MATTIS CAVENDISH ► xavier dolan

La vie de Mattis ça pourrait être une histoire dramatique que l'on adapte au cinéma. Il a toujours eu la belle vie, fils d'un journaliste connu mondialement et d'une ancienne mannequin à la même réputation, la naissance du petit Cavendish semblait avoir eu lieu sous une bonne étoile à la façon de la Belle au Bois Dormant. Son père il a été raide dingue de lui, avoir comme enfant un premier fils c'est juste la crème de la crème pour ce paternel aux origines mexicaines, il était sûr comme ça que son patronyme continuerait au fil des années et peut-être même des siècles. Comme c'est cliché, mais dans ce cas là c'est la pure vérité, Mattis c'était son père craché dès son plus jeune âge. À peine son père rentrait d'une mission dans un pays inconnu ou autre, il se jetait dans ses bras pour ne plus le lâcher jusqu'à son départ le lendemain à une heure où le soleil n'est pas encore levé. Il l'aimait sa mère bien sûr, après tout c'est elle qui a passé des nuits blanches à s'en occuper, qui a assisté à ses premiers pas et qui a soigner toutes ses blessures. Puis la cigogne a décidé d'apporter un second paquet dans une rose cette fois-ci, un bébé joufflu qu'ils ont décidé d'appeler Willa. On pourrait croire que l'arrivée de cette concurrente pour l'attention de sa mère aurait déplu à Mattis, qu'il aurait voulu éliminer cette adversaire bavant et incapable de manger seule, mais non bien au contraire il l'a adoré dès sa visite à l'hôpital. Mattis il a toujours eu ce petit rapport compliqué avec les femmes parfois puisque son père lui a appris que c'est l'homme le mur porteur d'une famille, mais sa petite soeur ça a été son talon d'Achilles immédiatement.

Avec les années qui passent, Mattis c'est devenu le petit bonhomme de la maison et je dis bien petit parce que malgré l'éducation que lui avait donné son père c'était pas facile de s'imposer dans un foyer avec deux femmes aux forts caractères et en supériorité numériques en plus. De toute façon c'était pas un dictateur, plus le chieur qui déguerpissait rapidement quand il sortait une blague misogyne de crainte de recevoir un talon aiguille planté dans l'oeil ou d'être de corvée de lessive jusqu'à la fin de sa vie. La petite famille Cavendish avait réussi à se trouver un petit équilibre, les deux oisillons grandissant et intégrant la même université que leur père à San Diego parce que ça fait classe de dire "Oui, mon père est bien Monsieur Cavendish lui-même". Mattis a eu une année de retard parce qu'il avait décidé de prendre quelques mois pour suivre son père et en apprendre sur le métier qu'il voulait faire plus tard, à l'aise à l'école, le porte-feuille bien rempli et l'accord du padre, que demander de plus ? Alors il a un peu vadrouillé avant d'arriver juste à temps pour faire sa rentrée avec sa soeur. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, Mattis avait son propre appartement pas trop loin non plus faut pas abuser, et il continuait de voir régulièrement sa mère et tous les jours sa soeur. C'était une routine un peu barbante après son année passée sur les routes, mais il faut bien savoir faire des concessions. Et tout à basculé, un jour qu'il était à l'université pour un article, on l'a appelé pour lui annoncer la triste nouvelle. Papa à l'autre bout de la planète, Maman dans un sac mortuaire et Willa sous le choc. Il a fallu vite réagir, se reconstruire pour ne pas sombrer dans une dépression ou même mettre un terme à sa propre vie. Alors les deux petits presque orphelins ont tout abandonné, amis, école, enfance pour prendre la direction de Boston et de prétendre l'adhésion à Harvard parce qu'il leur fallait du renouveau. Mattis il n'a jamais pleuré devant sa soeur, même pas à l'enterrement, il a tout gardé en lui parce qu'il sait que maintenant c'est à lui de prendre soin d'elle puisque leur père ne l'avait jamais fait. Alors il a tout pris en charge, il s'est vissé un sourire niais sur le visage et il a continué d'avancer en la tenant par la main pour qu'elle évite de se retourner jusqu'à ce qu'ils soient parfaitement intégrer à la vie ici.