LA ROUE DES RPS ► Le lourd, la victime et le passant

L'été était bel et bien arrivé sur Boston. Le soleil était au beau fixe et il n'y avait pas un nuage en vue. Ana n'avait plus à se confondre en révisions et autres projets pour l'université puisque l'année scolaire avait touché à sa fin. Elle avait donc organisé une journée à la plage, en solo, histoire de décompresser et de profiter des beaux jours. La jeune femme avait enfourché sa moto tôt le matin, sac sur le dos, et avait pris la direction de Harbor Area. Une fois arrivée, elle était allée se changer, en bikini-paréo, avant de se poser à l'une des nombreuses terrasses installées sur le front de mer. Elle avait commandé un mojito et allumé une cigarette. Elle jeta la tête en arrière, ses lunettes de soleil perchées sur l'arrête de son nez ; elle inhala la fumée à pleins poumons avant de pousser un soupir de satisfaction. Le bruit des vagues qui venaient s'écraser sur le sable résonnait comme une douce musique à ses oreilles. Rien ne semblait pouvoir venir troubler le calme qu'elle ressentait alors... Enfin, ça, c'était jusqu'à ce qu'une voix rauque retentisse à moins d'un mètre d'elle.
"Salut poupée, j'te paie un verre ?" Une espèce de playboy des plages s'était installé dans le siège qui lui faisait face. Ana le jaugea d'un air supérieur avant de répliquer : "J'en ai déjà un, alors tu peux tracer." "Oh, allez, sois gentille, ma belle, je ne demande rien d'autre que de te faire plaisir... Si tu vois ce que je veux dire." La jeune femme roula des yeux. Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Ah, oui, c'est vrai ; à partir du moment où vous êtes une femme, vous devez vous résigner au fait que vous allez être constamment emmerdée par ce genre de gros lourdaud. "Je t'ai dit de dégager, ce n'est pas assez clair pour toi, peut-être ?" Ça ne servait à rien d'être polie avec un type pareil, elle l'avait appris à ses dépens. L'autre n'en démordait pa et il continuait d'essayer de la baratiner. Elle ne pouvait pas changer de table car elles étaient toutes occupées. Elle songea à se lever et à lui en coller une, mais elle ne voulait pas se donner en spectacle.