H. BANE MCERMERSON ► miley cyrus

Je sais que tu ne me connais pas, et que je ne te connais pas. C’est clair. Je ne suis sans doute pas la fille dont tu aurais rêvé, je ne suis d’ailleurs sans doute pas celle dont n’importe quels parents auraient voulus. Mais je tenais à t’écrire cette lettre qui se dissoudra dans la mer par la suite. J’écris sans doute pour rien, ou alors, pour me défouler. J’écris surtout pour que quelqu’un m’entende. Mon père est formidable. Tu l’as bien choisie celui-là, car il est le meilleur d’entre tous. Il a vraiment essayé tu sais. Il a vraiment essayé de ne pas me montrer que tu lui manquais, mais apparemment il te retrouve dans chacun des traits de mon visage. Il dit même que je n’ai rien de lui, que tout t’est dû. Ça me rend heureuse de le croire parfois. J’ai l’impression que ça me rapproche de toi. Je ne sais pas comment, mais, c’est comme ça. J’aurais aimée te connaître, j’aurais aimé que tu sois là. Pour mon premier anniversaire, ou le septième, lorsque j’ai mis une robe de princesse avec le diadème, et qu’on a mangé des nouilles chinoises avec papa à la place d’un gâteau. Parce que oui, on est que tous les deux. Chaque année. Il n’a jamais trouvé personne d’autre, et vos familles nous ont tournées le dos plus ou moins. Selon lui, ils n’ont pas supporté le fait que tu sois morte, et ils ont essayés de lui mettre ça sur le dos. Selon moi, on est mieux comme ça. Je sais que tu sais que je fume aujourd’hui. Parce que tu dois me regarder de là-haut. Je sais que tu sais comment tout a commencé. Cette cigarette perdue entre mes lèvres devant l’école, la fumée sortant de ma bouche avant de m’étouffer. C’était catastrophique, on l’avouera. Mais qu’importe, j’ai tout de suite aimée ça. J’ai tout de suite aimée la rébellion qui se cachait derrière cet acte bordélique. Depuis, je suis accro. Je suis accro dans le sens où si je suis énervée, fatigué ou simplement stressée, j’ai une cigarette entre les lèvres. Je ne peux pas m’en séparer. Et je ne te parle même pas des autres substances. L’alcool est devenu mon meilleur ami. À chaque fois que je bois je me fais une mission de finir la bouteille entièrement. Je n’arrive pas à simplement boire un verre, j’ai besoin d’en avoir toujours plus. Je n’en ai jamais assez. Je sais, je suis désolante, je suis même stupide sur les bords, mais au moins je me livre pour une fois dans ma vie. Ça ne m’arrive jamais d’ordinaire. Je ne parle à personne de mes problèmes personnels, et encore moins des viols que j’ai vécu. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi tu ne m’as pas protégé ces jours-là. Je ne comprends pas pourquoi je me suis retrouvée seule face à ces hommes. Où étais-tu maman ? Je ne faisais que penser à toi, mais aussi à papa. Je me demandais si vous m’aimeriez quoi qu’il advienne, quoi que je dise ou fasse après ça, ou si vous me tourneriez le dos. Au final, papa était plus horrifier qu’autre chose, et j’ai dû suivre des visites chez le psychologue pour lui faire plaisir. Je ne me sentais pas mieux après m’être confié à ce pur inconnu. J’avais seulement besoin d’en parler avec l’homme qui m’avait élevé, mais c’était trop pour lui. Il avait mal à chaque fois que j’essayais d’entamer le sujet. Il avait mal quand il voyait les bleus. Que ce soit la première ou la seconde fois. Papa n’a jamais été très doué pour me réconforter. Disons qu’il était plus du style à me laisser le guider plutôt que le contraire. Mais je l’aime quand même tu sais. Il est parfait quoi qu’il fasse. D’ailleurs, je dois t’annoncer quelque chose. Quelque chose dont même lui ne croyais pas l’existence au départ. Il m’avait traité de petite coquine aux blagues farfelues. Sauf que non, je disais la vérité. J’ai été acceptée à Harvard maman. Comme toi. Je suis étudiante à Harvard. J’espère que ça te fait plaisir, et que de l’endroit d’où tu me regardes, tu souries. Car moi, je ne fais que ça depuis que j’ai reçu ma lettre d’acceptation. J’irais dans une confrérie, tu verras. Et je m’en sortirais, promis. Bref, j’espère que je ne suis pas une totale déception. Je t’aime, de ta fille, Bane.