P.-ARMAND VANDERBILT ► maxence danet-fauvel

Armand, ça n’a jamais été un agitateur. Déjà petit, il ne causait pas de problèmes, mangeant ses légumes sans pleurnicher, en piquant parfois dans l’assiette de sa petite sœur pour l’aider à mettre plus vite fin à ce supplice et filant au lit sans rechigner une fois l’heure venue de se lover dans les bras de Morphée. Elevé dans une cage dorée, lâché dans un immense hôtel particulier dans le seizième arrondissement, il aurait pu se sentir très seul s’il n’y avait pas eut à sa sœur, sa fidèle complice. De quelques années sa cadette, Harper, c’est son bijou, son bébé. Elle est sans conteste le plus beau cadeau que ses parents n’aient jamais concédé à lui faire et ce n’est pas peu dire vu l’enfance qu’il a eut.

Si son éducation a été l’œuvre de femmes embauchées pour cela et ce quand bien même, à l’inverse de son père, sa mère ne bossait pas, préférant dépenser son temps dans l’organisation de soirées suintant le faste et l’opulence, il n’a jamais manqué de rien. Fils d’Harold Vanderbilt, magnat des affaires et d’Isabelle d’Harcourt, une aristocrate française ayant elle-même avec une petite cuillère en or coincée entre les lèvres, rien ne lui a jamais été refusé. Ses parents usaient de l’argent sans rechigner comme pour lui dispenser de l’amour par ce biais.

Son enfance comme son adolescence (toute sa vie en somme), il l’a passé dans une opulence que seule l’habitude ne réussissait pas à rendre oppressante, avec pour compagnie sa sœur, sa cadette qu’il a toujours eut à cœur de protéger. Harper, c’est sans conteste la femme de sa vie. En elle, il a placé avant même sa venue au monde une part de lui, part qu’il n’a de cesse de vouloir protéger du monde extérieur. Elle a toujours été lui, son ombre se calquant sur la sienne, présence quotidienne, rassurante en toutes circonstances.

C’est la présence de sa sœur de même que le caractère absent de ses parents qui l’a poussé à gagner en maturité à l’âge où les autres gamins peinent encore à s’extirper de l’enfance. Il s’est toujours senti l’âme d’un protecteur, se sentant imprégné de ce besoin viscéral de veiller sur sa sœur et de s’assurer en permanence de son bien-être et de son bonheur. Cette facette de sa personnalité n’a fait que prendre de l’ampleur en grandissant.

Des deux enfants Vanderbilt, il a toujours été le plus ouvert. Lui, Armand, il a toujours été conforme sans même y penser à une véritable image de perfection. Il n’y pensait même pas alors. C’est juste en lui. Il y a quelque chose en lui, comme une aura lumineuse qui se répand autour de lui et qui attire les autres. C’est inné, c’est en lui et c’est sans conteste l’une des différences les plus saillantes entre sa sœur et lui. Alors qu’elle a toujours été plus introvertie, plus renfermée, lui a toujours été le garçon populaire, invité dans toutes les soirées, arrivant par quelque miracle à toujours faire l’unanimité. Le brave type, le gendre idéal, poli avec les parents, sympas avec le chien.

Ses parents, il les a toujours rendu fier, faut dire que ça lui tiens à cœur. Il n’a pas envie d’être aimer de tout le monde, Armand, non. Mais il y a des gens qu’il s’en voudrait atrocement de décevoir. Être aimé de tout un chacun, il s’en fou, mais il se doit d’être à la hauteur des espérances de ceux qui l’aiment et qu’il aime en retour.

Elevé dans le luxe et l'opulence, il a le goût des belles choses et un besoin constant de faire la fierté de son entourage en se conformant à cette image de prétendue perfection si chère au coeur de ses parents. Si lui ne ressent pas le besoin viscéral de s'engoncer dans le costume très bien taillé du fils parfait, il l'a toujours fait pour satisfaire ses proches, cadenassant de ce fait son côté plus spontané. De par l'éducation dispensée par ses parents (de façon indirecte, mais tout de même), il a fait toute sa scolarité dans des établissements privés dans lequel il s'est bâti un parcours scolaire pour le moins irréprochable.

Il a démarré sa scolarité en France, avant de la poursuivre à New York après y avoir déménagé pour le travail de son père alors qu’il faisait une entrée remarquée dans l’adolescence, ville chère à son cœur et dans laquelle il a achevé ses années lycées. Après, il s’est tourné de façon spontanée vers la prestigieuse université d’Harvard, son père lui en ayant fait l’éloge durant des années.

Etudiant brillant, très apprécié de ses professeurs, il n’a pas eut de mal à se faire accepter sur dossier et a entamé là-bas ses études universitaires en tant qu’étudiant en médecine. Faisant la fierté de ses parents en suivant encore et toujours la voie soigneusement tracée pour lui, il a marché dans leurs traces de pas, intégrant la confrérie bien aimée de ceux qui l’avaient succédés, s’intégrant très bien parmi les autres étudiants.

Cela a toujours été une de ses forces d’ailleurs : il parviens aisément à s’intégrer et ne s’est jamais illustré en dépit de son adhérence à une confrérie réputée pour cela comme étant particulière élitiste. S’il est vrai qu’il a toujours beaucoup plus côtoyé des personnes issues de la même sphère que lui, le tout plus par habitude qu’autre chose dans le fond, il n’a jamais particulièrement méprisé ceux qui n’ont pas eut la chance qui fut sienne dès sa naissance.

Ses études universitaires sont pour lui synonyme d’épanouissement. Il perçoit cette période de sa vie comme étant très forte et s’est toujours efforcé de la vivre à fond histoire de ne pas avoir de regrets, sans se départir pour autant de son caractère bienveillant et un brin docile. Son besoin de satisfaire les autres va parfois à l’encontre de ce qu’il désire lui-même. Il s’est toujours senti imputé de nombreuses responsabilités et s’il a plaisir quand il se retrouve avec des amis à s’amuser comme doit s’amuser un garçon de vingt-cinq ans, il demeure toujours caractérisé par son coté raisonnable et mature.

Sa vie n’est pas rose, il a eut son lot de blessures, mais il a néanmoins parfaitement conscience du caractère privilégié de son existence. Il s’estime heureux d’avoir une vie aussi vernie et n’est pas du genre à se plaindre de quoi que ce soit, il trouverait ça franchement indécent. En somme, Armand, c’est un garçon bien, qui est bien loin d’être une bonne poire pour autant (sa bienveillance peut vite se fondre en une colère et une rancune sourde s’il se sent touché dans son égo ou qu’on porte atteinte à l’un de ses proches) et qui aspire plus que tout à rendre fier les personnes qu’il estime.