Comme une pute entrain de réciter un sonnet de Cupidon — Lancelot

Elle n’attendait qu’une chose, qu’il déballe son sac. Son défi ne devait tout de même pas être si compliqué, il avait déjà bien pris en se montrant vêtu ainsi au bal de fin d’année. Même si le ridicule est censé rendre plus fort, il semblait difficile pour Katherine de se remettre de ça. Après, elle ne le connaissait pas, il était peut-être du genre bout en train et ne se souciait absolument pas du regard des autres. Mais il devait forcément ressentir quelque chose en ce moment, comment survivre à des dizaines de regards ? C’est alors que Cupidon se rapprocha d’elle et Katherine se tendit par réflexe. Ce n’était pas volontaire, mais elle n’était pas habituée à la présence de quelqu’un aussi près d’elle. Il se rapproche ainsi de son oreille (et provoqua un frisson chez la jeune fille, mais ça, elle ne l’avouerait jamais) et lui chuchota qu’il n’appréciait pas forcément se défi. Katherine relâcha la tension immédiatement en sachant que son interlocuteur vivait sûrement le même embarras qu’elle et qu’elle n’était pas seule dans le bateau. « Je ne sais pas ? Peut-être que c’est ton truc ? » Elle lui sourit. Cependant son sourire s’effaça lorsqu’il lui apprit que son défi constituait à une marque d’affection publique. Katherine sentit le rouge lui monter aux joues. Ce n’était pas prévu. Qu’allait-elle faire ? Elle ne pouvait se dégonfler maintenant ? Mais qu’allait penser le public autour d’eux ? Les rumeurs à propos des filles allaient souvent bon train dans une université. Elle ne voulait pas être catégorisée parmi les filles qui se laissent aller avec le premier inconnu (non pas qu'elle trouvait ça mal, ce n'était juste pas son genre). Mais Cupidon avait aussi besoin d’elle. Toutes ces pensées se mêlaient dans la tête de Katherine, créant une sorte de brouhaha intérieur. Elle n’avait définitivement plus le temps de penser. « Tu me remercieras plus tard. » Ni une ni deux, elle prit son courage à deux mains et embrassa le jeune homme malgré son embarras.

Lancelot eu du mal à attendre le moment fatidique. Allait-elle le faire, ou non ? Fera t-elle comme les petites timides, qui n'osent rien faire ou au contraire, elle sera comme ces filles qui veulent tant l'embrasser ? Il n'eut pas longtemps à attendre pour avoir la réponse a sa question. D'ailleurs, il ne peut que comprendre sa légère réticence à le faire. Cupidon est peut-être extravertie et adore le ridicule, les marques d'affections ou encore forcer quelqu'un à le faire le rend un peu mal à l'aise. Il déteste forcer la patte des gens, mais eux c'est encore pire quand ils refusent d'aider. En même temps, d'un côté comme de l'autre, personne n'a la conscience tranquille. Son interlocutrice vivra dans l'embarra, tandis que lui aura une conscience lourde d'avoir tant insisté pour qu'elle l'aide, mais il lui revaudra ça. Oui, ça dette est encore impayé et il en a une envers elle. Le baisé fut très furtif, mais le fit également frissonner et sourire et toujours au creux de son oreille, il lui chuchote : « Je te revaudrai ça. » puis il s'écarte doucement, dans un clin d’œil et le groupe autour d'eux commence à se fracturer. Il peut enfin soupirer d'aise, car le plus difficile est derrière lui.

Le baiser fut bref, furtif. Ils ne voulaient pas s’attarder autant l’un que l’autre. La situation était déjà assez gênante, ils n’allaient pas commencer une séance de bécotage devant tout le monde. Cependant, Katherine ne put s’empêcher de remarquer que les lèvres de Lancelot étaient encore sucrées, dû à alcool. Aussi rapide que le baiser fut, elle pouvait faire la conclusion suivante Il sait embrasser ce con. Katherine s’écarta enfin de la bouche de son interlocuteur. Elle n’osait le regarder dans les yeux, préférant ne pas voir ce qui s’y trouvait. Il lui chuchota à l’oreille qu’il lui revaudrait cette action. Elle lâcha alors un rire nerveux, elle comptait bien sur cette dette. Elle leva enfin la tête pour le voir lui accorder un dernier clin d’œil, elle lui répondit d’un sourire. « J’espère bien, je t’ai sauvé d’un bizutage râté. » Elle rigola légèrement avant d’attraper une serviette sur la table la plus proche et de sortir un stylo de sa pochette. Elle inscrivit alors son numéro sur le bout de papier bleu. « C’est mon numéro. J’aurai bien besoin d’un ami dans ton genre. Je t’expliquerai quand tu m’enverras un message. » Elle lui tendit le papier et espéra que cela ne passait pas pour un appel désespéré. Elle ne voulait en aucun cas se rapprocher avec Lancelot de façon romantique, elle venait juste de réaliser qu’il pouvait beaucoup l’aider dans sa quête pour l’émancipation. Elle lui sourit une dernière fois avant de se retourner et sortir de la salle, sans un dernier regard vers le jeune homme. C’était tout de suite plus dramatique ainsi.