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Just forget all this.
Feat Anna
Tu laisses la poudreuse envahir tes narines, alors que de ton pouce, tu bouches l’autre. Ça pique, ça te donne envie d’éternuer, mais tu renifles, c’est devenu une habitude. Ton billet de cent dollars, enroulé, ne sert qu’à ça. Bien rangé, tu laisses la ligne disparaitre dans ton organisme alors que oui, ton regard bleuté se pose sur cette télévision aux tristes nouvelles. Nouveau passage sur cette famille qui est tienne. Mère emprisonnée, père encore en liberté mais accusé et soupçonné de bien des faits. Il est coupable, toi, tu le sais, mais sera-t-il puni pour ses conneries ? Non, bien sûr que non. Les médias vont te rendre fou. Depuis plusieurs semaines, tu ne cessais d’être collé, harcelé pour avoir quelques mots trompeurs. Tu te joues des apparences, tu ignores, tu souris mais au fond, t’en crèves. Cœur battant la chamade, tu t’enfonces dans ton canapé, le regard absent. Les sons sont lointains, le monde tangue et tu te laisses aller. Devoirs terminés, tu peux t’offrir un moment de liberté, d’évasion. Alcools, drogues, sexes, tu tombes de plus en plus dans ce puits sans fond. Un jour, tu ne reviendras pas de ton voyage. Ouai, un jour, tu resteras coincé dans le fond, incapable de remonter. Et ce jour-là, ça sera la fin. Passant une main sur ton visage, tu entends la sonnerie de ton portable annonçant un message. Lentement, tu sors l’appareil de ta poche, tu observes le nom écrit en lettre blanche : Anna. Un rendez-vous, elle doit te voir.
Pas plus d’explications que ça, ça te surprend. Ton amie n’est pas du genre à ne pas te fournir d’explications, mais qu’importe. Tu réponds rapidement, incapable d’écrire convenablement. Tant pis. Te redressant, tu te traines jusque dans la salle de bain. Gouttes dans les yeux, une douche rapide, tu enfiles des vêtements propres. Inutile qu’elle te voie dans cet état, qu’elle sente la détresse qui semble un peu plus chaque jour t’envahir. Non, tu vas enfiler ton masque, tu vas sourire et rire. C’est ce que tu sais faire le mieux. Une fois prêt, tu appels ton chauffeur, incapable de conduire. Une fois en bas, tu montes dans la voiture, indique l’adresse et t’affale dans la banquette une coupe de champagne en main que tu gobes rapidement. T’avais pas prévu de passer la soirée avec elle, mais qu’importe, être avec Anna c’est toujours l’un des moments les plus agréables de ta journée. Amie proche, tu passais ton temps libre en sa compagnie lorsque tu n’étais pas avec d’autres. Quelques minutes plus tard le chauffeur stop la voiture et tu sors, mains dans les poches. Clope au bec, tu fumes sagement devant le bâtiment, prenant soin de respirer l’air frais pour te sortir de ton délire. La drogue ne t’aide pas, t’es à l’ouest, tu as du mal à te concentrer, à garder les pieds sur terre. Une fois la cigarette finie, tu jettes le mégot sur la rue, filant droit chez ton amie, essayant de marcher droit.
Toc-toc-toc. Ça résonne à tes oreilles, les bruits que tu portes à la porte. Tu ne sonnes pas, tu ne sais pas pourquoi…Tu as peut-être peur que le bruit te casse les oreilles, mais qu’importe. Tu l’entends, ce bruit derrière cette porte, approcher doucement mais sûrement. Enfin, celle-ci s’ouvre et laisse apparaître ton amie. Directement, tu t’empares de ton plus beau sourire, le regard pétillant mais rouge. Les gouttes ont aidé, mais tes pupilles sont toujours dilatées. Pas grave, tu mettras ça sur le compte de la fatigue. « Anna ! Pitié, dis-moi que t’as quelque chose à manger, je crève la dalle bordel. Genre un pot de glace ? Un reste de pizza ? Tu peux pas me laisser crever de faim hein, hein, hein… » Tu prends un air de rien battu, battant des cils d’un air innocent. Si seulement tu savais…
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