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« You met me at very strange time of my life. » Pv. Alysse.

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You met me at very strange time of my life
alysse & lily

« Que Lawrence soit le père ou non, ça ne change rien à la relation que nous avions toutes les deux, c’est ce que je voulais te dire. Maintenant si tu considères que le fait qu’il soit proche de moi est trop intolérable pour toi pour me garder dans ta vie, c’est ton choix. » répondit-elle avec pour la première fois, un soupçon d’aigreur. Elle avait le sentiment qu’Alysse ne voyait pas où elle voulait en venir.  Voire, qu’elle était obnubilée par Lawrence dans l’équation, en oubliant le lien qu’elles avaient toutes les deux tissé ensemble auparavant. Pourquoi devraient-elles cesser de se voir, de s’apprécier, parce que l’une n’appréciait pas à titre personnel que le compagnon que l’autre avait choisie ? N’étaient-elles donc pas assez adultes pour faire la part des choses ?  La suite lui fit comprendre que non. Alysse était un véritable mur dans lequel elle allait se heurter de plein fouet quitte à fracasser au passage tout ce qu’elles pouvaient incarner jusqu’à présent.

A mesure que l’échange avançait, le fossé entre les deux jeunes femmes s’élargissait lui aussi, devenant chaque seconde un peu plus périlleux. Lily estimait qu’alysse avait le droit de savoir certaines choses. Sur elle, sur cette famille dont elle ne voulait pas mais dont pourtant une partie d’elle faisait partie. Mais comment l’amener à envisager sa position lorsqu’elle avait été éduquée avec des principes aux antipodes des siens ? C’était comme demander à un renard dans un poulailler de ne pas toucher aux poules, ou aux chats de ne pas sortir les griffes devant le chien de garde. C’était contre nature. Contre leurs natures réciproques en tout cas. « Non c’est vrai, tu ne leur dois rien. Et comme tu dis … Il y a des institutions, pour ça. » Sauf qu’à l’évidence, elle ne parlait pas des mêmes institutions que celles qu’Alysse connaissait. Elle évoquait implicitement, du bout des lèvres, celles dont faisaient ou avaient fait partit son père, et Lawrence. Celles qui se tapissaient dans l’ombre, et dont on ne savait pas grand-chose finalement. Même elle connaissait peu de choses à leur sujet. C’était assez en tout cas pour que ses principes de vie et sa façon de voir le monde aient été bouleversés depuis leur essence.

« J’ai assez d’un père, je te remercie. Je n’ai pas besoin de chercher des substituts de lui dans les hommes que je fréquente. Cette réflexion-là, tu pouvais la garder pour toi, Alysse. » répondit-elle sèchement, alors que l’agacement viscéral claquait contre son palais. Lily avait de plus en plus de mal à maîtriser les élans de son caractère. Elle d’habitude si douce envers Alysse, si joviale aussi. Aujourd’hui cela allait trop loin, beaucoup trop loin. Et même si cela lui faisait mal d’en arriver à un point de non-retour (franchement après coup cela la rendrait malade), il ne semblait pas y avoir d’autre option, tant la tonalité des répliques de la jeune femme frôlait l’insolence, voire l’irrespect. « Tu pourras donc remercier ton père pour avoir fait de toi quelqu’un qui préfère fuir en permanence plutôt que de lier des attaches quelconques avec ceux qui t’entourent, et qui tiennent à toi. » elle était peut-être allée un peu plus loin encore. Trop tard. Elle ne pouvait plus reculer à présent, et le cœur au bord des lèvres, les émotions se déchaînaient, oscillant entre la tristesse, la colère, l’aigreur et l’incertitude.







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You met me at very strange time of my life
alysse & lily

Les bulles de sa limonade remontaient inéluctablement à la surface du liquide. L’image collait à la situation. L’effervescence de leur conversation diluait dans des éclats de colère le lien qui les unissait. Alysse se reculait, croisant les bras sur sa poitrine en guise de replis mais aussi de rejet. La position du corps parlait bien plus que la nouvelle hargne qu’elle plaçait dans ses mots. Au-delà, la déception surmontait la colère. Depuis combien de temps Lawrence était-il si proche ? Depuis combien de temps souriait-elle alors qu’elle cachait un loup dans son dos ? Depuis combien de temps est-ce qu’elle mettait en avant ce lien fraternel tout en mentant à grands coups de sourire et non-dit ? Lily-Rose n’avait rien d’une honnête femme à qui Alysse pouvait faire confiance. Alors la brunette se fichait bien de l’avis de cette soi-disant sœur.

« Arrête tes conneries, tu veux ! » Trancha Alysse en plissant le regard. Inutile de continuer à faire semblant d’avoir une conversation civilisée. « Tu me parles de famille, de liens et tout ça mais regardes toi. Tu mens par omission mais tu mens. Tu t’es retrouvée seule enceinte pendant que ton précieux Lawrence était où ? C’est bien beau la morale. Moi je vois les faits et le fait est que le seul lien que l’on entretient n’est pas basé sur la confiance ou l'honnêteté. Alors oui, ce genre de lien ne vaut pas la peine que je me défonce pour le conserver. »

La jeune cadette ne comprenait rien. Son âme d’artiste, probablement, la poussait à idéaliser une émotion au détriment de la raison. Personne ne s’isolait de son entourage. Lily-Rose partagerait des instants de vie et plus encore avec Lawrence. Elle devenait une part de lui, part qui grandissait déjà au creux de ses entrailles.

Finalement, Alysse inspira profondément, choisissant de mettre fin à la conversation. Si le reste de leur échange constituait un envoie de saletés sans queue ni tête à la figure, l’aînée passait son tour. En guise de conclusion, le verre de limonade se vida d’un trait. Le temps était passé. Elle avait donné sa part.

« Quand tu seras redescendue sur terre et que Lawrence ne pourra plus rien pour toi, tu sais où me trouver. En attendant, restes loin de moi et surtout laisse Lawrence loin de moi. »

Sans même attendre une réponse, Alysse se redressait, attrapait son sac et replaçait sa chaise à sa place. On l’avait bien éduqué.

« Bonne journée, Lily-Rose. » Souffla finalement la jeune femme en sentant une pointe de culpabilité grandir en elle. La planter ainsi n’avait rien de correct mais après tout, poursuivre promettait bien pire en émotion.

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Le rejet dans le corps, la défense comme arme de replis ultime, la réaction d’Alysse ne la surprenait pas plus que cela mais la frappait malgré tout comme un heurt. A quel moment la conversation avait-elle dérapée au point de créer une fracture ? Que s’était-il passé pour qu’elle cherche à rejeter Lawrence (et elle, par extension) avec de tels élans viscéraux ? Peut-être devrait-elle poser la question au principal intéressé afin d’éclaircir quelques zones d’ombres. Beaucoup d’éléments et de pièces manquantes dans l’équation qui était leur. Mais quoiqu’il en soit, elle ne pourrait pas lui reprocher d’avoir menti sur quoique ce soit. Elle avait longtemps omis de préciser certains détails, s’était retranchée derrière un silence calculé et nécessaire sur sa vie privée, mais jamais elle ne lui avait délibérément menti. Heurtée par ses mots sans pour autant le montrer, Lily se renferma quelques instants dans un mutisme presque rude, l’observant entre ses cils avec une distance calculée.

« C’est moi qui avait décidé d’interrompre notre relation pour des raisons qui ne te concernent pas. Et c’était avant que je sache que j’étais enceinte. » lui répondit-elle en étouffant un soupire de lassitude. Pourquoi se justifiait-elle, au fait ? Elle ne se rappelait pas s’être plainte de quoi que ce soit, ou d’avoir été un quelconque fardeau pour elle en particulier qui justifierait qu’elle doive lui donner des explications. « Soit, va-t’en dans ce cas, je ne te retiens pas. »  murmura-t-elle sur une tonalité calme. Un calme olympien, presque inquiétant, alors que les traits de son visage se durcissaient peu à peu. Cela lui faisait mal au fond, de briser ce lien qu’elles avaient tissé ensemble. Amical d’abord, plus incertain ensuite. Tout avait basculé lorsqu’elles s’étaient rendu compte de leur lien de parenté. Depuis, rien n’était plus pareil. La contrariété viendrait ensuite, pour l’heure, Lily s’armait de patience et préférait se taire, au risque de commettre l’irréparable avec des paroles dictées par les émotions qui la tenaient en étau, et non la raison.

« J’ignore ce qu’il a pu te faire pour que tu cherches à l’éloigner de façon si viscérale … Mais soit. Au revoir … Alysse. » termina-t-elle avec plus de morosité cette-fois-ci, l’observant quitter le café alors que le sang pulsait lourdement dans ses veines. Alors c’était ça, la famille ? Une succession de déchirements sans fin ? Si ce n’était que ça elle passerait son tour. De toute façon, elle avait toujours vécu sans.

TOPIC CLOS.








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