EMILIA MARNIE MORELLO ► marion seclin

Je suis la fille d'une italienne, très cool et aimante, et d'un père américain, très ancré dans les traditions familiales, trop, d'ailleurs. Depuis le jour où il a appris que j'aimais les femmes, il ne m'adresse plus la parole. C'est d'ailleurs la cause de la séparation parentale. C'est rien, on s'adapte. Quoi qu'il en soit, ma mère m'aime toujours, et elle a un nouveau mec plutôt sympa depuis son divorce, qui m'accepte comme je suis et qui la rend heureuse, donc je trouve ça cool.
J'ai passé toute mon enfance à New-York. Mon père travaillait dans un de ces grands buildings, mais pas ceux qui ont pétés en 2001. Un autre, aussi grand que l'Empire State Building, mais pas aussi connu. En vrai, je saurai pas dire lequel c'était. J'étais pas très douée à l'école, parce que j'étais pas du genre trop aidée par les profs. Il y avait pire que moi, et je comprends aujourd'hui pourquoi j'étais sur la touche. Puis j'ai débarqué à Providence à l'entrée du collège. Mes notes se sont largement améliorées, et tout est devenu plus simple et évident à mes yeux. Avec les années, j'ai grandi et je me sentais déjà l'âme d'une femme un peu fatale, parce qu'on me disait toujours que j'avais des yeux magnifiques. Au lycée, j'ai flashé sur cette fille. Jaimie. Un peu plus âgée que moi, mais carrément trop bonne. Tout le monde disait qu'elle était super intelligente, donc c'était ma façon de l'aborder. Lui demander si elle pouvait m'expliquer un cours. Je sais, c'est l'approche la plus pourrie du monde, mais ça a marché ! Au final, je suis restée plus de deux ans avec elle, et c'est actuellement ma meilleure amie. J'aurai toujours des sentiments pour elle, parce que c'est la première et tout, puis, aussi parce qu'on ne s'est pas séparées parce qu'on ne s'aimait plus ou quoi, simplement parce qu'on avait peur. C'était sûrement trop tôt pour un amour aussi intense, fusionnel et posé. On voulait voir ce que ça donnait, dans d'autres bras. Mais il nous arrive de remettre le couvert de temps à autres, en souvenir du bon vieux temps, par envie, par habitude, par attirance et encore pleins d'autres raisons.
Ca fait cinq ans maintenant que je suis à Harvard, et que je kiffe complètement ma vie, entre les filles, les fêtes et l'alcool, je suis comme un poisson dans l'eau ! Comme quoi, ma vie n'est pas si stimulante que ça. Mon père ne m'a pas parlé depuis mes quinze ans, c'est le seul truc qui met du piment dans ma vie. J'ai la chance de pas faire déprimer un psy quand je vais le voir, au moins. Ah, puis je suis fille unique. Et j'ai appris il y a pas longtemps que ma mère faisait le tapin avant d'être avec mon père. C'est pas pour autant qu'il faut me traiter de fille de p**e, hein. Maintenant elle est posée, assise sur un bon paquet de fric grâce au divorce et à son nouveau mec, blindé aussi.