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Jazmin et Jaysaël
La musique peut se passer du monde mais le monde ne peut pas se passer de la musique.
Le Do Ré Mi... On voit réellement que je ne suis pas dans mon assiette, sinon, je n'aurais jamais franchit les portes de ce bar chantant. Sérieusement, j'ai une tête à pousser la chansonnette autre part que sous ma douche ? J'ai jamais été un fin chanteur, je connais quelque parole de chanson, mais on m'a toujours dit que je chantais mal pour le peux que j'ai laissé entendre aux autres, alors le fait que je me trouve ici... C'est peut-être un moyen de fuir les habitudes, d'être sûr de ne pas me retrouver face aux autres étudiants que je connais ? Mes potes savent que ce genre d'endroit ne me tente pas, alors ils vont pas venir me chercher ici pour encore me rabâcher les oreilles que je dois aller parler à Oliver, que je me trompe à son sujet, qu'il a réellement rien fait avec Jonathan. Après tout, Jonathan est si gentil, puis il est en couple. Il n'est pas fourbe. La blague ! Jonathan est un Eliot, alors par définition, il est fourbe ! Les gens vont-ils comprendre cela à un moment j'en sais rien... Dans tout les cas, accoudé au bar, je fixe la demoiselle qui chante pour le moment, ma bière en main. Quitte à ne pas être normal, je devrais peut-être regarder la liste de chanson et voir pour en chanter une après ? Non ! Mauvaise idée, je me ravise rapidement, me retournant pour regarder le barman et oublier cette idée saugrenue que l'alcool que j'ai déjà bu depuis mon arrivée ici me fait avoir.
Rei©
(Invité)
Le chant, mon exutoire. A l’approche de l’anniversaire de Venezia, je dois m’avouer que je fais face à un coup de mou plutôt conséquent. Son deuxième anniversaire signifie également que pour la deuxième fois, son père ne sera pas là. Et le temps ne semble pas décidé à panser mes maux. Ces maux qui me frappent en pleine tête à chaque fois que je croise ses petits yeux. Elle ressemble tellement à son père et pourtant, je ne me verrais pas vivre sans elle. Je suppose que si je tiens bon, c’est grâce à elle. Uniquement grâce à elle. J’ai beau avoir du soutien de mes proches, de ma famille ; rien n’y fait. Ces sept années passées à ses côtés sont plus fortes que toutes les belles paroles que les gens me radotent chaque jour qui s’écoule. Et puis, j’en ai assez. Assez d’entendre dire que je mérite mieux que cet homme, que je dois aller de l’avant et me donner une chance de trouver l’amour, le vrai. Mais l’amour, celui avec un grand A, je l’avais. Et je l’ai perdu. Est-ce que je suis toujours censée y croire ? Au fond, je sais pertinemment que j’ai toujours l’espoir de me revoir un jour dans ses bras. Parce que toutes nos disputes se sont terminées sous les draps. A part celle-ci. La dispute de trop, sans doute. Et pourtant, la plus tendre qu’on a pu avoir en tant d’années. La douceur de Venezia nous a essoufflés tant on a succombé à ses petites joues rosées. La tête dans les nuages, alors que la prunelle de mes yeux doit être dans un sommeil profond à cette heure-ci, je foule le sol du Do Ré Mi. De quoi me vider l’esprit quelques heures, penser à autre chose et peut-être y retrouver un semblant de sourire. A quelques mètres du bar seulement, j’enfile une nouvelle fois ce sourire forcé qui orne chaque jour mon visage. C’est devenu une telle habitude que je n’y pense plus ; et je suis devenue plutôt douée pour faire croire à cette fausse joie de vivre. D’un regard, je balaye la salle et m’aperçois rapidement de la présence d’un être qui m’est cher. Jaysaël. Je racle ma gorge, m’apprêtant à m’approcher de lui, ça me permettra au moins de ne pas passer la soirée seule dans un coin. « Tu aurais pu me proposer de t’accompagner. » D’un réflexe, je dépose un baiser sur sa joue en guise de salutation alors que je finis par prendre place sur le tabouret à côté de lui. « Je suppose que je vais t’entendre chanter, ce soir ? Je t’accompagnerai, tu dois avoir le trac devant tant de monde. » Je souris, taquine. Je sais pertinemment qu’il ne l’aura pas, le trac, il ne m’a jamais semblé spécialement mal à l’aise dans une foule alors je suppose que ça devrait aller. Par contre, pour le chant, je suis loin d’être sûre de ce que j’avance. S’il est là comme beaucoup, il profite uniquement du bar et des talents – ou non – des chanteurs en herbe.