subtile hasard (edgar)

Tu quittais le département neurologique de cet hôpital en cet après-midi. C’était sûr à quatre-vingt-dix pour cent, tu finiras interne ici dès la rentrée prochaine. Ravi tu l’étais, et tu espérais surtout ne pas avoir à regretter ton choix. Bon sang, Halstead, tu n’avais pas mis les pieds dans tout ça par vocation, toi. Non, c’était par forcing du destin, par mauvais esprit de revanche, par besoin de t’accomplir, et de pouvoir snober ton passé. Quoiqu’il en soit, tu avais bien fini par y prendre goût avec le temps ! Regarde-toi, tu t’apprêtais à devenir neurologue uniquement parce que la mère de Patty, cette presque mère pour toi, avait un parkinson couplé à une maladie d’Alzheimer. T’apprêtant à rentrer à l’appartement, tu semblais reconnaître le frère de Bambi. Fabio ! L'avais-tu interpellé pour attirer son attention. Oui, bizarrement tu n’avais pas cessé de l’appeler ainsi. Edgar ? faut dire que tu n’entendais jamais ce prénom dans la bouche de ta chérie sans compter que les présentations ne s'étaient pas faites ainsi.  Qu’est-ce que tu fais là ? Ton regard très vite posé à sa carrure, à son épaule, tu ajoutais. Hé.. mais t’es blessé ?! Surpris ? Oui pas faux.

L'hôpital t'avait gardé la nuit entière afin que les médecins s'assurent qu'il n'y avait aucune complication d'ordre neurologique dû au choc que tu avais subi. Ainsi, en début d'après midi, tu avais pu être libéré de cette surveillance.
Dorénavant, il fallait que tu règles quelques papiers administratifs avant de pouvoir quitter cet endroit grouillant de maladies en tout genre. Alors que tu délivrais tes papiers d'assurance à une demoiselle derrière son ordinateur, quelqu'un te sortit de ton attente en t'appelant par ton vrai prénom. Tu étais surpris car depuis ton arrivée aux États-Unis, tu étais Edgar et non Fabio. Qu'une poignée de gens t'appelait encore Fabio, soit c'était Bambi, tes parents ou encore Evie lorsqu'elle était gravement en colère.. Hors, cette voix était pratiquement inconnue et surtout masculine. Par réflexe, tu t'étais retourné pour identifier cette personne qui paraissait te connaître et là, tu avais aperçu Ciaràn et sa gueule d'ange. Tu avais soupiré discrètement avant d'offrir un sourire courtois au petit ami de ta soeur. Tu lui avais promis, plus de bagarres ! Le jeune homme avait été attiré par ton attèle à l'épaule, suscitant ainsi son intérêt pour la cause de cette blessure.
— " Tu es très observateur, je suis effectivement blessé. " lui avais-tu adressé en récupérant tes papiers, l'air faussement agacé.
— " Un camion m'a renversé sur le Longfellow Bridge. Je m'en sors plutôt bien... Le pire c'est la côte fêlée. " lui avais-tu confié en galérant pour enfoncer ton portefeuille dans la poche de ton jean. Ciaràn tombait à pic car tu ignorais encore comment tu allais t'en sortir pour regagner ton appartement.
— " Bambi m'a dit que tu bossais en neurologie. Tu as fini ton service ? " lui avais-tu demandé en saluant la femme derrière son bureau et en emboitant le pas vers la sortie.

Surpris, bien qu'à l'évidence blessure il y avait, tu pensais forcément à Bambi, qui devait sûrement ignoré tout ça. Elle t'en aurait parlé sinon, non ? Surtout qu'elle savait que tu serais à l'hôpital aujourd'hui. Aucun doute tu étais observateur ! Fronçant les sourcils en apprenant le détail de tout cette mésaventure, tu finissais par demander. Quand est-ce que c'est arrivé ? Tu n'en doutais plus, ta chérie n'en savait rien. Après tout, vous étiez colocataires, en plus d'être un couple. Tu aurais su si elle était au courant, et surtout Fabio ne serait pas seul à cet instant. Oui, je m'apprêtais à rentrer. T'as besoin d'un chauffeur, peut-être ? Certainement, oui. Tu le savais avec Fabio ça avait début de manière assez compliquée. Il s'était méfié et il avait raison, puis il t'avait fait confiance en te racontant le passé de Bambi, et aujourd'hui ça semblait se tasser, s'apaiser. J'imagine que Bambi n'est pas au courant ? Quittant l'hôpital avec le frère de cette dernière, tu te dirigeais vers le parking avec lui.

Ta vie personnelle était en piteuse, ton physique partait en lambeaux, tu vivais un à présent un véritable naufrage. Il fallait en plus que tu croises le petit ami de ta soeur avec qui les débuts n'avaient pas été cordiaux. Toutefois, tu finis par écarter ta rancune et à échanger avec lui. Il avait une bonne bouille et semblait lui aussi faire des efforts. De plus, depuis une longue discussion à propos de Bambi, tout était rentré dans l'ordre entre vous. Et puis, un peu de masculinité dans ton entourage cent pour cent féminin ne te ferait pas de mal.
— " C'est arrivé avant-hier... " lui confias-tu avant de te renseigner sur ses futures activités. Ainsi, tu appris qu'il rentrait lui aussi, une aubaine pour un nouvel handicapé.
— " Ouais. Bon, je t'avoue que je ne suis pas à l'aise de remonter dans une voiture après l'accident, mais je suis bien obligé. Tu m'amènes bouffer un bout ? La nourriture là-dedans est DÉ-GUEU-LA-SSE. " finis-tu par déclarer en te dirigeant vers la sortie aux côtés du beau Ciaràn.
Alors que tu respirais de nouveau l'air frais, le brun te questionna sur Bambi. Marchant comme un zombie en direction du parking, tu lui répondis sans mentir mais mal à l'aise.
— " Non elle ne sait pas et je ne veux pas l'inquiéter avec ça, puis tu vois bien, je suis vivant malgré ma démarche de pochetron. Je devrais postuler au casting de The Walking Dead sérieux " plainsantais-tu pour essayer de changer la direction de cette discussion.

Nul doute, ta chérie n'était pas au courant, surtout maintenant que tu savais que ça remontais à avant-hier. Tu marchais simplement avec Fabio direction ta voiture quand ce dernier te confiait ne pas être des plus emballés à l'idée de remonter dans une voiture, ce qui, il fallait le reconnaître était compréhensible. On dirait que tu n'vas pas avoir d'autres choix que de me faire confiance. Pique ? Non. Simple petit clin d'oeil. Après tout, il n'y avait pas de quoi s'en cacher. Il y avait ce petit côté méfiance à votre rencontre, et toi, tu avais fini par comprendre la raison de cette tension quand le bel italien t'avait confié le passé de Bambi. Qu'est-ce qui te fait envie ? As-tu demandé en ouvrant la portière passager pour le frère de ta petite amie. Galant ! Ou plutôt prévenant surtout. De ton côté, bien que tu avais un peu creux, tu osais te convaincre que tu n'aurais pas de mal à te calquer sur le choix du professeur. N'ayant pas pu retenir à léger rire en entendant Fabio, tu finissais ravi de constater qu'il n'en perdait pas un sens de l'humour certain bien que.. Et ça ne m'étonnerai pas que ta petite sœur ne soit pas cliente de ton humour ! Toi, qui te faisait souvent insulté gentiment d'idioto ! Mais tu te doutais qu'elle s'inquiéterait beaucoup trop, et tu comprenais Fabio sur ce coup.