Appel : Nicholas › Kaya

 APPEL DE NICHOLAS À KAYA

Va savoir pourquoi c'était elle que j'avais besoin d'entendre. Sûrement parce qu'elle avait été là depuis le début, à s'occuper de moi et j'avais besoin de cet espèce de réconfort qu'elle savait me prodiguer. “Merci, c'est gentil” Après tout, elle n'était pas obligée de faire tout ça, de mettre autant d'efforts pour me faire plaisir alors que je ne lui donnais pas la reconnaissance qu'elle souhaitait. J'esquissais un sourire à ses paroles. “Attention, je te prends au mot. Le meilleur” C'était surtout pour la taquiner parce que ouais, qu'importe ce qu'elle m'apportait, ce serait toujours mieux que le petit déjeuner de l'hôpital. Et puis, confidence pour confidence, elle venait de m'avouer qu'elle avait hâte que je rentre. Ouais, sûrement... mais je pense qu'elle avait d'autant plus hâte que son Nicholas revienne surtout. Celui qui se souvenait de tout. “Bientôt.. je vois un médecin justement demain pour parler de tout ça. Apparemment, d'ici quelques jours ça devrait être bon” disais-je avec un sourire. Même si personnellement, ça me stressait plus qu'autre chose. Vivre avec elle, faire face à ses attentes constantes.

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C'était peut-être bizarre qu'elle lui dise un truc pareil mais c'était la stricte vérité. L'appartement était bien trop vide dans lui et elle détestait se retrouver là toute seule en fait. Elle haïssait même cette simple idée à vrai dire. Alors ouais, même si rien n'était comme avant, au fond d'elle, elle avait envie qu'il revienne. Ne serait-ce que pour donner un peu de vie à cet endroit bien trop grand pour elle toute seule. "Tu t'en souviens probablement pas mais tu avais pris l'habitude de vanter les mérites de mes talents de cuisinière." Elle s'en amusait un peu pour le moment même si ça risquait de devenir pesant sur la longue. Le fait qu'il ne se souvienne de rien. Ni des détails anodins comme sa couleur préférée ou les choses plus importantes comme sa date de naissance. Elle ne savait pas du tout comment elle allait faire pour vivre avec ça même si elle n'avait pas réellement le choix dans la finalité. "Ca marche.. Tu as besoin de beaucoup de rééducation ?" Mine de rien, elle s'y intéressait pas mal. Rien que pour savoir si les rendez-vous médicaux par la suite allaient être nombreux ou non. S'il allait se rétablir rapidement ou bien si ça serait de l'ordre de plusieurs mois.

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Je savais que c'était difficile pour elle cette situation. Je le savais et je me sentais quand même en partie responsable de son désarroi. Mais après, on avait eu un accident et maintenant, je ne me souvenais pas d'elle. Je ne me souvenais pas de notre histoire, de mon amour pour elle. Je ne me souvenais pas de cette dispute qui avait conduit à cet accident et maintenant, nous étions deux étrangers. “J'en doute pas, ces muffins que tu m'as fait étaient vraiment excellents” Le goût me revenait même en bouche, tant c'était délicieux. Mais là n'était pas la question. Je n'avais aucun doute de ses talents de cuisinière pour le coup et j'avais un peu hâte de voir tout ce qu'elle pouvait faire. “Quelques jours pour mon bras qui était paralysé et pour mon épaule, ça sera vers le 20 juin que je commencerai si j'ai bien compris ce qu'on m'a dit. Apparemment je dois rester une semaine sans l'écharpe et sans faire d'efforts” Ce qui risquait d'être bien compliqué, mais il allait falloir s'y atteler. “Puis j'ai les exercices de mémoire à faire quand je serai rentré. Apparemment mon traumatisme a causé un problème sur la mémoire à court terme” C'était dit.

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Dans tous les cas, elle se faisait la promesse intérieure d'essayer de l'aider le plus possible. Elle ne pouvait pas le laisser tomber. Pas après tout ça. Elle se devait de se montrer la plus présente possible. Pour lui, pour elle, pour leur histoire qui méritait de continuer. Les choes ne pouvaient pas s'arrêter là, ce n'était pas possible. "Tant que tu les aimes toujours, ça me va." Ouais, au fond, ça la confortait dans l'idée que les choses n'étaient pas si différente que ça. Il avait toujours les même goûts et même si c'était stupide, elle voulait se raccrocher à ça. "Je vois. Dis toi que tu as de la chance de m'avoir du coup." Parce qu'elle pourrait s'occuper de lui, clairement et là, il ne pourrait pas cracher dessus. "Ouais" La boule à la gorge, elle poussait un soupir. Parce que c'était blessant de savoir qu'il se souvenait de tout, de tout le monde mais pas d'elle. Elle était.. Elle était la plus importante dans sa vie et voilà qu'elle n'était plus rien. Personne n'était réellement préparée à ça et surtout pas elle en fait. Alors ouais, c'était horrible. Elle avait l'impression qu'elle ne comptait plus, qu'elle ne faisait plus vraiment partie de sa vie et il n'y avait pas pire sentiment.

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Clairement, je pense pas avoir mangé des muffins aussi bon alors ouais, j'étais fan de ce qu'elle pouvait faire et je n'allais pas cracher dessus si elle pouvait m'en faire pour demain, après demain ou encore après après demain. “J'en raffolais aussi avant c'est ça ?” disais-je en rigolant, avant de lui raconter ce qui s'était passé les derniers jours durant notre dispute. Elle avait droit de savoir ce qui se passait dans ma vie. Elle m'aimait, elle m'avait épousé et c'était son droit d'être au courant de mon état. Et si j'avais du mal avec cette relation, cette situation, il fallait que je fasse des efforts, pour elle. “Je le suis.. si tu ne me fais plus la tête” Et ça, c'est juste pour m'assurer que les choses allaient de nouveau bien entre nous. Je me mis cependant à bailler assez bruyamment, et je me surprenais à fermer doucement les yeux. “Kaya ?” finissais-je par demander, un peu trop préoccupé d'un coup. J'avais un peu peur de la suite des événements. De sa réaction mais également de mon avenir. Peut-être que cet accident aurait des conséquences bien plus importantes que j'aurai pu l'imaginer.

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Et si ça ne s'arrangeait jamais, qu'est-ce qu'elle allait faire ? Non mais parce que mine de rien c'était une possibilité et elle n'était pas sûre de savoir y faire face. Ce serait sûrement le pire truc au monde en fait. "T'avais même une passion pour. Tu faisais la tête si j'en faisais pas au moins deux fois par semaine" qu'elle lâchait dans un petit rire. C'était les bons souvenir ça et en parler, ça ne lui faisait pas vraiment du bien. Dans le fond, ça ne faisait que lui rappeler qu'elle était la seule à connaître tout ça, à s'en souvenir et c'était pas facile à gérer. "J'ai jamais été capable te faire la tête longtemps.." Ca, c'était une vérité. Et probablement étais-ce parce qu'elle l'aimait trop qu'elle n'était pas capable d'être réellement énervée contre lui trop longtemps. Dans tous les cas, elle n'était plus fâchée. Preuve étant qu'elle avait répondu au téléphone et qu'elle lui parlait de manière plutôt calme depuis le début. "Oui ?" qu'elle soufflait doucement ses paupières de plus en plus lourde. Bordel, elle rêverait de s'endormir et se lever en se rendant compte que tout ça n'était qu'un rêve.

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Je me mettais à sourire à ses paroles. Ouais, ça ne m'étonnait même pas d'avoir une passion pour ce qu'elle pouvait produire avec ses mains. Ses muffins étaient une tuerie et je me voyais totalement dans ce qu'elle pouvait dire. “Je pourrais recommencer, tu sais” À faire la tête si je ne les avais pas au moins deux fois par semaine. Disons que c'était la douceur nécessaire dans ce monde de brut. “C'est à cause de ma gueule d'ange ça, personne peut résister. Pas même toi” Et je rigolais, parce que ouais, j'aimais m'envoyer des fleurs pour la peine, surtout que mon physique était loin d'être désavantageux pour le coup, et ça allait plutôt bien à la situation. J'avais un sourire qui en faisait craquer plus d'une et visiblement, Kaya est tombée dedans la tête la première. Mais dans une lueur de lucidité, la peur s'emparait de moi et j'avais besoin de le partager avec celle que j'avais pu épouser. “J'ai peur... de jamais retrouver la mémoire. De jamais me souvenir de toi” Parce que mine de rien, elle semblait être une grande partie de ma vie actuelle et ne pas s'en souvenir, ça restait quand même affreux.

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Ce serait carrément le meilleur cas de figure en fait si ça venait à se produire. Se lever et se rendre compte que rien de tout ça ne s'était vraiment passé. Elle aurait tellement voulu que ça puisse arriver mais dans le fond, elle savait que c'était bel et bien la réalité et qu'elle ne pouvait rien faire contre ce qui était arrivé à part prendre son mal en patience. "C'est fourbe, t'as pas le droit de me faire la tête." Encore moins pour des gâteaux. Encore moins après tout ce qu'ils venaient d'endurer l'un comme l'autre. Même si c'était bon enfant. Puis de toute manière, Kaya elle avait prit l'habitude de faire tout et n'importe quoi pour lui. Elle mettrait sa main à couper qu'elle continuerait à lui préparer des tas de chose sans qu'il n'ait besoin de demander. "Je peux résister si je veux, ne me cherche pas." Qu'elle lançait avant de rire. Même si c'était compliqué, elle savait résister quand il le fallait et la mettre au défi, c'était prendre un risque.  M'enfin, il était tant d'abandonner la légèreté pour un sujet bien plus sérieux. Elle le sentait venir et effectivement, après ses mots, elle sentait une boule dans son estomac. "Pense pas ça.." C'était le pire des cas et elle ne voulait absolument pas l'envisager en fait. "On pourra toujours se créer des nouveaux souvenirs.. Si tu le veux." Elle essayait de se montrer rassurante mais en vrai, c'était la panique totale.

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Cette peur me paralysait plus que je ne pouvais l'avouer. Je tentais de faire face mais c'était quand même difficile, d'autant plus que je me mettais la pression tout seul pour réussir à redevenir l'homme que j'ai pu être avant cet accident. Mais je n'y arrivais pas alors c'était forcément un peu plus compliqué que prévu. “Et pourquoi donc ?” la taquinais-je doucement, sans aucune intention de lui faire la gueule à aucun moment. Après tout, c'était bon pour nous deux de rigoler de cette façon, sans prise de tête. On venait tout juste de se réconcilier, c'était pas pour repartir de plus belle. “Non, résiste pas” que je disais doucement, me mettant alors à bailler plus que de raison. La fatigue s'emparait doucement de moi, un peu plus à chaque instant. Mais je devais me confier à elle et je finissais par le faire. Sûrement que ce n'était pas la chose à faire, mais je le faisais malgré tout, ne pouvant garder ça pour moi. “Je le veux oui.. mais ça sera plus jamais comme avant, n'est-ce pas ?” Si je ne retrouvais pas la mémoire, elle allait à tous les coups rejoindre celui qu'elle aime plus que moi.

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Elle n'arrivait pas à imaginer rien qu'une seule seconde que ça puisse être possible en fait. Elle ne voulait même pas envisager cette possibilité parce qu'elle refusait de croire qu'il puisse réellement ne jamais se souvenir de tout ça. De leur amour, des peines qu'ils s'étaient infligés mais surtout du bonheur immense qu'ils avaient pu ressentir l'un et l'autre en s'ouvrant totalement dans cette relation. Puis merde, ils s'étaient mariés deux fois, ça non plus ça ne pouvait pas passer totalement à la trappe. Ce serait juste horrible de se dire que son propre mari n'avait aucun souvenir du jour étant censé être le plus beau de leurs vies. "Parce que tu sais très bien qu'après je ne te lâche plus jusqu'à ce que tu décroches un sourire." Et en fait non, il ne le savait pas puisqu'il n'avait aucune idée du quotidien qu'ils avaient pu partager tous les deux ni même des réactions qu'elle pouvait avoir. Et entendre son bâillement au téléphone lui en déclenchait un nouveau qui lui faisait même couler une larme le long de sa joue. "Probablement pas.. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne pourra pas être heureux." Encore une fois, elle jouait la carte de celle qui se voulait rassurante même si forcément, c'était assez compliqué pour elle de se montrer comme ça. "Tu devrais te reposer un peu, on se voit demain.."