DRAGOMIR ASTANKOV ► sam claflin

Cher journal,

Beaucoup diront que ma vie est à enviée, que j’ai une existence de rêve. Comme quoi, le dicton du « l’herbe est plus verte ailleurs » semble fonctionner des deux côtés. Voilà à peine deux heures que je suis à Harvard et je me sens paumé, littéralement. Mon père m’a prévenu, je vais regretter mon départ, mon envie de liberté. Non, il se trompe. J’étouffais, je crevais sous le poids de ses attentes. Se rend-t-il seulement compte de tous ce qu’il m’impose ? J’ai beau être né avec une petite cuillère en Argent dans la bouche, je n’en reste pas moins un être humain avide de faire ses propres choix. Et je regarde les murs de ma chambre, et je contemple l’espace vide en me demandant comment m’en sortir loin de ce que j’ai toujours côtoyé, connu. Ils ne doivent pas savoir, eux tous, ce que j’ai réellement été, ce qu’il est. Firme pharmaceutique qui, dans l’obscurité, cache bien des choses. Trafics de drogues, d’armes, je ne sais pas trop comment il en est venu à toutes ses conneries. Quand j’étais gosse, je me demandais pourquoi les gardes du corps ne cessaient de se positionner ici et là dans la villa. Je me demandais pourquoi mes parents ne sortaient jamais sans être accompagnés, pourquoi, à dix ans, j’apprenais déjà à tirer. Moi, je voulais juste jouer…mais au final, ce que je voulais d’avantage, c’est qu’il soit fier de moi. Ouai, sauf que je serais jamais comme lui, j’ai finis par rapidement le comprendre. Il avait beau cherché à me faire prendre des cours de combats, un apprentissage assidu de tires, de maniements de certaines armes blanches, je ne fus jamais comme lui. Jamais mon cœur ne se ferma complètement, entièrement. Jamais je n’ai craché sur ma liberté, cessé d’espérer un peu de lumières. Alors, tu sais quoi mon cher journal, j’ai fini par porter plusieurs masques. Comme un bal masqué, je jonglais entre les costumes, les apparences, les révérences. J’ai fini par me perdre tu sais, dans toutes ces conneries, j’ai vraiment fini par sombrer. Au final, je suis devenu un homme que je refusais de devenir…J’ai laissé tomber ma personnalité pour les faux semblants. Je me suis enfoncé dans un monde de débauche, j’en ai voulu au monde entier et je me suis vengé à ma façon. Scandales, insolences, l’enfant est devenu un homme qui n’a plus foie en les siens.


Cher journal,

Voilà quelques semaines que je suis là et, j’avoue que l’intégration est plus facile que je ne l’imaginais. Peut-être est-ce dû au fait que je n’ai intégrer aucunes confréries. Je peux me mêler aux autres et mon instinct sociable m’aide beaucoup, mon argent également. Ils sont aussi débauchés que les Russes, du moins, certains. Je me suis fait quelques amis, quelques ennemis également, sûrement. Je n’ai pas peur, je n’ai pas envie de me battre, je n’ai pas envie de recommencer comme en Russie. Pourtant, je reste vague sur les activités que je menais là-bas, sur ma famille en générale. Ma petite sœur a fini par venir me retrouver, inutile de dire que ça a fait royalement chier mes parents. Ensemble, nous sommes plus forts, nous sommes unis. Alors oui, même ici, je continue ma crise de rébellion. Drogues, alcools, scandales, je me promène en compagnie de différentes personnes sans me cacher. Et pourtant, croies-le ou non, en cours je suis un foutu exemple de calme et sérénité. De bonnes notes, je préfère écouter que de faire le con. Pourtant, crois-moi, niveau faire le con je suis pas mal non plus. A vrai dire, une fois de plus, je joue des apparences. Ils ne savent pas qu’au fond, je suis paumé, que je ne sais plus qu’elle direction prendre. Mon cœur semeur, cesse de battre, se barricade. Je ne veux pas être le genre de mec qu’on accroche pour son argent, qu’on aime pour une quelconque popularité. Je suis peut-être trop méfiant, mais je préfère de loin des relations sans lendemain que la douleur d’un cœur brisé…Alors, je vais continuer à jouer, parce que je fais ça merveilleusement bien. Je vais continuer à me bousiller secrètement, je vais continuer à m’enfoncer sans qu’ils ne puissent rien voir. De toute façon, plus le temps passe et plus je me dis que c’est mieux ainsi.


Cher journal,

Les scandales ne devraient pas me faire peur, pourtant, je suis en plein dedans. Une mère en prison, un père soupçonné de meurtre, de trafics de fonds, de malveillance envers la population. Il semblerait que lui et les autres imbéciles de ses firmes aient décidés d’envoyer des médicaments périmés dans les pays les plus pauvres pour une somme énorme. Moi, je sais qu’il va s’en sortir, je suis sûr qu’il a fait porter le chapeau à ma mère, depuis le temps qu’il avait envie de la dégager de sa vie. Mais lui, ouai lui, il va s’en sortir comme un con. Un petit scandale de temps en temps, un de plus, ça ne le tuera pas. Il va rebondir et ça, je ne sais pas vraiment si ça me tue ou si je dois rire jaune. Au final, peut-être que dans la famille nous sommes considérés comme des foutus monstres. Ça ne m’étonnerait même pas. Bienvenue dans ma vie, un merdier complet, un merdier de scandales, de trafics divers, de regrets, de secrets…