et artistiques, exigeant à chaque fois qu'ils t'achètent tout l'équipement nécessaire. Bien que tes passions compulsives ne duraient qu'un temps et les tenues ou instrument se retrouvant oublié dans le fond de ton placard. Tu étais comme ça. Tu voulais tout avoir à la minute même où tu le demandais. Tes parents n'eurent jamais la présence d'esprit de sévirent un peu et de te freiner dans tes folies. Alors, autant vous dire que tu en as largement profité et même abusé. Tu avais beau grandir, rien ne semblait pouvoir te raisonner. Tu te la coulais douce et tu passais ton temps à chercher ce que tu allais bien pouvoir désirer la prochaine fois. Mais comme l'on dit si bien... La roue tourne.

  Lorsque vous êtes déménagé à Cambridge, alors que tu avais quatorze ans, pour punir tes parents de t'avoir obligé à quitter tes repères, tes amis, tu décidas de n'écouter personne. Tu allais au bout de tes envies. Tu avais de mauvaises fréquentations, mais en même temps, tes parents te laissaient trop de liberté. Tu fumais, buvais. Tu avais des problèmes avec la police pour trop te bagarrer n'importe où et pour n'importe quelle raison. Tu n'étais pas la charmante jeune fille que tous rêvent d'avoir, mais malgré tout, tu n'étais pas un monstre. Avec le temps, tu avais changé sans pour autant arrêter de faire la fête. Tu croyais t'être débarrassée de l'idée de tes parents de te fiancer au garçon de leur couple d'amis, mais qu'elle fut ta surprise lorsque tu t'aperçus qu'eux aussi étaient déménagés à Cambridge. Lorsque tu disais que lorsque tes parents veulent quelque chose, il l'obtienne. C'est à partir de ce jour que tout commença à changer. Que ta vie prenait un nouveau tournant. Personne n'avait le droit de te dicter ta vie et surtout te dire qui tu devais épouser ou non. Tu étais libre. Certes, tu étais peut-être jeune, mais tu avais au moins ton mot à dire. Après une longue discussion, tu finis par te plier à la volonté de ton père.

Les mois et les années passèrent et tu étais devenue une tombeuse. Tu avais tous les jeunes hommes à tes pieds, ainsi qu'Oliver. Tu couchais avec un peu tout le monde sans t'occuper de cette histoire de famille. Tu profitais de la vie, mordais dans la vie à pleine dent. Ce ne fut que lorsqu'un bal avait été organisé dans ta villa que ta vie recommença à basculer. Il n'y avait que des familles très riches et tu étais bien sûr la cavalière de ce charmant Oliver. Ce jeune homme que tu ne connaissais pratiquement pas. Pendant toute la soirée, tu dansais avec lui, malgré tes réticences. Vous étiez en train de faire connaissance, jusqu'à ce que vos parents arrivent. Ils avaient une coupe de champagne à la main et un micro devant eux. La musique se coupa et ils se mirent à parler pour au final dire : « Nous vous présentons nos deux jeunes fiancés. » Une lumière s'abattue sur vos deux corps, tandis que tu cherchais du regard tes frères et sœurs. Ton visage voulait tout dire. Il leur criait à l'aide. Malheureusement, ils ne pouvaient rien faire, eux aussi allaient se fiancer prochainement, si ce n'était pas déjà fait. Vous étiez là, planté au milieu de la piste de danse, mains dans la main. Vous étiez alors fiancés sans avoir eu le temps de parler. La tête basse, tu lâchas un long soupire. Les applaudissent fusaient de tout bords, tout côtés pendant au moins cinq minutes et la musique reprenait le dessus. Tu regardais Oliver et celui-ci ne disait rien. Il n'avait pas l'air choqué et il n'avait pas l'air contre tout ça... Au fond de toi, il n'y avait rien. Ton cœur ne battait pas pour lui. Tu ne l'aimais pas et peu importe si tes parents sont passés par le même chemin, tu ne voulais pas t'unir à lui... Et dire que tu allais être marié dans quelques mois.

Tes mains devraient être moites. Ton cœur devrait normalement battre à toute allure. Tes joues devraient être roses et ton sourire, sincère. N'est-ce pas ce que toutes les femmes devraient ressentir lors de leur mariage ? Tu le regardes, au bout de l'allée, près du pasteur, alors que tu marchais entre ces rangées d'invités qui te sont inconnus pour la plupart. Dans ta robe bouffante, tu ne sembles pas du tout heureuse, contrairement à lui. Tu n'es pas prête à te lier officiellement à un homme que tu ne connais pas plus que cela. Oui, c'est quand même un peu ton père qui t'a forcée à l'épouser cet homme. Tu n'as pas envie d'être une femme au foyer pour entretenir la maison et pondre des enfants. Il y a des domestiques pour ça. Mais dans la famille Rolz, l'autorité du père ne se contredit pas. Non, personne ne peut donner son avis. Tu soupires, observant tes doigts fins s'agiter autant de ton bouquet. Merde ! Tu regardes les visages des invités, tous tournés vers toi. Point négatif, si tu pars en courant, tout le monde le remarquerait sur le moment. Bon, il faut maintenant que tu réfléchisses aux conséquences de ton acte. Ton père allait sûrement être fou de rage, tu le connais. Ta mère ne dirait rien, tu le sais, elle n'est pas toujours d'accord avec son mari. Elle veut ton bonheur, le jeune homme que tu auras choisi, qui saurait t'apporter l'amour, le vrai. Ta fuite l'arrangerait, en vérité. Tu hésites à prendre ce risque, mais l'envie est trop forte. Impossible pour toi de continuer à marcher tranquillement vers l'autel. Le mariage signifie la fin de la liberté. Et toi, t'en rêve, de cette liberté.

Son visage se décomposa lorsqu'il te remarqua enlever discrètement tes souliers, mais tu fus déjà trop loin pour l'entendre crier par la suite. La foule s'agite, tu te mets à courir de plus en plus rapidement, te glisse dans ta voiture et t'échappe. Sur la route, tu accélères sans réellement savoir où tu vas te retrouver. Ta vie t'appartient entièrement désormais. Tu allais quitter le foyer familial. Non pas pour une maison ou une villa à partager avec un époux, mais pour un grand appartement luxueux dans les plus belles rues de Boston. Interdiction de te retourner, le choix avait été rapidement fait et c'était le bon choix. Tu n'allais pas compter sur la richesse de tes parents. Tu sais que tant que tu resteras aux études, ton père n'allait pas t'abandonner même s'il allait te réprimander plusieurs mois sur ta conduite. De toute façon, tu allais simplement faire profil bas pendant quelques semaines et laisser ta mère discuter avec ton géniteur. Elle aura à coup sûr, les mots pour faire réfléchir ton père.