COLSON PARKER ► David Prat

Le sentiment est là, vivace, presque opaque à ce point terrible qu’il pourrait le toucher s’il parvenait à se l’extraire de la poitrine, pour l’empêcher de lui nécroser les organes, de s’infiltrer dans son sang; ses veines qui deviennent déjà bleues, presque violettes. C’est toute son épiderme qui prend feu, le contact du tissu sur sa peau qui l’irrite un peu plus, le démange et il se gratte les avant-bras à s’en faire saigner, par réflexe, par contenance. Par plaisir malsain, pour ressentir quelque chose de concret, pour avoir une explication logique à la douleur qui vient naître à la pliure des coudes. Ses ongles rongés qui s’imprègnent de la peinture rouge qui s’échappe des petites cloques qui se forment sur sa chair, qu’il continue de frotter, le regard dans le vague, dans le vide, le néant à ses pieds. « Tu te scarifies maintenant ? Tu ferais vraiment n’importe quoi pour attirer l’attention, t’es vraiment une Diva.. » La voix est sifflante, provocatrice et lui fait l’effet d’une gifle aussi, par un réflexe conditionné, il porte la main à sa joue à la sensation mordante d’un contact dessus. « Ta gueule, » qu’il s’entend dire, sans être réellement certain d’avoir articulé.

UC