ALICE SACHS ► marie avgeropoulos.

ELIOT.
Alice ne se verrait pas student, elle a besoin d'un groupe soudé où elle se retrouve au niveau des valeurs défendues. Elle n'ira jamais dire qu'elle ne veut pas se retrouver seule et avouer qu'elle a besoin des autres, pourtant c'est le cas. C'est avec ce besoin constant d'être aimé par un maximum de gens qu'Alice utilise toutes ses qualités, y compris parfois celle de la manipulation. Pourquoi la maison Eliot lui irait-elle ? Premièrement parce qu'elle est comme beaucoup ici issue d'une famille très aisée, elle ne s'en cache pas et n'en a pas honte. Alice prend très à coeur le fait de garder sa réputation intacte, voilà sans doute aussi pourquoi elle se plairait chez les Eliot. Enfin, lorsque la jeune femme désire quelque chose, elle ne recule devant rien pour l'obtenir.

CABOT.
Lors de son arrivée à Harvard, Alice a d'abord été abordée par une Cabot faisant l'éloge de sa maison. Le fait de rejoindre un groupe lié exclusivement composé de femmes n'a pas effrayé Alice, au contraire elle avait déjà entendu parler de cette maison à la réputation forte. Fière de sa condition de femme, Alice se retrouve dans les valeurs défendues par les Cabots. Féminine et solidaire envers son sexe, la jeune femme s’intégrerait sans doute sans aucune difficulté et pourrait pourquoi pas, en prendre un jour le leadership ?

This is your story

tell us everything

STORY OF MY LIFE

Avril 2009 - NYC.

Alice lisait depuis bientôt une heure lorsque des éclats de voix familières perturbèrent son activité. À en juger par le ton de ces dernières, Melchior était à l’origine de tout ce remue ménage. Elle ferma 20 000 lieux sous les mers et sauta du lit pour rejoindre son frère. Maggie ainsi que nos grands parents étaient à ses trousses et paraissaient furieux. Qu’avait-il encore fait ? Melchior n’était pas du genre à s’attirer de gros ennuis, mais il avait tendance à faire certaines choses pour attirer l’attention des gens. Du moins c’était l’avis d’Alice. Ils étaient tous dans la cuisine, les voix s’étaient calmés. Melchior était planté là, une enveloppe dans les mains. “Faites que ce soit … “ pensa-t-elle sans trop le vouloir. Lorsque ses doigts brisèrent la tranche de papier, le cœur des jumeaux battait à tout rompre. Ils attendaient ça depuis toujours et leurs parents auraient été profondément déçus s’ils avaient par malheur échoué aux tests d’entrée pour la prestigieuse université d’Harvard. Le regard de la jeune femme se plongea dans celui de son frère et aucun son n’eut besoin de sortir de sa bouche, elle avait compris. Elle l’avait toujours compris.

-------------------------------------

Jamais Alice ne s’était sentie aussi complète qu’à Harvard. Elle avait bien souvent trouvé la maison de New York trop grande, trop vide pour deux enfants et leur gouvernante. Non, l’amour n’avait pas manqué, l’attention non plus ; Maggie était bien trop prévenante pour que cela ait été le cas. Malgré toutes les bonnes intentions de cette femme aux mains si douces et au parfum de pomme, Alice manquait de son sang. Sa mère, son père. Ils travaillaient trop, ils le savaient et lui expliquaient pourquoi. Elle comprenait, mais au fond d’elle la jalousie la rongeait bien souvent. Elle faisait tomber un vase, arrachait les cheveux de sa poupée. Elle retrouvait son calme et s’excusait mais ne mettait jamais aucun mot sur ses colères. Melchior était là lui aussi mais leur lien les surpassait souvent. On les retrouvaient ensemble mais eux profitaient de ce temps pour se chercher des noises à longueur de journée. Avec le temps, ça leur est bien sûr passé.

Harvard donc, a toujours été la bouffée d’oxygène de la jeune femme. Ce lieu d’études lui était cher de par sa symbolique. Elle avait toujours voulu se rapprocher d’un manière ou d’un autre de son père et c’était ici qu’il avait suivi la plus grande partie de sa scolarité. Tel un exemple, elle le suivait en mettant tout son coeur dans ses études. L’ambiance de cette université lui permettait de s’évader. Elle aimait avoir du monde autour d’elle, se sentir aimée. Ici, elle était servie et ne pouvait s’empêcher de toujours chercher à élargir ses relations sociales. Loin d'être une manipulatrice sans coeur, elle ne supportait tout simplement pas le fait d’être seule. Vous trouvez ça triste ? On cherche pourtant tous à combler nos carences, qu’elles soient alimentaires ou affectives.

------------------------------------

Juillet 2016 - Cambridge.

Alice faisait sa séance habituelle de sport en salle lorsque son téléphone afficha le numéro de Maggie, sa gouvernante. Lorsqu’elle l'appelait, c’était généralement le soir car les journées de la jeune femme étaient assez bondées. L’heure de cet appel lui fit donc comprendre qu’il y avait un problème. Inquiète, cette dernière décrocha le plus vite possible et n’arriva pas à placer deux mots tellement Maggie avait un débit de parole important. Melchior. Il lui était arrivé quelque chose, un accident. Elle n’avait pas perdu une minute et avait débarqué dans l’hôpital non sans hésiter quelques instants. Elle détestait cet endroit. Non pas qu’elle ait pu le visiter souvent… mais l’odeur et l’ambiance qui s’en dégageaient lui donnaient la nausée. Il s’en était finalement pas trop mal tiré et c’est deux jours plus tard qu’elle put le revoir marcher (c’est un grand mot) avec les deux jambes plâtrées. Elle lui avait bien sûr fait la morale, pour une fois que c’était son tour ! Mais au fond d’elle, le soulagement était là. Il était son tout et le perdre lui donnerait sans doute l’occasion de se perdre elle-même.

(Invité)