Un petit rire nerveux s'empara de moi tandis que mes pupilles se baladaient le long de son corps, de haut en bas, de gauche à droite ; ce rire que l'on fait lorsque l'on a l'impression d'être dans une situation embarassante où nous venons d'être pris la main dans le sac ... Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une fraction de culpabilité face à la présence d'Elliott ici, non seulement parce que je parlais avec une personne que nombreux verraient comme "peu recommandable" - et je vous avoue volontiers qu'il y a peu, moi aussi, je le voyais comme tel - mais également parce qu'il y avait eu un brin d'ambiguïté dans l'air pendant l'été, et, Jacobs étant aussi jaloux qu'il l'était, cela ne présageait, évidemment, rien de bon pour moi. Et pourtant, je l'accueillais chaleureusement, à bras ouverts, trop ouverts, même, malgré son humour un peu trop cru pour mon goût mais que j'appréciais étrangement.
- T'aurais dû : j'en ai presque plus.Un sourire se dessina alors sur mes lèvres ... Ce n'était pas normal. Je n'avais pas à sortir des remarques de ce genre, ni à en être fier ... C'était comme si je venais de répondre à un clin d'oeil bien plus expressif qu'on ne pourrait le croire. Me raclant doucement la gorge tout en passant une main derrière ma tête, je tentais de me rattraper, les gouttes d'eau condensées contre ma peau chaude se retrouvant à présent en présence de gouttes de sueur qui m'encombraient plus qu'autre chose. À vrai dire, j'étais tellement absorbé par mes pensées que je n'avais même pas entendu ce qu'il venait de dire.
- Hein ? Ah, oui, bien sûr.Légèrement gêné, j'essayais de faire pardonner mon égarement par un timide sourire qui se voulait chaleureux mais toutefois assuré.
Me poussant de côté afin de lui dégager le passage, non pas que ce geste était
réellement nécessaire, nos deux corpulences sveltes n'ayant pas l'air trop encombrantes, j'attendis un peu avant de me lancer à sa suite, me sentant mal à l'aise pour une raison qui m'échappait. C'était absurde, étant donné que je le connaissais plus ou
moins bien après tout ce temps, et pourtant, quelque chose me poussait à me méfier de lui ... Ce qui, évidemment, me donnait envie de faire tout l'inverse.
Je dois avouer que je ne m'étais alors absolument pas attendu à une question sur cette lancée là :
- Quoi ? demandais-je initialement, bouche-bé, tirant une tronche aussi longue que le cimetière du père Lachaise, avant de me rattraper.
Si tu veux, oui. Il y a une serviette propre derrière la porte, je crois. dis-je avant de lui envoyer un sourire accueillant. Il fallait savoir se rendre hospitalier avec ses invités, surtout lorsqu'eux faisaient l'effort de ne pas agir comme s'ils étaient chez eux.
- Mais je tiens à te prévenir que mes vacances ne sont pas aussi ... croustillantes, disons, que tu ne le croies. Et j'étais vraiment sérieux quand je disais être à court de savon. Au moins, il ne pourrait pas venir me dire qu'il n'avait pas été prévenu. Je le regardai pénétrer dans la salle de bain, profitant de cette distraction pour me contempler un instant dans la glace qui servait de porte coulissante à mon armoire à fringues.
- Crap ! murmurrais-je alors plus fort que je ne l'aurais souhaité.
Otant mon tee-shirt, je pris soin de le mettre du
bon côté, cette fois-ci.