can i have this dance (charlie)

J'avais laissé Jarod retourner s'asseoir après l'avoir forcé à danser et je me retrouvais toute seule sur la piste de danse. Si j'avais un peu plus bu je me serais volontiers mise à danser toute seule, mais j'étais encore trop sobre pour me ridiculiser de la sorte. Je m'apprêtais donc à rejoindre le bar pour arranger ça et passer un peu le temps, avant de voir Royce. Toujours aussi beau et bien plus élégant qu'à son habitude, puisque sur son 31. Il avait tout du prince charmant des comtes de fée, la tête, le sourire, le costume et surtout : le timing. Il venait justement du bar et s'approchait de moi, me tendant la main avant de me proposer de danser. J'esquissais un petit sourire, mettant ma main dans la sienne. « Avec plaisir. » dis-je avant d'ajouter très sincèrement, peut-être trop : « Tu ressembles à un prince charmant comme ça. » C'était ridicule de le dire à voix haute, mais bon, c'était plus fort que moi.

Il était juste en costard, oui, mais c'était toujours plus élégant que ce qu'il portait d'habitude. Il était beau, sentait bon et était bien coiffé, donc oui, il ressemblait à un prince charmant, ou du moins s'en approchait étrangement. Il finit par me remercier et j'esquissais un petit sourire, plutôt contente qu'il le prenne comme ça. Puis il me posa une question qui m'arracha un petit rire. « Tu veux vraiment savoir ? » plaisantais-je premièrement, avant de reprendre mon sérieux en ajoutant : « Tu es aussi beau qu'avant, même plus beau qu'avant je dirais. Un peu comme un bon vin, tu vois ? » Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres, cette comparaison était nulle, tant pis. J'avais bu un peu trop de champagne durant le repas, je pouvais mettre ça sur le dos de ces petites bulles si je le voulais. « T'as une cavalière ce soir ? » demandais-je enfin. Ouais j'avais envie de savoir qui était la chanceuse qui était venue avec lui, qui était celle qui avait la version améliorée de mon Royce. Plus beau, plus galant, plus … plus adulte enfin de compte que celui avec lequel j'étais sortie.

Bon, au moins Royce aura sa dose compliment pour le reste de l'année ! Je me risquais quand même à lui demander s'il avait une cavalière, ce qui en soit aurait pu être une question dangereuse s'il n'en avait pas... enfin personnellement je n'aurais pas trop aimé qu'on vienne remuer le couteau dans la plaie si j'avais été forcée de venir seule au bal. Il m'avoua en avoir une, trouvée de dernière minute, puisqu'il n'était pas certain de venir. « C'est un peu pompeux mais c'est une soirée sympa, ça aurait été dommage que tu ne viennes pas. » dis-je sincèrement. Puis on aurait pas pu danser ensemble s'il n'était pas venue, alors que c'était un moment bien agréable. « Il est retourné à la table je crois. » dis-je en me retournant brièvement pour voir s'il n'était pas, en faite, dans les parages. « Ouais. Je l'ai un peu forcé à danser donc il est certainement reparti s'asseoir. » concluais-je en riant. J'avais venu avec Jarod qui était lui aussi mon ex, comme quoi en ce moment j'avais le dont pour recoller les morceaux avec mes ex... Cette tumeur avait peut-être quelques chose de bon.

J'esquissais un petit sourire en l'entendant me qualifier de mignonne. C'était mon truc être mignonne en général, à croire que j'avais un côté bisounours. On continuait de danser tranquillement, avant que Royce ne reprenne la parole pour me demander comment j'allais, précisant que j'avais l'air en forme. Je hochais la tête, un petit sourire collé aux lèvres. « Y'a des jours sans et d'autre jour où ça va. Hier c'était pas top, mais heureusement ce soir je suis plutôt en forme. Le champagne aide peut-être un peu. » lâchais-je, terminant sur une pointe de plaisanterie. Quoi que, au fond, peut-être que le champagne aidait vraiment, ça me faisait oublier un peu le mal être que pouvait me donner ce foutu traitement. « Et toi, comment ça va ? les cours, le football, ton fils... tout ça quoi. »

Cette histoire de cancer ça plombait l'ambiance, c'était pas la conversation idéal pour un bal, ni pour un moment entre amis. En faite c'était le sujet que je préférais garder pour moi, dont je n'aimais pas trop parler. Je comprenais bien ce besoin d'avoir des nouvelles, de connaître un peu l'évolution des choses, c'était naturel. Mais je préférais couper court à ce genre de conversation, dire, directement, que ça allait et passer à autre chose. Dire que ça n'allait pas c'était comme le fameux : ''ça va ?'', ''non et toi ?'' à l'époque de MSN. Personne ne pouvait se contenter de répondre et de passer à autre chose, tout le monde voulait des détails, voulait comprendre, essayer d'arranger les choses, se rendre utile.... bref ça créait une inquiétude et un stresse inutile chez l'autre, et en plus ça relançait la conversation sur ce sujet. « T'inquiète pas trop. Je vais bien. » insistais-je avant de lui retourner la question. Il m'avoua que son fils allait bien, mais que par contre concernant les cours tout  n'allait pas comme il le voulait. Accusé de tricherie par le doyen pour un de ses partiels il risquait de redoubler son année. Je grimaçais en entendant ça. Redoubler si, comme moi on avait rien foutu de l'année et rater pas mal de cours, c'était compréhensible, mais redoublé pour avoir triché à un seul examen, c'était vache ! « Et t'as vraiment triché ou c'est une accusation infondée ? » Demandais-je quand même. Non pas que je l'accuse d'avoir triché à mon tour, mais il arrivait que certains étudiants le fassent. J'en avais déjà vu en médecine, qui pour certaines options, en se mettant au fond de l'amphi, arrivaient à loucher sur leurs notes entre deux questions, ou à s'échanger leur brouillons. Ce serait surprenant venant de Royce, mais pas impossible venant d'un étudiant. « J'espère que t'auras pas à redoubler en tout cas.... » puis j'ajoutais :« S'il a des doutes, tu pourrais repasser ce partiel, pour prouver que tu n'as pas triché et que t'as les connaissances nécessaires pour valider. » Bon ce serait chiant de devoir repasser ça, juste pour prouver au Doyen qu'il était innocent, mais si ça pouvait lui éviter de redoubler injustement son année... c'était un bien pour un mal.