In darkness, we find ourselves (Hippoia)

Une sensation de légèreté comme elle n'en a jamais connu auparavant. Pour la première fois de sa vie, elle se sent bien. La mélodie de sa respiration s'accordant au doux rythme de ses battements de coeur. C'est magique mais si déroutant. Pourquoi se sentirait-elle si bien d'un coup ? Pourquoi lui ferait-on ce cadeau que de vivre ses instants de paix intérieur ? Alors elle prend peur. Elle s'inquiète de ce bonheur venu de nul part qui quand on réfléchit bien n'augure rien de bon. Elle est effrayée, prise par la peur d'avoir fait une connerie. Il n'y a que les plaisirs vicieux de l'alcool ou pire la mort qui pourrait la faire autant planer. Alors quelle option a t-elle bien pu choisir cette fois-ci et pourquoi ? C'était là toute la question. Elle avait beau avoir une vie misérable, un vrai champ de mines, elle tentait de résister du mieux qu'elle le pouvait. Jamais elle n'aurait vacillé sans avoir une véritable raison. Elle avait beau réfléchir, elle ne savait nullement de quoi il en retournerait. Un vide total dans son cerveau. Déjà pas très rassurée, voilà qu'elle commençait à ressentir une douleur lancinante, ses yeux la piquaient, son corps lui peser tellement qu'elle avait l'impression d'être enfouie sous des tonnes de béton. Ses paupières closes s'animaient enfin. Une lumière l'attaquant de plein fouet. Comme anesthésié de toute part, elle ne bougeait pas d'un pouce. Sa vue d'abord trouble commença à s'adapter peu à peu. Quatre murs blanc autour d'elle, des bruits mécaniques annonciateur de malheur, des draps rêches et une odeur de mort. Quatre éléments qui réuni ensemble donnait une mauvaise combinaison. Elle tenta de bouger mais tout ce qu'elle arrivera à obtenir c'est un rictus et un cri de douleur s'échappant de ses lèvres. Elle parvient néanmoins à tourner la tête découvrant Hippolyte dans le fauteuil. " Qu'est ce que j'ai fais ? " Parce que oui c'est forcément elle qui a merdé quelque part à un moment donné mais dans quelles circonstances ?

In Darkness, we find ourselves— Le visage fatigué, les yeux qui piquent et le sommeil qui me guète à la loupe. Je reste là, jambes croisées sur ce même fauteuil depuis la veille, ne faisant plus attention aux allés et venus des médecins qui entrent et sortent de sa chambre. Je la regardais, attendant son réveil à chaque seconde, chaque bruit me faisant sursauter, mais non.. Je n'avais le droit qu'à se visage inerte, blanchâtre orné de sang séché, d'hématomes. Et les flashbacks de cette nuit où je l'ai retrouvée salement allongée sur la gravier, me serré le coeur. Je déglutis, me réinstallant sur mon siège, la tête appuyée contre la paume de ma main et mes yeux se ferment doucement. Petit à petit tout devient sombre, tout devient noir et le silence sourd devient lointain. Je sursaute soudainement, me redressant en entendant un cri écorché.. - Asia.. Que je murmure en me levant rapidement de ma place pour atterrir à ses côtés. Je la dévisage un instant, pensant être encore dans les vapes et ma main se pose doucement sur la sienne. - Shht.. Doucement, calme toi.. Que j'essayais de la rassurer, caressant ses cheveux. - Tout va bien. Je tentais de la convaincre elle autant que moi, affichant un sourire sincère pour faire passer un peu mieux le mensonge. - Tu es à l'hôpital, tu as passé une mauvaise fin de soirée.. Annonçais-je alors en me penchant sur l'humour pour ne pas la brusquer.

Complètement perdue, paumée, elle essayait de recoler les morceaux dans son cerveau mais elle était dans l'incapacité de réfléchir, la douleur bien trop présente avait raison d'elle. Elle devrait sans doute ajouter une erreur de plus à sa longue liste de méfaits accomplis. Une de plus ou une de moins qu'est ce que ça changerait dans sa vie déjà bien misérable. Elle qui pourtant avait retrouvé un peu de réconfort dans les bras d'Ael lors de cette nuit splendide. Mais le bonheur s'était déjà envolé, prenant la fuite, la laissant dans ce stupide lit d’hôpital pour une raison qu'elle ignorait encore. La peur commençait à s'agiter en elle. Il lui fallait des réponses maintenant avant qu'elle n'explose, avant qu'elle parte en vrille. Douloureusement, elle se tournait vers son amie présente, à moitié endormie. Sa jambe droite la faisait souffrir comme jamais mais elle tentait de faire bonne figure. Elle était déjà assez faible comme ça. Son coeur qui semblait au bord de la rupture commençait à se calmer au contact d'Hippo. Tout va bien. Non c'était un mensonge. Si tout allait bien, elle ne serait pas ici totalement sonnée, branchée à de stupides machines qui d'après elle la tuait à petit feu. Elle avait l'hôpital en horreur depuis la bombe, depuis que sa vie était tombé en désuétude." Dis moi, s'il te plaît. " Elle ne pouvait rester dans l'ignorance la plus totale.

Asia venait d'ouvrir les yeux après de longues heures, je lâchais un soupir rassuré lorsqu'elle ouvrait enfin la bouche, que je pouvais enfin entendre sa voix. Près d'elle, je la regarde et malgré mes tentatives de mensonges, la peine brule au fond de mes prunelles. Je serre sa main un peu plus fort, elle me regarde sous le choc, l'inquiétude qui plane sur son visage, l'incompréhension et je reste muette face à tout ça. " Dis moi, s'il te plaît. " Qu'elle me demande. Je serre les dents, déglutis en me repassant la scène rapidement dans ma tête. Asia sans défense au sol, presque inconsciente et ces enfoirés qui cognent sur elle comme sur un putain de sac. Mon corps me faisait mal rien qu'en y repensant, cette détresse au fond de ses yeux, la dernière chose que j'avais vu avant qu'elle perde connaissance. Je la dévisage, le coeur serré et le regard perdu.. - Asia il faut que tu te repose pour l'instant. Que je balance sèchement, le seul moyen de camoufler ma peine de la voir dans cet état là. - Je t'expliquerais quand tu iras mieux.. Malgré qu'égoïstement j'aimerais lui mentir, lui dire qu'elle seulement trop bu et s'est battue avec une pauvre fille.. Lui inventer toute une histoire pour ne pas qu'elle se rappelle.

Elle essayait de se souvenir mais elle n'y parvenait, comme si son esprit était obstrué. Saleté de cerveau qui déconne comme toujours, qui ne fait jamais ce qu'elle veut. Ce n'est pas cette douleur immense qui la fait paniquer mais le fait d'être dans l'ignorance la plus totale, mais aussi de voir la pitié dans les yeux d'Hippo. Elle a beau être son amie, elle n'apprécie pas se montrer faible aux yeux de quiconque. La blonde a visiblement envie de te briser les os de la main, à croire qu'elle est plus effrayée que l'italienne et elle s'en veut pour ça. Elle la supplie de mettre fin à son supplice, de tout lui balancer et tant pis si elle n'accepte pas la vérité. C'est toujours mieux que de rester dans le noir le plus complet. Mais non elle reste muette, évite le sujet comme si la brune n'était pas capable de l'entendre. Autant dire que ça l'horripile plus qu'autre chose." Je n'arriverai jamais à dormir ici. " S'endormir dans un hopital c'est risqué de ne jamais se réveiller. Elle n'a pas confiance en ce lieu." Hippo, je t'en supplie, jamais je n'irai bien si je n'ai connaissance de rien. " Son corps s'en remettra mais pour que son esprit guérisse il faut qu'elle sache l'origine de son mal, aussi difficile cela soit-il à entendre.

Asia était dans l'ignorance totale, elle ne se souvenait de rien visiblement et était en train de me demander des comptes. De tout lui raconter.. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, j'avais peur d'aggraver son cas en lui racontant ce qui avait pu se passer ce soir là. Moi-même j'étais encore sous le choc, je ne savais même pas comment j'avais pu réussir à faire le nécessaire sur le coup tellement j'étais en état de choc de la voir dans cet état là. Elle s'en est sortie, maintenant qu'elle est réveillée, que je peux à nouveau entendre sa voix, j'en ai la confirmation. Elle me supplie de tout lui dire, et je ne cesse de la regarder alors que ma main serre sûrement un peu trop fort la sienne sans m'en rendre compte. - Tu pourras dormir chez moi si tu veux.. Que je lui propose. Asia n'était pas n'importe qui, elle ne faisait pas partie de ces connaissances que je pouvais bien côtoyer pour faire "bonne figure". Non, elle compte réellement, et rare sont ceux qui sont dans cette case. - Asia.. Je secoue la tête, me mordant la lèvre comme pour m'empêcher de tout lui révéler. Ma main se délie de la sienne, je recule légèrement alors que mes yeux fixe la porte face à moi. - D'accord. Okay. Tu sauras tout si c'est ce que tu veux, je vais tout te dire. - J'étais sur la route pour rentrer quand.. Je me bloque, la scène me revenant en tête une énième fois. - Je t'ai vu sur ce gravier, seule, sans défense.. Autour de toi une bande de mecs, je ne me souvient plus de leur visage. Ils avaient tous le même, celui de la lâcheté. - Ils t'ont frappés, encore et encore jusqu'à te laisser limite pour morte.. Et je suis arrivé, trop tard pour les empêcher de te faire subir tout ça. Je serrais les dents. Je m'en voulais, je m'en voulais de ne pas être arrivé plus tôt.

Malgré cette douleur insoutenable, elle n'avait qu'une seule envie, sortir et partir loin d'ici mais vu l'état de son corps, elle savait pertinnement qu'aucun médecin ne l'autoriserait à sortir. Pourtant elle était bien capable de se débrouiller toute seule, elle le faisait depuis toute petite. Elle pouvait se gérer elle même peu importe la situation dans laquelle elle se trouvait sauf que son amie refusait de lui expliquer le pourquoi du comment, de comprendre. Elle espérait vivement ne pas avoir mal agi encore. Ce n'est pas parce qu'elle aime se perdre dans la souffrance qu'elle a envie de la tester tous les jours. Ael lui faisait déjà vivre un enfer, c'était bien suffisant non. Du regard elle implorait Hippo. Son amie se devait d'être honnête avec elle sinon elle ne lui pardonnerait pas. La blonde finissait par capituler enfin. Asia se contentait de fermer les yeux, sans doute pour plonger dans son subconscient, revivre cette scène qu'elle lui décrivait. C'était flou et pourtant elle se revoyait au sol, et l'odeur du sang qui lui donnait mal au crane. Morte. Elle l'était depuis longtemps de toute façon. Au final, ces hommes s'étaient contentés d'achever le travail. Peut qu'être Hippo aurait du la laisser crever. Ce n'est pas comme si elle allait manquer à beaucoup de monde." Tu n'as rien fait de mal Hippo. Je ne veux pas que tu culpabilises. " Elle n'avait pas le droit." Je m'en remettrai. Je vivrai avec ça. " Ce n'est qu'une blessure de plus à son palmarès déjà bien long.